• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Il n’y a que Saï qui m’aille.

Nous quittons Abri pour la petite île de Saï, qui abrite des ruines d’un roi de Nubie (2500 ans avant J.C). Ici, la vie est trop dure, l’exode va bon train. Heureusement, la proximité avec le Nil, fleuve nourrissier, permet de l'agriculture. Alors que nous traversons des jardins, nous rencontrons Ahmed, un jeune homme qui souhaite rester sur l'île souhaite et cultiver la terre de ses ancêtres. Avec les villageois, (le peu qui restent ), ils sont entrain d’installer une pompe pour réaliser du maraichage. Ils cultiveront essentiellement des fèves, (si recherchées pour fabriquer le foul, la purée de fèves, le plat incontournable) qu’ils espèrent exporter en Egypte pour devenir riches, dit Ahmed en rigolant.

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Plus loin, une visite au temple de Soleib, dont il reste peu de choses.  

Mais cela donne une idée de ce que pouvait être cette civilisation. Hélas, fort peu d'argent arrive au Soudan pour sauver ses merveilles.

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Un parfum de far west, la ruée de l'or comme aux Etats-Unis au XIXe siècle. 

La région que nous traversons est très aurifère. Tout le monde peut  tenter sa chance et creuser où bon lui semble, à condition de ne pas empiéter sur les concessions des grosses compagnies. Ahmed est ingénieur en mécanique. Après avoir travaillé plusieurs années en Arabie saoudite, il s’est acheté du gros matériel et avec un ami, il a monté sa propre exploitation. « On peut s’installer où l’on veut et creuser, avec ou sans matériel. ». Oui, avec de gros engins comme les siens, ça va plus vite qu’avec une paire de mains... 

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Ici, un tracteur a retourné le couvert des roches volcaniques pour laisser apparaître une terre plus jaune,  aussitôt sondée par une demi-douzaine de nouveaux orpailleurs. Ces hommes vêtus de djalabiyas empoussiérées, sont comme hypnotisés par le son de leur détecteur de métal, ressemblant à une poêle à frire. Si de l'or est trouvé où le tracteur est passé,  la récolte aest partagée avec le conducteur.  Les détecteurs crépitent, nous restons un moment auprès de Mahmoud, son détecteur s'affolle, Mahmoud plonge au sol mais ce n'est qu'un bout de ferraille. Déception Pas de découverte du graal cette fois ci.

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Un souk étrange est construit le long de la route, une animation quelque peu spéciale règne ici. Les vélos garés, commande de thé est passée, qui nous est d’ailleurs gentiment offert par un client. Cela arrive souvent ici. Nous nous renseignons. Oui, il y a bien une mine d’or ici. C’est parti. Sur le site, à une centaine de mètres de la route, l'enfer, tout n’est que bruit et poussière. Nous apprenons que le gramme d’or se vend 35 dollars, mais que de travail en amont. Oui, nous pouvons visiter, mais sans prendre de photos. Sous des abris de fortune, des jeunes gens passent des cailloux dans des concasseurs hors d’âge pour les réduire en poudre. Le tout dans une poussière et un vacarme incroyable et inhumain. Ces cailloux ont d’abord été cassés au marteau, nous avons vu effectivement plusieurs endroits au bord de la route avec des jeunes gens cassant des cailloux. En plein cagnard, les pieds dans l’eau, d’autres jeunes lavent cette poudre, sans relâche, les particules de métal censées rester au fond du récipient. Ils n’hésitent pas à utiliser du mercure pour amalgamer les fines poussières d’or, avec toutes ses conséquences pour leur santé et pour la pollution de la terre et des eaux. Certains jeunes abandonnent leur labeur pour venir devant nous et demandent à se faire photographier. Nous leur avons apporté  2kg de dattes et quelques boissons, il en aurait fallu beaucoup plus.  Ce sont de braves gars, l’un d’eux me montre leur dortoir, un genre d’abri fait de piquets de bois et de sacs plastiques. Un autre arrive avec son plateau pour servir du café. Soudain, je perçois que nous sommes suivis. Rapide coup d’oeil en arrière, oui, à quelques dizaines de mètres, il n’y a pas de doute, ce sont bien 2  policiers. Merde. Je garde l’appareil photo bien en vue et glisse le téléphone dans un endroit où ils ne viendront pas chercher. Nous sommes conduits au poste. Petit interrogatoire devant le chef, qu’est ce qu’on fait là, pourquoi prend on des photos. Le type n’est pas bien méchant, il s’excuse même, mais c’est le règlement, nous devons tout effacer. Je m’exécute docilement. Il me remercie d'avoir tout effacé, nouvelles excuses et voeux de bon voyage. Nous quittons son bureau (une simple tente bédouine montée sur le sable), enfourchons nos vélos sans demander notre reste et repartons sur le ruban de goudron qui traverse cette zone aride, ravis d’avoir assisté à ce spectacle. Quelques kilomètres plus loin, je peux enfin sortir le téléphone de mon soutien gorge. Renseignements pris, il semblerait qu'il y ait bien d'autres endroits où l'on pratique l'orpaillage, dont un en plein désert. Nous nous y faisons conduire en tuk tuk. Mohamed ne connait pas le lieu, mais sait vaguement où c'est. Nous roulons, roulons, passant d'une piste à l'autre. Enfin, au loin, des bâches et de la fumée, c'est là. Et comme la dernière fois, super accueil des orpailleurs, et police peu conciliante. Vous ne pensez quand même pas qu'ils ont encore été grugés grâce au coup du soutien gorge ?   

