Petit retour en Alaska.... La route 37a traverse Stewart, la dernière ville de British Colombia, à l'extrémité du canal de Portland, un fjord étroit de plus de 150 km de long. C'est une jolie petite ville quadrillée par des rues bordées de petites maisons en bois, plutôt bien entretenues. A 3 km de la sortie du village, sans prévenir, le macadam disparaît et on se retrouve dans une espèce de rue aux constructions délabrées.
C'est donc ça Hyder, on est vraiment en Alaska ? Pas de douane ni de poste frontière pour rentrer dans ce petit morceau d'USA perdu (mais il y en a une pour revenir au Canada). Une impression de pauvreté se dégage, les façades sont plus que défraîchies, des épaves de voitures achèvent de rouiller à côté des maisons, un commerce miteux annonce des prix détaxés, plus loin une dizaine de caravanes et de camping-car sont alignés sur une sorte de terrain vague... Une constante : des petits drapeaux américains flottent partout.
Nous avons failli arriver ici le 16 Juillet, en vélo, mais nous avons eu l'accident juste avant d'arriver, à 80 km de là. Alors,nous avons eu un premier contact avec Stewat, mais en ambulance, et nous n'avons vu que l'hopital. Trop frustrés, nous avons décidé d'y revenir,1 mois plus tard, en voiture de location.
Alors, pourquoi vient on à Hyder ? Pouquoi faire des centaines, voire des milliers de km pour venir à Hyder ?
La rivière qui traverse Hyder est d'une clarté remarquable. Nous ne verrons malheureusement pas, plus loin, le glacier qui lui donne naissance car la route a été coupée. Les saumons remontent la rivière pour déposer leurs oeufs, et les ours, amateurs de saumons viennent y pêcher à l'aube et au crépuscule. Pour permettre l'observation des ours en toute sécurité, une solide passerelle a été installée, sans escaliers, on a pensé aux handicapés, c'est bien. Des gardes forestiers américains sont là pour assurer la sécurité des visiteurs. Ils tiennent un registre dans lequel ils consignent leurs observations quotidiennes et notent, heure par heure, non seulement le nombre d'ours mais aussi le nombre de touristes. Évidemment, beaucoup plus de touristes que d'ours ! La semaine dernière il y en avait davantage, mais ils ont du bouffer trop de saumons, et maintenant, ils roupillent dans la forêt.
Alors, comment ça se passe aujourd'hui? Nous nous pointons vers 18h, pas la peine de venir avant à cause de la chaleur.
Le décor : la passerelle, la rivière.
Le public : nous, toute sorte de touristes, et beaucoup de photographes professionnels, équipés d'objectifs coûteux pour photo animalière.
Les acteurs : les saumons, et on espère que les nounours vont se pointer!
Acte 1 : Les saumons bullent tranquillement en remontant le courant . Les femelles déposent leurs oeufs. Quelques mouches piquantes profitent de notre inactivité.
Acte 2 : 3 heures plus tard, Youpiiiiiiiiiiiiiiiiii !! Un gros paquet de poils mouillés arrive gaillardement en remontant le courant et s’ébat dans les flots pour tenter d’attraper ses jouets préférés. Les appareils photo crépitent. Les caméras se déchaînent. Faut pas traîner, il est déjà 21 h, la lumière commence à manquer.
Acte 3 : un des saumons malchanceux est sorti de son élément sans ménagement entre les crocs du fauve qui le trimballe sur la rive.
Acte 4 : dégustation, attention, je retire les filets, je laisse les bas morceaux. pourquoi se gêner, des saumons, il y en a tant qu'on veut.
Acte 5 : oh, j'ai envie de pisser. Il y a du monde tout autour ?
tant pis, z'avez qu'à vous retourner !
Acte 6 : allez, bonne nuit m'sieurs dames, je fais encore un p'tit tour à l'eau pour que vous peaufiniez vos clichés,et je m'en retourne maison.
Voilou, quatre heures au total sur une passerelle pour cette scène, la passion n'a pas de prix. Bien sûr, c'est moins d'émotion que lorsque nous étions en vélo, avec Baloo qui pouvait surgir n'importe où, n'importe quand. Là, on l'attend, ce n'est pas la même chose, mais c'est chouette quand même de voir un ours pêcher !
La deuxième chose à faire à hyder, c'est se rendre au bus ! Pas le bus d' « into the wild », mais un bus restau où on peut déguster de délicieux plats à base de poisson frais et de crabe. Avec Jim lepêcheur, qui rapporte le poisson extra frais et Diana aux fourneaux qui le fait cuire, le bus vous régalera.
Cherchez l'erreur !
Nous y avons retrouvé de vieilles connaissances, Stuart le flic et Lorely, l'ambulancière qui a mise la blessée "en coquille" il y a un peu plus de 3 semaines.
Nous profitons de notre venue ici pour rendre visite au pasteur Fernie et sa femme Madeleine, un couple d'une grande bonté. C'est Fernie qui n'a pas hésité à faire 400 km (800 A.R !!!) pour conduire Bruno au 2ème hôpital car il n'y avait pas de place pour lui dans l'hélico. Madeleine et Fernie nous ont donné une belle leçon de générosité et resteront toujours dans nos coeurs.
