• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

Imaginez un pays plus grand que la France, peuplé de 2 millions de personnes, vous comprenez qu’au Botswana, il y a de l’espace. Par contre, il abrite pas moins de 150 000 éléphants, raison pour laquelle on a quelques chances de rencontrer des pachydermes.

DSC06777

 DSC8767

Un immense désert au centre, le Kalahari, et seulement quelques routes. La traversée du parc de Chobe étant interdite aux vélos, nous n’avons pas beaucoup de choix : c’est cap sur Nata, puis Maun, Ghanzi, et la frontière avec la Namibie. Vous avez bien vu, seulement 3 villes sur tout le parcours. Plus de 1000 km, l’ennui total, du bush, du bush et encore du bush. Ces étendues sans rien ne sont pas sans nous rappeler le Sahara occidental, mais en plus sauvage. Disons que la bicyclette n'est pas le meilleur moyen de transport dans cette partie du monde. Par contre, le Bostwana est la destination totalement indiquée pour le tourisme de luxe, merveilleux parcs, merveilleux lodges…., un tourisme basé sur le porte-monnaie. En tout cas, le pays semble s’en tirer plutôt bien du point de vue économique, en partie grâce au tourisme, en partie grâce à l'exploitation des richesses minières. Le gouvernement a l'intelligence d'injecter cet argent (en tout cas en partie) dans les infrastructures, santé, éducation et réseau routier. Dans les années 70, le Bostwana était très pauvre et il n’y avait pas de route goudronnée, et peu d’écoles. Actuellement, c’est un des pays les plus riches d’Afrique. Un peu à l’image de la Zambie, mais de façon nettement plus marquée, le Botswana joue clairement la carte du tourisme de luxe pour booster son économie en limitant l'impact sur son environnement naturel exceptionnel (relativement peu de touristes mais qui dépensent un max), on se fout pas mal du backpaker et du cycliste, ce ne sont pas des vaches à lait assez intéressantes.

En ce moment, il fait une chaleur torride, 46 degrés à l’ombre, 10 degrés de plus que la norme, du jamais vu depuis 50 ans. La pluie se fait attendre, tout est archi sec, les animaux sauvages ont de la peine à trouver de l’eau. Peu avant Nata, nous voulons camper dans un endroit réputé pour l’observation des éléphants. Nous trouvons porte close. Le camp a été fermé car devenu dangereux. Les éléphants assoiffés ont déjà brisé les fenêtres des batiments en dur pour prendre l’eau dans les toilettes. Non, ce n’est pas une blague !

Nous continuons donc jusqu’à Nata et nous y passons 2 nuits. C’est une petite ville poussiéreuse au milieu de rien, mais nous avons besoin de recharger nos batteries et surtout nous réhydrater, le soleil à longueur de journée sur nos machines nous vide de tout liquide. Nous ne pissons quasi plus, ne nous rendons même pas compte que nous transpirons, car la transpiration est évaporée illico. Pourtant, nous buvons. Nous repartons de Nata à 6 heures du matin, avec 10 litres d’eau glacée (bloc de glace), on avale nos 100 km dans la pampa, et arrivons dans un patelin, Guelta, avec le peu d’eau qui nous reste, on peut faire du thé.

DSC06770

Tôt le matin, nous avons vu ce groupe d'enfants, les seules personnes dans une journée...

La patronne du lodge (oui, il y a un lodge pour les motards aisés qui viennent faire du tout terrain…) nous donne une chambre pour le prix du camping, généreux cadeau, il faut dire qu’on a l’air un peu défaits, genre clochards en bout de course. Alors qu’on trempouille dans la piscine, son fils nous offre un gin tonic ! Jusqu’où peut aller la pitié ? Nous n’avons pas fait de photo, pour ne pas casser l’image des voyageurs roots ! Non, mais vous imaginez, les roulmaloute, grands donneurs de leçons devant l'éternel, entrain de siroter une boisson fraîche dans une piscine en Afrique..... Comme il n’y a pas de suite ( genre séjour longue durée en pension complète, jusqu’où peut aller l’avarice….), nous réitérons le scenario de la veille, avec un départ à 6 heures et nos 10 litres de glace. Nous ne vous raconterons pas trop la suite, on ne voit rien, il n’y a rien à voir, les éléphants annoncés sur les panneaux ne sont même pas là, ou plutôt ils souffrent tellement de la chaleur qu'ils restent à l'ombre, trop loin de la route pour qu'on puisse en profiter vraiment. On ne voit pas une âme, mais de temps un panneau indique qu’il y a des huttes dans le bush. My god, comment peut on vivre ici ? 