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Dans ce désert rocailleux, notre ami le vent souffle en permanence. Aujourd’hui, sans pédaler nous avançons à plus de 25km/h, avec même la sensation de voler pour peu qu’on appuie un peu sur les pédales. Magique. Sauf qu’à cette allure, nous arriverons trop tôt à Khartoum. Décision est prise de quitter la route bitumée et emprunter les pistes de sable qui passent au plus près du Nil. Et c'est très facile de passer de ça :

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à ça :

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La région de Kerma. La Nubie a été longtemps dédaignée par les historien occidentaux. Actuellement,  y est exhumée  l’une des plus grandes civilisations ayant jamais existé (Civilisation plus ancienne que la civilisation égyptienne). Notre voisin et éminent archéologue genevois Charles Bonnet a consacré une grande partie de sa vie à la région. A 85 ans, il passe encore 3 mois par an ici et fouille activement, avec diverses équipes européennes et soudanaises. Cet homme, au départ vigneron à Satigny, a laissé son sécateur pour prendre pelle et pioche et fouiller en Nubie. Sa persévérance est récompensée. Après 40 ans de recherche, il découvre en 2003 7 statues de pharaons noirs. Ces grosses statues de pharaons noirs dormaient au fond d'un trou, oubliées de l histoire pendant des millénaires. Elles sont maintenant exposées dans le musée de Kerma.

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La région de Kerma, outre la gentillesse de ses habitants, a aussi à offrir de belles maisons nubiennes dont la porte d'entrée est souvent joliement décorée.

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Le goudron retrouvé, et notre ami le vent toujours dans le dos, nous arrivons plein pot à Dongola, une relativement grande ville, avec une douche chaude et de bons restaus de rue. Au Soudan, on n’utilise ni fourchette ni cuillère ni couteau. On attrape la nourriture avec son pain. S’il y a un truc que l’on trouve absolument partout, c’est le foul, un plat à base de fèves. Et au Soudan, il est meilleur qu’en Egypte. Juste avant de le servir, le cuisinier l’arrose avec beaucoup d’huile et rajoute une sauce « à sa manière » (des épices, des oignons frais, des herbes…). C’est plutôt bon, mais faudrait voir pas exagérer, nous n’allons pas jusqu’à en  prendre au petit déjeuner. 

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On trouve aussi facilement des plats à base de viande, parfois des abats, du poulet grillé…. Et aussi du poisson frit, de la perche du Nil, vraiment très bon.

Ce jour là, nous prenons de la viande et des patates en sauce.  Ce n’est qu’en partant, en visualisant les sabots devant la porte, que nous comprenons que nous venons de manger….du chameau.

 

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