• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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En réalité, ce voyage en Australie a commencé il y longtemps. Il a peut-être commencé il y a un demi-siècle, quand je regardais « Skippy le kangourou » à la télé. Ou un peu plus tard, à la lecture des voyages du capitaine Cook. Ou plus tard encore, en découvrant l’art et la culture aborigène. Mais cette ile restait celle du rêve, je n’y ai jamais mis les pieds, trop loin, trop grande ?

Et puis, avec mon amoureux, quand nous avons cherché une destination pour célébrer nos 20 ans de vie commune, l’Australie s’est imposée. Nous avons commencé à préparer ce voyage, déplier la carte pour chercher un itinéraire possible, en fonction de nos envies, du climat etc…

Et là, les doutes se sont pointés :

  • Vélo ou pas vélo ? A cause, bien entendu, des distances ! L’Australie est grande comme 14 fois la France.

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  • Est-ce bien judicieux de quitter la France à la sortie de l’hiver pour entrer en hiver australien, et revenir en France en hiver ?
  • Autre doute, peut-être le plus rédhibitoire : Il parait que l’Australie est peuplée de gros beaufs incultes.  Nous qui aimons par-dessus tout les rencontres et la chaleur humaine africaine, qu’est ce qu’on va faire là-bas ?

On se rassure en se disant qu’il n’y a pas que les descendants de bagnards sur ces terres, il y a aussi les aborigènes et les marsupiaux. Nous décidons aussi de parcourir seulement une partie de l’île en vélo, de Darwin à adelaïde ou Melbourne (traversée nord sud) et pour le reste on verra, et puis nous n’avons pas envie de visiter l’Australie dans son intégralité. Et enfin, tant pis, nous assumerons 3 hivers à la suite.

Voilà, on est embarqués maintenant, alors, si vous vous voulez savoir comment on s’en tire…et bien vous n’avez qu’à passer de temps en temps sur Roulmaloute. Nous n’avons aucune idée de ce que nous trouverons comme wi fi, alors, évidemment, ne vous attendez pas à avoir des mises à jour quotidiennes, nous ferons de notre mieux. Mais n’oubliez pas que le voyage, c’est aussi décrocher !

22 Mai 2017. Nous quittons donc un pays de Gex aux couleurs et aux parfums de printemps, nous abandonnons famille, amis, tondeuse à gazon et autres réjouissances pour un vol oh combien long, avec escales à Zurich et Hong Kong. Partis de Genève le 22 Mai, nous atterrissons à Cairns le 24. Pas dormi depuis 2 jours, la tête dans le c…. 

Une ville proprette et aérée, plutôt agréable. Pour bien se mettre en mode « vacances tropicales des villes de la côte Est » : portez un short ultracourt et déambulez sur l'esplanade. Plus tard, rafraîchissez-vous dans le lagon d’eau salée créé pour que les habitants et visiteurs puissent se détendre en toute sécurité et prendre leur cours d’aquagym en plein air. En effet, bien que située au bord de l’océan, (en réalité, c'est la mer de corail), Cairns ne dispose pas de plage pour se baigner (à moins que vous vouliez barboter dans la boue des mangroves avec les crocodiles).

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 Bien que cette région de l’Australie détienne le record mondial peu enviable de cancers de la peau, ses habitants adorent faire bronzette

Cette ville regorge de visiteurs « chercheurs d’aventure » de toutes nationalités. Vous pouvez, à prix d’or, prendre une dose d’adrénaline avec le saut à l’élastique ou le parachutisme, faire un tour d’hélico ou une plongée sur la barrière de corail. Une ville où se succèdent pubs et restaus à sushis.

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Le soir, des groupes de musique un peu partout et plein de jeunes partant faire la fête dans un des nombreux bars. On n’a pas souvent l’occasion de rencontrer Batman ou des drag-queens dans les rues de Fenières, notre bled, ici, c’est monnaie courante.

