• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Un chameau dans notre assiette.

Commence donc la traversée en vélo de la Mauritanie, avec une étape dans le village de Bou Lanouar où nous passons la nuit à l'auberge. Il y a beaucoup de monde et d'agitation, les gens viennent de loin pour les élections municipales de demain. Un type entre dans l'auberge avec de grands couteaux et les mains pleines de sang, il vient de zigouiller un chameau là devant la porte, il a balancé la tête avec le cou sanguinolent dans la caisse du pick up, c'est très impressionnant de voir un cou de chameau sans le corps, juste ce cou avec la tête à un bout ...... Là devant la porte, il y a de la viande partout, dans des bassines, sur du journal, par terre, c'est dègue....Quand on demande à l'aubergiste le menu du soir, il nous annonce fièrement que ce soir, c'est chameau pour tout le monde !

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Le lendemain, nous circulons dans un paysage de pauvre steppe, avec quelques mini buissons chétifs. Le soleil est fort, il n'y a pas d'ombre, mais c'est plat, nous arrivons facilement au poste de gendarmerie où nous sommes attendus « pour notre sécurité » et installés dans une petite maisonnette sommaire mais plutôt mignonne dans son genre.

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Le « village » n'est que cabanes de tôles et de toile, l'ambiance est bonne, un chamelier nous offre du lait de chamelle et nous invite à assister à la traite le lendemain à 8 h. En face de notre maison se tient un petit gourbi où Ibou fait du thé et un peu de cuisine, nous prenons notre repas assis sur une natte, à coté de 2 femmes vautrées sur des coussins et qui se tapent un énorme plat de viande. Les 2 nanas dévorent avec grand plaisir, elles sont grasses comme tout, mais en Mauritanie, c'est un critère de beauté. Dans les campagnes, les jeunes filles sont carrément gavées. On nous a raconté que parfois on leur donnait des hormones pour les chamelles pour leur faire prendre plus de poids. Un truc marrant aussi : en Mauritanie, ce n'est pas une tare du tout, pour une femme d'être divorcée. Bien au contraire, les hommes apprécient particulièrement les femmes ayant eu plusieurs maris. A Nouadhibou, nous étions dans un taxi et le chauffeur Baba draguait une passagère plutôt jolie et assez jeune. Quand elle est descendue, il nous a raconté qu'il aimerait l'épouser car elle avait déjà été mariée 5 fois. Retenez bien ce nom, Baba, car nous vous en reparlerons plus tard. La nuit est bonne dans la petite maison qui n'a pas de serrure, cela ne nous empêche pas de dormir bien tranquillement. Malheureusement, le matin, quand nous nous pointons chez le chamelier, à 8 h pétantes, la traite est terminée, on ne s'est manifestement pas compris sur l'horaire, mais on a droit à nouveau à un grand bol de lait. Il paraît que ce lait est très bon à la santé, nourrissant et pauvre en cholestérol, et qu'avec ça, les femmes attrapent de grosses fesses, au secours !

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Bip bip, Kay kay !

Lorsque nous quittons ce petit village de bric et de broc, le vent est déjà bien fort, et de face. Cela ne nous effraie pas trop, l'étape prévue est courte, 68 km seulement. Mais la partie ne s'engage pas trop bien, le vent forcit, les bourrasques deviennent très déséquilibrantes, nous poussons fort sur les pédales, nous aimerions arriver ce soir dans un lieu appelé « gare du nord ». Le paysage est joli, des touffes d'herbe au milieu du sable orangé, à la vitesse où on roule, on a le temps d'en profiter, mais tout à coup, le ciel devient jaune laiteux et le sable qui jusque là se contentait de défiler à toute allure sur la route se met à voler dans tous les sens, nous en prenons plein la tête. Nous sommes maintenant enveloppés par des tourbillons de sable et la visibilité est tellement réduite que nous ne savons que faire. Comme il n'y a rien au bord de la route pour nous abriter, nous continuons. Le vent de sable finit par se calmer et c'est avec grande satisfaction que nous nous retrouvons devant la fameuse gare du nord.

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La partie n'était pas gagnée, mais au final nous terminons l'étape sous le soleil du soir et dans le calme, nous dormirons un peu plus loin, près du poste de gendarmerie, le vent a fermé boutique, mais la rouvrira au petit matin.

Notre ennemi nous fera encore des siennes les jours suivants, pas une seule fois nous l'aurons de dos, ce vent ne se calmera jamais avant notre arrivée à Nouakchott, atteinte après 3 étapes supplémentaires, au lieu des 2 prévues initialement. Mais nous ne regrettons pas de circuler en vélo car cette route est un enchantement, peu de circulation, décor de rêve, désert emblématique avec dunes, quelques tentes rondes et blanches posées ci et là, comme de petits chapiteaux de cirque.

Un soir on s'arrête dans une de ces tentes du bord de route, un poteau central planté dans le sable, quelques chèvres, et un accueil saharien, simple et réconfortant. Fatimatou nous propose d'emblée les 3 thés de bienvenue, puis du yaourt dans une calebasse. Le lait a été battu dans une espèce de besace en peau chèvre. On se regarde, on hésite, veut on vraiment s'assurer la courante du siècle ? Ne voulant pas faire mauvaise figure, nous buvons, d'abord du bout des lèvres, c'est bon au goût déjà... Le soir, rebelote, même grand moment de solitude quand nous piochons avec les mains du riz gras dans un grand plat, avec toute la tribu. Mais quel plaisir d’être enfin à l’abri du vent dont les rafales font claquer la toile épaisse de la tente. S'ensuit à nouveau la cérémonie des trois thés, et une bonne nuit vient couronner le tout. Et sans aller retours aux toilettes !

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La cabane au fond du jardin !

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Vous reprendrez bien un peu de désert ? 

Maintenant nous roulons dans un poster, dans le royaume des sables couleur tuiles provençales, d’abord de vagues bosses puis progressivement de véritables dunes bornent les côtés de la route.

C'est magique, sans ce vent ce vent qui hurle dans nos oreilles et nous use, ce serait le pied total ! La route longe l'océan mais on ne le voit pas, il est trop en retrait. Ce soir, nous comprenons que nous nous en rapprochons car nous arrivons dans un campement pompeusement appelé « auberge » avec quelques petites maisons en dur et des femmes qui nettoient des poissons, assises dans le sable. On boit un coup et Mata nous propose de visiter une maison. Nous avons envie de rester car elle est sympa et nous promet un bon plat de poissons pour ce soir, 24 décembre.

mata

ma

revei

Le réveillon de noel, dans notre palace !

Nous demandons au conducteur d'une voiture qui passe de signaler notre présence au prochain poste de gendarmerie qui se trouve à une quinzaine de kil, car s'ils ne nous voient pas arriver, ils sont capables de venir nous chercher....(on sait que c'est déjà arrivé à des cyclistes...)

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Les locaux de l'équipe ! 

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Vers Tioulit, l'océan est proche, nous nous écartons de la route principale et prenons le temps d'aller visiter un village de pêcheurs.

La suite du parcours n'est pas terrible, jusqu'à Nouakchott. Heureusement l'auberge Sahara se trouve à l'entrée de la ville ce qui nous évite de circuler en vélo dans ce capharnaüm.

Et voici le petit montage vidéo, désolés, la qualité n'est pas au top, ça bouge ,parce que plusieurs séquences ont été tournées en roulant