Un petit pays meconnu, glissé entre de grands voisins, la Tanzanie, la Zambie et surtout le Mozambique dans lequel il s’enfonce profondément. On l’appelle le « cœur chaud de l’Afrique ». Ce pays a eu une histoire politique compliquée après les trente années de règne de Banda, autoproclamé président à vie qui n’est pas parvenu à mourir dans l'exercice de sa fonction ! Dictature d’un seul homme, d’un culte de la personnalité démesuré, démentiel, de type nord-coréen. Il démissionne en 1997 à 97ans, pour cause de maladie.
Le Malawi est l’antithèse de l’image négative de l’Afrique solidement ancrée dans l’imaginaire de la plupart des blancs. C’est un pays pacifique, (ses habitants aiment dire qu’ils sont très “peaceful”), qui n’a pas connu un seul conflit armé depuis son indépendance, et qui a vu plusieurs transitions politiques, toutes pacifiques. En 2014, le Malawi a connu sa 4 ème transition depuis Banda. C’est un pays boudé des français, il n’y a plus d’ambassade de France depuis des années, l’Alliance Française n’existe plus et le Centre Culturel Français de Blantyre a été vendu et transformé en élevage de poules ! En revanche, les Anglais et Américains sont bien présents. Pourtant, il fait bon y séjourner, ne serait-ce que pour la gentillesse de ses habitants, toujours calmes, chaleureux, accueillants. Nous sommes étonnés de la pauvreté dans les campagnes, on voit des gosses en guenilles, et sur les marchés, on ne trouve pas grand-chose, à part des tomates.
Nous arrivons dans le pays par le Nord et photographions cette enseigne qui renseigne immédiatement sur l’état sanitaire du pays.
Puis, nous roulons au bord du lac, un beau et immense lac, quasi une mer intérieure, il couvre un cinquième du territoire. Nous passons une nuit au bord du lac. Toute cette eau à 30 degrés qui nous regarde et dans laquelle ne tremperons pas un doigt de pied, par crainte de devenir jaune citron et de vomir du sang noir, signe de contamination de la bilharziose. Mais c’est vraiment un lac magnifique, entouré des monts Livingstone en l’honneur de celui qui découvrit cette région au début du siècle. Il prend la couleur du ciel et les vagues peuvent étonner par leur vigueur.
Alentour, ce sont villages de bric et de broc qui ne respirent pas la richesse.
Faisons ensuite un détour par Livingstonia et passons 2 nuits fort agréables dans les hauteurs, dans un camping écolo dominant le lac
Aime Zouzou.
Mzuzu, c’est la 2 ème ville du pays, une ville moderne qui ne cesse de s’étendre. Construite en altitude, elle offre au visiteur une fraîcheur relative, après la fournaise du bord du lac. C’est là que nous voyons nos premiers vélos taxis, ou plutôt que nous les identifions comme tels. Certains Malawites gagnent leur vie grâce à ces fameux kabazas, des vélos avec un siège bien rembourré sur le porte bagages, sur lequel s’installe le passager. Il y a quelques années, la pénurie d’essence a permis aux vélos-taxis de s’imposer. En plus d’être épargnés par la crise, ils permettent d’atteindre des zones rurales très pauvres, où 40% de la population vit avec moins d’un dollar par jour. Il est utilisé fréquemment pour transporter les patients et les femmes enceintes du village à l’hôpital. Au Malawi, dans les zones rurales, la distance moyenne d’un village au centre de santé est de 13 km, et généralement, les gens doivent faire le trajet à pied.
Un peu lourde, et la route monte, il fait descendre la passagère !
Le vélo.
Le vélo rivalise avec les voitures ou les motos que peu peuvent se payer. Il est omniprésent, Il permet de transporter des matériaux, les sacs de grains ou le bois.
En quittant Mzuzu par une route bien accidentée, nous traversons des plantations de pins et croisons plusieurs de ces vélos avec des charges impressionnantes. On a l’air de mickeys avec nos sacoches.
Et je vous promets que les routes ne font pas semblant de grimper !!
En promenade dans une plantation de pins
Esther, travaille dur pour nourrir ses 7 enfants, son mari est plus accro à la boisson qu'au travail
Une seance de brulis qui a mal tourné
Pour changer un peu du goudron, nous décidons de prendre une piste indiquée sur la carte mais qui ne mentionne pas de village. A notre grande surprise, nous arrivons dans un village relativement important qui héberge une mission qui date de l’époque de Livingstone, avec hôpital, école, guest house. Ce sont les Ecossais qui ont construit cet ensemble dans les années 1890 et actuellement ce sont des médecins américains qui s’en occupent. Ils ont fort à faire, bilharziose, sida, malaria….
Il nous reste une poignée de kwachas, on prévoit de les dépenser à la frontière, la piste ça donne soif et faim aussi. On prend le temps de s’arrêter pour manger des frites, avec un peu de chou. Si vous pensez que les africains ne mangent que du riz, c’est faux, je crois qu'ils mangent plus de frites que les belges. A chaque petit village, son petit stand de frites, plaque d'inox concave remplie d'huile, sur un feu de bois, c'est aussi simple que ça.
Conclusion :
Rouler au Malawi est agréable, le trafic motorisé est inexistant, on croise beaucoup de personnes qui marchent ou qui pédalent. Et à chaque fois, c’est un petit mot gentil, ou juste un sourire éclatant sur un beau visage d'ébène ! Qu'ils sont beaux, les Africains !
En harmonie avec la nature, avec les leurs, et les gens de passage. On a beaucoup de choses à apprendre d'eux, et en premier la joie de vivre, eux qui n'ont rien, ou si peu. Nous n’avons passé qu’une semaine au Malawi, et n’étant pas passés dans les endroits touristiques, avons été épargnés par les « give me money » de quelques gosses malappris qui sévissent dans les endroits où des blancs ( croyant bien faire....) ouvrent leur portefeuille à tout va et du coup leur apprennent à mendier (au lieu d’aller à l’école par exemple).