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Pour échapper à ces côtés ultra branchés de la ville, faites un tour au jardin botanique, une balade reposante, dans ce lieu qui contient une multitude de plantes et d’arbres, faisant la richesse et la beauté de cette forêt tropicale humide. Le soleil lance des jolis rayons à travers les feuilles, on se balade sur les petits sentiers, en s’imprégnant des odeurs, de l'endroit, du moment... s’arrêter, écouter les sons, ils sont prodigieux, comme le rire éclatant du « kookaburra », un oiseau typiquement australien. Aux portes de Cairns une nature luxuriante semble nous tendre les bras, maintenant que nous avons récupéré de la fatigue du voyage, nous allons nous y engager.

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Petite parenthèse : nous pensons avoir trouvé un bon plan pour nous rendre à Darwin, à 2900 km d’ci, nous en reparlerons plus tard. En attendant ce fameux (ou fumeux, restons prudents…) plan, nous partons faire une virée au nord de Cairns.

 

Nos tribulations entre le 28 et le 31 mai nous emmènent à Cape Tribulation, sorry pour le jeu de mots à 2 balles…

Bruno : « Ce serait quand même ballot de ne pas aller faire un tour sur la barrière de corail, il y a un super spot de snorkeling, c’est seulement à 3 h de bateau ! il y a un vent de folie, la mer est agitée, mais tu te « médecineras » ! »

Annick, après un très rapide calcul mental : « super, une journée entière d’enfer, je vais la passer à dégueuler pour voir 3 poissons ! »

Après courte palabre, nos chemins se séparent :

  • Le valeureux marin sur naviguant sur les flots tumultueux, puis en immersion dans les eaux froides (il a quand même avoué qu’il s’était caillé grave…), a pu admirer à loisir des coraux magnifiques.
  • L’être terrestre marchant dans une forêt, puis approchant kangourous et koalas (dans un zoo), tout heureux d’avoir été dispensé de l’épreuve de l’eau ! 

 

Départ donc maintenant vers le nord de Cairns, avec un pic-nic sur la plage de Palm Cove :

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sans déconner ? sans déconner ! c'est un faux, mais de taille réelle...

 

L’an dernier, à la même période et sur une de ces magnifiques plages du nord de Cairns, une touriste australienne s’est fait bouffer par un croco. De nombreux panneaux signalent le danger, il ne faut pas rigoler avec ça, pas question de se baigner.

Le lendemain, après avoir fait quelques centaines de mètres à pied dans la forêt, on se trouve une petite plage sympathique, mais au moment où nous posons notre séant sur le sable, notre regard est attiré par des traces fraîches au sol. Pas besoin d’être un spécialiste animalier pour les identifier à coup sûr, laissez-moi vous dire que nous avons décampé vite fait. Les crocos en Australie mesurent jusqu’à 9 mètres de long. On les trouve dans la mer et dans les rivières. Il faut vraiment se méfier près de l’eau et évidemment dans l’eau. Sur terre, on peut s’en sortir en courant, mais dans l’eau, aucune chance.  De plus, si les crocos ne viennent pas vous taquiner dans l’eau, ce peut être un jelly fish, (une méduse) dont la piqure et mortelle, provoquant un arrêt cardiaque. 

Nous sommes dans cette forêt à la végétation délirante du Daintree national parc , et c’est un enchantement de la découvrir à pied. Malheureusement, tout est réglementé, encadré, propre en ordre, comme en Suisse ou aux Etats unis. Quelques courtes balades sont proposées, de l’ordre du km (des fois qu’on se fatiguerait…), bétonnées ou aménagées avec des caillebottis. Certes c’est très joli, mais c’est beaucoup trop propre en ordre à notre goût. Si on essaie de sortir de là, on a de grandes chances de se retrouver dans une propriété privée ou sur un sentier où il faut être accompagné, pas à cause du danger, mais pour le business. 

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On ne serait pas contre payer un guide aborigène, mais pas à un tarif qui s’apparente à du racket (enfin, à notre humble avis…).  Tout est business ici et ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère : une vingtaine d’euros, voire plus pour s’approcher de quelques koalas, kangourous, serpents.

