• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Nous quittons Makuyuni et sa guest house fort sympathique, ravis d’avoir consacrés ces 2 jours aux retrouvailles, mais on s’affole en regardant le calendrier, le temps passe vite, il nous faut redonner dans la pédale, sinon, n’arriverons jamais au Cap…

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C’est le dernier mois de la saison sèche, juste avant que les pluies ne viennent réveiller la nature, complètement cramée à l’heure qu’il est. Le mois le plus chaud de l’année. Oui, un mois brûlant. C’est le feu du bout des ongles aux extrémités des cheveux. Alors, on fait souvent des pauses à l’ombre. Dans chaque village, il y a des petites cabanes aménagées avec un côté « cuisine » et un côté « salle de restauration » (une table et un petit banc, et dans les restaus plus « classe », mobilier en plastique).

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On mange toujours avec les mains, au début ça surprend...

Le truc, c’est que la cuisinière n’a pas l’induction, pas même la vitrocéramique ! Du coup, elle cuisine au bois ou au charbon de bois sur un petit trépied, et alors, bonjour les coupes de bois et la désertification qui va avec. Le surpâturage n’arrange pas les choses, les Massaï sont de plus en plus nombreux, ils ont de moins en moins de terres et de plus en plus de vaches…La région a beaucoup changé nous dit-on. Avant, il y avait des arbres partout et beaucoup d’animaux sauvages. Les arbres ont été coupés, beaucoup d’animaux ont tués, surchassés pour le plaisir des blancs. Le braconnage des éléphants continue, avec la complicité du gouvernement. On nous raconte que les chinois qui construisent les routes repartent au pays avec des containers remplis d’éléphants et de rhinos….Nous ne pouvons garantir ces infos, mais nous aurions tendance à les croire. Ces chinois sont arrivés au moment de l’indépendance, c’est Nyerere qui les a fait venir, pour construire des routes et des infrastructures à un coût raisonnable. Ils sont toujours là, et même s’ils ne contrôlent pas, heureusement, tous les marchés, ils continuent la construction des routes de qualité parfois déplorable. Non seulement ils font un travail de m….., mais les ingénieurs africains sont relégués à faire des tâches moins rémunérées. Et il ne faut pas oublier qu’en échange, ces p.t…. de chinois pillent les matières premières de l’Afrique. Le 25 Octobre, ce sont les élections présidentielles, la campagne bat son plein, c’est meeting sur meeting, voitures décorées, drapeaux, et à 2 reprises, nous assistons à l’arrivée en hélico du candidat de CCM (le parti du président actuel). Son grand rival, Mr Lowassa, fait une campagne plus sobre et il a la préférence des jeunes, qui veulent en finir avec l’ancien système, la corruption à tous les étages, les magouilles avec les chinois etc.

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parti de l'actuel président

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Mr Lowassa, opposant

Ce pays a définitivement tourné la page de l’époque du parti unique des lendemains de l’indépendance. Julius Nyerere, a su donner un exemple lumineux à l’ensemble du continent en se retirant de son plein gré en 1985. Depuis le départ de Nyerere, tous ses successeurs se sont également retirés du pouvoir après avoir seulement effectué les deux mandats présidentiels de cinq années prescrits par la constitution. Une grande leçon pour des dinosaures africains arrivés au pouvoir dans les années 80, tels que Biya au Cameroun Museveni en Ouganda et surtout le vieux Mugabe, nonagénaire et inamovible président du Zimbabwe ! La stabilité politique remarquable que connaît la Tanzanie a permis au pays de décoller économiquement et d’attirer chaque année des millions de touristes qui semblent désormais bouder le Kenya voisin, du fait des attentats terroristes que ce pays a connu ces dernières années.

La route entre Babati et Dodoma est toujours en construction, mais à partir de Dodoma, elle est totalement asphaltée, avec une vraie piste cyclable, c’est agréable, de plus la circulation est faible. Bientôt on pourra aller de Nairobi à Cape town sans quitter le goudron, alors qu’il y a une dizaine d’années, un tiers du parcours était en piste ce sable. La nature nous émerveille lorsque nous traversons de belles forêts de baobabs, nous avançons bien, nous sommes heureux.

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Village de Foufou, pour une nuit folle ?