DSC06774

Oui, il y a quelque chose d'anormal à habiter ici...et peut être aussi à faire du vélo ici....

DSC06799

Nous faisons de courtes pauses quand par miracle un arbre surgit de la savane, nous avançons tant bien que mal, obsédés par une seule chose, arriver à Maun. Et pis, l’année prochaine, on ira peut être au Cap Nord….rigolez pas, vous avez déjà pédalé par entre 41 et 46 degrés à l’ombre ?

Je vous jure, ce n’est plus de la chaleur, c’est un incendie. A Maun donc, nous nous posons à l’Okavango river lodge, au bord de la rivière, et nous savons déjà que nous n’en repartirons pas tout de suite !

DSC06805

Un visiteur au camping

Le camping de l’Okavango river lodge est franchement sympa, au bord de la rivière, nous y faisons beaucoup de rencontres avec des voyageurs motorisés, avec 4 ou 2 roues. Et comme à chaque fois dans ce genre d’endroits nous échangeons nos bons plans. Un gros hippo se promène assez régulièrement devant nous. Le truc à faire ici, c’est un tour à l’intérieur du delta de l’Okovango. Kesako ? Le Delta de l'Okavango nait de l'accumulation des eaux du fleuve Okavango arrivant d'Angola et qui, fait rare dans le monde, ne se jette pas dans l'Océan, mais se perd dans les sables du désert Kalahari. Cela donne un immense territoire de rivières, lagons, plans d'eau et iles, paradis pour la faune sauvage. Il va sans dire qu’une balade là-dedans coûte un bras ! Nous nous renseignons pour un tour en mokoro, une jolie pirogue traditionnelle en bois (qui est de plus en plus remplacée par un vulgaire canoé en plastique….), mais l’affaire est compliquée. A cause du manque d’eau, il faut d’abord se taper une bonne heure de voiture, à cause de la chaleur, la balade est raccourcie, mais le prix est le même, dans les 60 euros la demi-journée, je vous parlais des vaches à lait…..bref, nous renonçons, sans frustration aucune. De même, nous ne ferons évidemment pas le tour en hélico, on va essayer de rester dans notre optique de tourisme responsable, hein ! Mais on fait notre possible pour vous trouver des photos sur internet. Il suffit de cliquer sur l’image suivante.

okavango delta

Notre camping est situé à 12 km de la ville Maun, une ville moderne plantée dans un terrain sableux. Boutiques et supermarchés se succèdent, les gens vivent plutôt à l’extérieur du centre ville dans des baraquements. Le supermarché, c’est là qu’on peut acheter de la viande à foison pour 3 fois rien, des légumes OGMisés, des litres et des litres de boissons sucrées fluos, des tas de sucreries, fluos aussi,….le top de la malbouffe. Quand arrivant de Zambie, on entre, juste à la frontière, dans le 1er supermarché du Botswana, on a failli tomber par terre. Tout brille, début Novembre les décos de Noel sont déjà installées, il y a même une bagnole à gagner…

DSC06754

Bref, à Maun, en sortant du supermarché, on se retrouve nez à nez avec une extraterrestre….Vous vous souvenez qu’il fait 46 degrés à l’ombre…et bien, elle est là, portant robe victorienne, jupons et coiffe (qui ressemble à des cornes de vache), et…lecteur mp3 autour du cou. Cette femme est une Herero, une tribu de fermiers qui a migré de Namibie au moment où ça chauffait avec les allemands.

DSC06811

S’étant refait une petite santé pendant 3 jours, les fourmis gagnent nos pieds, nous repartons, un peu inquiets cependant à l’idée d’affronter des centaines de kil. de ligne droite le long du désert du Kalahari. Constatation est faite qu’en réalité ce n’est pas un vrai désert de sable, plutôt une végétation éparse d’épineux dans le sable, et quelques arbres par ci par là. On traverse même une zone d’élevage de vaches, une odeur épouvantable due aux nombreuses bêtes crevées au bord de la route, faim, soif, et aussi fièvre aphteuse.