Encore une vingtaine d’euros pour faire un tour de bateau et apercevoir des crocos. Bon, on doit être un peu blasés, mais des crocos, on en a eu la chance d’en voir beaucoup (et gratos) en Afrique, alors basta avec ce commerce et toutes ces attractions éminemment touristiques. Certes nous sommes des touristes, mais nous n'avons pas forcément envie de nous laisser bouffer la laine sur le dos toutes les 10 minutes.

Nous finissons par trouver quelques coins sympas, dont une vraie balade bien raide qui grimpe sur un petit sommet. A l’entrée, un panneau met en garde contre tous les dangers encourus, limite si tu n’es pas né dans la jungle, contente toi des sentiers bétonnés et des caillebottis. Nous mettrons quand même 5h aller-retour pour en venir à bout, en s’accrochant parfois aux racines et aux lianes, mais c’est bien faisable. Les lianes, ce n’est pas ce qui manque ici. Elles sont partout : de très fines, pleines de micro pics acérés qui s’accrochent à vos vêtements, ça y est, une chemise percée au bout d’une centaine de mètres de marche, de longues lianes qui trainent au sol et vous feraient volontiers chuter, des lianes étrangleuses qui s’accrochent aux arbres et les font crever… Cette forêt est relativement sombre, les plantes et arbres font preuve d’une ingéniosité sans limites, se frayant un chemin pour tenter de tutoyer la lumière. Grands arbres aux racines parfois délirantes, paperbark (une variété d’eucalyptus) dont l’écorce se détache sous forme de bandes qui ressemblent à du papier (d’où le nom de l’arbre), fougères géantes et plein d’autres choses qu’on aurait apprises si on avait payé un guide aborigène. Bien fait, bande de radins !

 

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Les pupilles éclatées pour tenter d’apercevoir quelque vie animale, on aurait aimé voir la petite grenouille verte fluo, le grand papillon bleu Ulysse, la chauve-souris fructivore. On était sur le qui-vive, prêts à se battre contre le casoar, un gros oiseau noir qui ne vole pas, mais qui peut être agressif et a la taille d’un émeu. Ils rappellent les oiseaux dinosaures dans jurassic park. Petite anecdote : quand la femelle a pondu ses quatre œufs, de couleur verte, dans le nid préparé par un mâle, elle part se faire féconder par un autre mâle (la salope) et laisse le premier couver et nourrir les petits durant un an.

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Nous avons crapahuté dans cette forêt humide, sommes arrivés trempés au sommet, dans un brouillard londonien, la vue promise sur la mer, nibe. Côté faune, on a vu un casoar traverser le sentier au loin, mais il n'a pas fait attention à nous. A part ça, n’avons vu qu’une espèce de pintade et un gros orvet, z’aviez qu’à prendre un guide, il vous aurait débusqué le marsupial arboricole, l’oiseau rare à la robe extravagante et surtout la petite grenouille verte fluo avec ses pattes à ventouses, bande de radins va !

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Notre excursion se termine à Cape tribulation. Alors, qu’est-ce que ce fameux cap ? C’est l’endroit où, en juin 1770, l’Endeavour, le navire du capitaine Cook (sujet de sa gracieuse majesté) est arrivé, peut-être 250 ans après le navigateur portugais Cristóvão de Mendonça. Cape Tribulation évoque les tribulations et souffrances de l’équipage dans cette contrée sauvage.

Cook a noté ses impressions sur les Aborigènes dans son journal : " En réalité ils sont bien plus heureux que nous les Européens… Ils vivent dans la tranquillité qui n’est pas troublée par l’inégalité de la condition. La terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires pour vivre… Ils vivent dans un climat agréable et ont un air très sain… ils n’ont aucune abondance. En fait, tout ce qu’ils semblent désirer, c’est de nous voir repartir"

Eh oui, le peuple Kukuyalang  habitait ici depuis des milliers d’années, cela n’a pas empêché le capitaine Cook de s’approprier le lieu au nom de la Couronne, permettant l’établissement d’une colonie pénitentiaire.