Un soir, nous arrivons à Fufu, et alors que nous demandons une place pour camper, Abdul, un brave gars qui travaille au dispensaire nous propose une chambre, ce qu’on ne refuse jamais. C’est parti pour le rituel habituel, l’interview rondement mené sur le pourquoi du comment de notre présence à Foufou…Arrive le repas, oh surprise, polente haricots viande en sauce (ça fait un mois, avec quelques variantes…..). Quelqu’un nous demande si on va regarder la télé…., on trouve la question quelque peu saugrenue, mais on n’y prête pas trop attention. On nous conduit à notre chambre, il faut rester prudent en enjambant les canards et leurs fientes, ça glisse la fiente de canard…et on arrive dans une minuscule remise au toit de tôle, notre chambre…oups…la déception. En Afrique sans doute plus qu’ailleurs, pour peu qu’on accepte de ne pas tout contrôler, on n’arrive pas forcément là où on voulait aller. C’est parti, gonflage des matelas, installation pour la nuit, on se couche porte grande ouverte, il fait une chaleur atroce. Dans la cour, il y a de plus en plus de monde, de l’agitation, des museaux de gosses timides qui se pointent à la porte pour nous observer. On les entend chuchoter « muzungus, muzungus.... » (des blancs, des blancs….), quelqu’un apporte une table, sur laquelle il pose une télé. C’est bon, on a compris…..clips débiles pendant 3 plombes, suivis d’un film de haute valeur culturelle ! On hait Abdul, on se hait de ne pas avoir mis la tente derrière un bosquet, on hait l’Afrique et la terre entière, mais on est tellement nazes qu’on est incapables de vous raconter la fin du film.

Peu avant Iringa, finies les vacances, le relief devient impitoyable pour le cycliste. Une sévère montée pour atteindre la ville, puis d’innombrables up and down se succèdent jusqu’à la frontière. Le décor n’est pas super, la nature a soif, comme nous, elles sont loin les vertes collines d’Hemingway. On nous a dit grand bien de la ferme de Kisalonga, alors nous y posons notre tente et avons droit à un véritable festin, quasi un gastro. Minestrone, viande exquise et petits légumes, gâteau au chocolat et fraises du jardin, un festin je vous dis. On parle beaucoup de bouffe, mais d’une part on a besoin de carburant pour avaler les côtes (pas les côtes de porc…), d’autre part se poser et se faire servir le repas, c’est quand même le top du top. Ouh les vilains néo colonialistes !!!! Ensuite, nous passons dans des forêts bien mises à mal par les coupes de bois, up and down, bis repetita,

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Bruno, maillot orange, va se faire doubler par la moto.

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Parfois, du plat, mais cela ne dure pas assez..., sur une belle route, Chinese quality, les camions creusent leurs sillons, c'est top...

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Des jours et des jours à mouiller le maillot et à se faire des cuisses de rugbymen. Peu avant M beya, on prend alors plein sud, un dernier up, et nous faisons une entrée remarquée sous les applaudissements à Tukuyu. 

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Et là, le pied, la route qui se met à descendre gentiment dans une végétation luxuriante, des cultures et des bananeraies et des gosses qui nous crient des « hello, how are you, save travel, what’s your name ? » Et les 2 vilains qui les snobent et ne s’arrêtent pas pour répondre, pour une fois qu’ils peuvent lâcher les chevaux et se laisser griser par la vitesse.

Conclusion : La Tanzanie c’est un peu ce qu’on s’imagine de l’Afrique, des grands espaces, la joie de vivre, les rires des enfants qui résonnent dans les villages. Pourtant la vie n’est pas facile, dans les campagnes, il y a la corvée d’eau, on rencontre des gamins à vélo entrain de charrier l’eau dans des gros bidons en plastique jaune. L’agriculture se fait à la main, pas d’animaux de trait, les hommes partent au champ la houe sur l’épaule.

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Les femmes triment pour porter de lourdes charges et pour élever les marmots, faire la bouffe sans aucune commodité, toujours pliées en 2 au-dessus des gamelles posées sur leur petit réchaud à charbon.

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Elle, elle a tout compris, plutôt que de se casser le dos, elle utilise le tabouret !

Elles font aussi frire des petits beignets fort bons, nous préparent le thé qui va avec, bref, ce sont parfois ces petites choses qui donnent une saveur si particulière à ce pays et qui font qu’on finit même par apprécier les grandes lignes droites au milieu de pas grand-chose. La population n’est pas trop miséreuse, assez discrète, on ne passe pas pour des bêtes de foire quand on met pied à terre, les enfants sont plutôt bien scolarisés (avec les limites imposées par le peu de moyens alloués…) et bien élevés, c’est un bon pays pour voyager en vélo. Et pour nous, toujours cette ambivalence quand on s’apprête à quitter un pays : on a un peu du mal à partir, surtout parce qu’on ne sait pas ce qu’on va trouver derrière, mais sommes aussi avides de découvertes, alors let’s go au Malawi.

Mais avant, j'ai encore quelques photos à vous offrir :

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hello, hello

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chez le boucher

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chez la coiffeuse

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au restau, chez Latifa

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Je rêvais de chaussures rouges, mais il n'y avait que du 42

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dimanche, je me fais beau pour aller à l'église