À partir de Dongola, 2 options se présentent : plein sud, vent de dos….et arrivée rapide à Khartoum, ou prendre la route qui traverse 500 kilomètresdu désert de Bayuda, et qui rallonge considérablement.
Nous avons du temps, notre choix est vite fait. Sur la carte, il n'y a qu’une ville marquée sur ce tronçon, Karima. C’est pour le moins un peu intimidant. Mais laissez nous vous raconter la première partie, de Dongola à Karima, 180 km.
Nous avons bien observé l’orientation de la route, ne sommes donc pas surpris de goûter au vent défavorable, de côté, voire contraire. Mais tout va bien, nous avançons tranquillement dans ce désert de toute beauté. À force de chercher le plus bel endroit pour camper, nous nous laissons surprendre par la nuit, et finissons sous le hangar d’Ali, que nous partageons avec ses canards. Il s'agit de la seule ferme du parcours. La loose totale, heureusement qu’Ali est sympa et qu’il a du bon thé délicatement parfumé. Au petit matin, nous repartons dans le vent. Nous ne nous ennuyons pas une seconde, sable, petites dunes, terrain rocailleux, platitude, petit relief, chameaux au loin, berger de près. C’est beau, mais ça souffle. Les distances défilent lentement, une pancarte chaque km nous rappellant à l’ordre : avance et tais toi, tu n'es pas encore arrivée. Putain de vent de côté. Non, pas de face maintenant. Si, de face. Encore 75 km pour Karima, mince, on risque de ne pas dormir dans un lit ce soir. Tais toi, tu l’as voulu ce désert, alors pédale, appuie sur tes pédales. Et puis, après un long combat, voici la pancarte 15 km, et de surcroît la route qui s’infléchit dans le bon sens, vent de dos. Youpi, le bon lit et la douche se rapprochent, c'est tout bon.
Et bien non, au dernier moment, changement de programme, nous décidons de nous poser là, pour profiter des étoiles. La chambre est immense, confortable….mais il n’y a pas d’eau dans la douche ce soir.
Au petit matin, en observant le sol, nous voyons qu'une voiture est passée tout près de notre tente dans la nuit. Ni l'un ni l'autre n'avons entendu.
Karima (la généreuse) : laissons opérer la magie !
Nous visitons un premier hôtel, non, pitié, pas ça, pas une cellule poussiéreuse après le désert. Puis un second, la classe, mais à un prix débile. Tiens, et si on demandait là, ça a l’air neuf et il y a vue sur les pyramides. C’est neuf, mais il y a du bazar partout, ce n’est pas encore ouvert. « Vous voulez dormir là ? Ma foi, vous serez les 1ers clients » se réjouit Moubarak. « la douche de la chambre ne fonctionne pas, vous vous doucherez chez moi. Et puis, vous me donnerez des idées pour mon hôtel. » Ah, pour sûr qu’on va te donner des idées, des idées de nettoyage pour commencer !! Bref, le ton est donné, et ça passe super bien avec toute l’équipe de bras cassés qui traîne par là. Nous distribuons quelques tâches (hips…) et partons en ville. N’empêche que quand nous rentrons, bien du boulot a été fait, déchets ramassés, poubelles brûlées, la tondeuse à gazon a même été sortie, mais il manque la batterie. Du coup, maintenant que c’est à peu près nettoyé, nous proposons à Moubarak de faire un mini camping pour cyclo voyageurs et en 2 temps, 3 mouvements, nous lui trouvons ses premiers clients. Ah, internet a du bon. Nous resterons 3 jours, chouette ambiance, visite des environs, El Kurru avec ses tombes royales, et les pyramides de Nuri.
Nous passons surtout pas mal de temps sur le site du Djebel Barkal, et grimperons 2 fois au sommet de cette montagne sacrée pour le plaisir de redescendre dans le sable.
A son pied, les pyramides méroïtiques de la nécropole royale des pharaons noirs. Ce lieu était la capitale du pharaon noir Taharqa, un roi ambitieux qui avait réussi à conquérir l’Egypte à une époque où le royaume de Napata dominait la vallée du Nil (-900 a -270 av j.c)
Au pied des pyramides, le cimetière musulman actuel, à croire que ce lieu est plaisant pour les morts.