DSC06794

termitière, autruches, nos seules distractions....

DSC06799

Un peu avant Ghanzi, un camping est signalé par un panneau, dans le village de D’kar, un peu à l’écart de l’axe principal. Nous nous y rendons, cela nous fera l’occasion de rencontrer des San, une tribu habitant le bush. Qui se souvient du film des années 80 « Les dieux sont tombés sur la tête » ?

Xi fait partie des Sans une tribu isolée de Bushmen du désert du Kalahari qui a peu de contact avec le reste du monde. Une bouteille de Coca-Cola en verre jetée d'un avion tombe à côté de Xi, un membre de la tribu. Ignorant sa provenance, la tribu imagine que c'est un cadeau des dieux. Transparent et très dur, il sert de pilon, de flûte, de récipient et de bien d’autres choses encore. Cette bouteille est si utile que tout le monde en a besoin en même temps, faisant émerger des querelles, inhabituelles dans la tribu. Le conseil se réunit, Xi décide d'aller jeter la bouteille aux portes du monde.

Une oasis hollandaise dans le désert.

A D’Kar, le camping n’existe plus, il n’y a pas franchement un centre de village, nous nous renseignons pour savoir où nous pouvons nous poser. Un jeune propose de nous conduire chez « le blanc », un hollandais qui vit ici et qui traduit la bible dans la langue des San. La maison en bois est très jolie, sur un terrain bien vert et entièrement paysagé, le 4 x4 garé à l’ombre, je lorgne la pelouse épaisse et me dis que ce sera un tapis bien frais pour la nuit. La porte est entrouverte sur un bel intérieur, je tire des plans sur la comète, apéro dans les fauteuils et qui sait, un bon repas entre blancs. Le blanc arrive, et patatras, mes rêves à l’eau, il ne propose même pas un verre d’eau, et pour camper, « z’avez qu’à vous installer devant l’église », qu’il nous dit. Super, camper sur du sable brûlant, et nous servirons de rond-point puisqu’il y a des charrettes tirées par des ânes qui passent continuellement faire le plein au point d’eau. C’est parti pour préparer un repas de rêve, les sempiternelles pâtes à la sauce tomate. Le matin, il nous faut partager les tartines avec une meute de petits San rigolos qui partent à l’école. Parce que les africains ne sont pas comme ce hollandais, tout petits ils ont déjà le sens du partage ! Ah là là là, toujours l'humour à 2 balles, c'est la chaleur...

L’art contemporain des Bushmen sort de la brousse.

Curieusement, ce bled paumé abrite une galerie d’art. Les San, à l’origine chasseurs cueilleurs, sont maintenant interdits de chasse, certains se sont recyclés dans la peinture. Ils s’inspirent évidemment de scènes de leur vie dans la nature. Les hommes se concentrent sur les animaux, les créatures mythiques et les êtres humains, les femmes sur la famille, les animaux, la cueillette et les fleurs. Leurs œuvres ont été exposées dans le monde entier.

bostwana Coexae Bob Woman looking at a rhino

Bushman artist Cgoma Simon Giraffe and Rabbits small

Bushman artist Ncaote small

Après Ghanzi, il nous faut composer avec le vent, tantôt il nous pousse, tantôt on se le prend de côté, et à la bifurcation qui mène en Namibie c'est la cata, on l'a dans les naseaux et nous ne pouvons quasi plus avancer. La providence est garée au bord de la route et s'appelle Hennie. C'est un bon gros sud africain entrain de convoyer un bus.Nous voyant ballotés par le vent et couverts de poussière, il propose de nous embarquer pour quelques kil. Grâce à lui, nous quittons le pays en mode confort, à nous la Namibie !

Conclusion : il y a des moments difficiles, la chaleur et l'absence de villages ne sont pas évidents à gérer, mais on finit par se prendre au jeu. Il y a quelque chose de magique à rouler quasiment seuls dans ces grands espaces.Certes, on est content quand ça s'arrête, comme toutes les traversées de déserts, mais au final, nous sommes très heureux de l'avoir fait. La définition du masochisme ??