• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Que ce soit à partir d’Assouan ou d’Abu Simbel, il est impossible de gagner le Soudan sans prendre un ferry. Alors que les 2 pays partagent 1200 km de frontière terrestre, il faut le faire. Pendant notre traversée ( 1h environ, et c’est très esthétique ) déjà arrivent les classiques mises en garde sur le pays voisin. Ça fait toujours marrer de voir ces éternels avertissements  «  méfie toi du voisin, c’est un loup » ( dixit  un égyptien sur le pont). Ali, tout sourire, soudanais travaillant en Arabie saoudite, en remet une couche  : « Sudanese good people, but everything else very bad, and weather two times more hot than here , and 1000 km desert to Khartoum, and…and… » En bref, à part les gens, tout est mauvais au Soudan, et on va crever de chaud dans les 1000 km de désert qui nous séparent de Khartoum.  Ali ne comprend pas pourquoi des gens qui vivent au paradis ( la France ) peuvent renoncer au confort et au moteur et venir se faire chier, à vélo, dans le pire pays qui soit, le gouvernement est pourri, l’armée et la police sont mauvaises, les écoles, les hôpitaux sont mauvais, il n’y a pas de boulot etc. Mais si toutefois nous survivons à l'épreuve du désert, il émet quelques doutes, il se fait une joie de nous retrouver à Khartoum. Inch Allah.

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Nous accostons. Vite, quittons ce ferry avant qu’ Ali nous foute le moral en berne. Nous enfourchons nos montures et nous jetons dans la gueule du loup, un désert  certes, mais qui s’annonce magnifique…

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Nous croisons nos premiers cyclistes depuis 1 mois,  Will et Wendy qui arrivent du Cap pour repartir en Asie, et ils ont survécu à l'épreuve du désert soudanais.

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Au bout d’une quarantaine de kil., voici la douane. Un bordel incroyable, des dizaines de camions, de bus, des centaines de passagers. Pour nous, c’est 2 ou 3 paperasses à remplir, un tampon pour sortir de l’Egypte. Après un petit no man’s land, une grille flanquée de murs barre la route. La porte cadenassée. On file le passeport à un type,  « where you go ? » qu’il demande.  Ben en fait, on vient de sortir d’ Egypte, il serait bon qu’on entre au Soudan, maintenant tu vois. Il revient avec des paperasses à remplir, ouvre la porte. On entre dans une salle immense. Une sarabande de femmes aux vêtements bigarés, des hommes plus sobrement vêtus de leur Djalabiya blanche, des gosses qui nous dévisagent, interloqués, parmi des sacs de riz, d’épices, des cartons contenant des télés, des frigos, toute sorte d'électroménager, des bagages divers dans tous les interstices de la pièce. Les passagers des bus, arrivant probablement du Caire, doivent passer tout leur barda au contrôle (manuel). Tous leurs sacs sont explorés de fond en comble. Il revient bien entendu au propriétaire la difficile mission de tout rebourrer dans les sacs. Pitié, qu’ils ne défassent pas nos sacoches, ou nous arriverons à Wadi halfa de nuit. Poussant nos vélos, nous nous faufilons dans ce merdier, nous frayant un passage à travers cette fourmillière humaine, un type arrive, colle 2 ou 3 stickers sur nos sacoches, c’est bon, nous sommes contrôlés, nous pouvons sortir de ce hall, franchir le portail et entrer au Soudan, laissant derrière nous des centaines de passagers héberlués et leur incroyable foutoir. Sûr qu’un passeport de blanc qui ouvre aussi facilement les portes, ça laisse perplexe. Serait ce de la magie noire ?