• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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« J’ai toujours aimé le désert. On s‘assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence.» Antoine de Saint Exupéry, Le petit prince.

 

Entre Moubarak qui ne veut pas que l’on parte de son hôtel et la nième vérification du contenu des sacoches, Il nous faut du temps pour décoller. 300 km de désert total devant nous, pas une ville, pas un village, ce n’est pas rien tout de même, ne pas partir ceinture et bretelles. A midi, gavés de bananes au miel, les sacoches chargées à bloc, nous nous élançons, confiants dans la réussite de cette entreprise. Nous y croyons, nous nous sentons invincibles. 

Nous nous arrêtons à la station service pour récupérer 1 L d’essence pour cuisiner, mais toutes les pompes sont vides. Une queue impressionnante de voitures et camions. Le Soudan du sud  possède de grandes quantités de pétrole. Le Soudan galère depuis 2011 (séparation Sud Nord) et cette année, la pénurie est grave. Il nous faut faire un petit détour pour trouver ce litre d’essence chez un particulier qui a fait des réserves. Nous continuons, mais alors que nous tournons à  90 degrés, le vent commence à fait des siennes. Nous faisons une vingtaine de km dans de rudes conditions, et devant la force des bourrasques, le doute nous envahit. Est ce bien raisonnable ? Nous nous persuadons mutuellement que tout va bien.

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Ce n’est qu’un mauvais moment à passer, ça ira mieux dès le prochain virage. Le virage ne vient pas, une ligne droite infinie devant nous. Heureusement, nous trouvons quelque chose pour la nuit, quelques pierres formant une petite construction ronde, basse et sans toit, mais c’est mieux que rien. Bruno se construit sa petite cuisine abritée par quelques pierres, le MSR tourne plein pot et les pâtes sont bientôt cuites, la nuit est là lorsqu’arrive un gars sur son âne. La situation est très comique : le gars, étonné devant notre façon de cuisiner, nous fait comprendre qu’il serait quand même plus simple de faire du feu avec du bois, qu’on pourrait se faire cuire du pain en faisant un trou dans le sable etc. Il dénigre notre invitation à partager le repas, je crois que les pâtes à l’eau ne le tentent pas trop…Où habites tu ? Par là !  Le lendemain, nous ne verrons aucune maison à des km à la ronde, nous ne saurons jamais où il habite, mais nous ne sommes pas prêts d'oublier son apparition dans la nuit. 

Bien reposés, nous repartons confiants dans le vent, pour l’instant modéré.

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C’est tellement beau que nous nous permettons de flâner un peu et de faire des photos, insouciants. Quelle arrogance affichée par ces 2 touristes à pédales ! « Je m’en vais les calmer », dit Eole.  Et hop, une grosse poignée de sable dans leur museau. Là, on ne rigole plus, cela devient impressionnant, le vent hurle dans nos oreilles, soulevant de véritables nuages de matière. Les sables voraces du désert de Bayuda avancent grâce à des vents puissants qui se jouent de nous. Tout à coup, le ciel chargé de  poussières  devient très pâle, on n’y voit goutte.  Sur la route, des vagues de sable passent à toute allure. Ça craint. Heureusement, la circulation est extrêmement faible, sinon, il nous faudrait renoncer. C’est un combat acharné, chaque km devient un exploit.  Les bons moments, c’est lorsque nous nous arrêtons. Et ça, croyez moi, dès que l’on voit un abri, hop, on fait une pause. Mais des abris, il y en a peu. 

Après 2 heures de pédalage à 11 km/h, parfois moins, oh chance, signe de vie au loin. C’est une petite baraque abritant une femme bédouine avec ses enfants. Elle nous offre gentiment un thé, nous parlons un peu, mais comme elle parle aussi bien anglais que nous arabe, le contenu est mince. Elle a quelques bidons d’eau, nous  prenons 2 litres. Peur de manquer, nous avons 12 litres chacun, mais nous ne savons pas combien de jours seront nécessaires. Nous avons tablé sur 3 jours, mais au vu des conditions, il nous en faudra plus. Inespéré, vers 13h, une petite « cafétéria ». 1/2 kg de mouton rôti, du pain, du thé, de l’eau, du carburant bio enrichi d’humanité, et de bonnes tranches de rigolade. 

 

                                        

 

Le soir arrive, le vent s’est calmé, le sable prend une belle teinte orangée, nous allons nous poser dans le grand rien quand on voit 2 jeunes au bord de la route, Ousmane et son petit frère. Ils nous proposent de dormir sous leur abri.

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Oh oui, avec plaisir.  Ils observent attentivement notre installation et sont stupéfaits de voir la tente se monter. Un minibus s’arrête, les hommes se lavent les pieds et prient, les femmes restent dans le minibus. Nous prendrons plus tard qu’elles n’ont pas le droit de montrer leurs pieds. Le MSR tourne à nouveau, ce soir, ratatouille et pâtes, Ousmane et Barid font honneur au repas. Leur papa nous rejoint dans la nuit. Un concentré de douceur et de gentillesse que ces 3 gars. La maman et les 2 soeurs gardent le troupeau quelques km, nous ne les verrons pas. 

Le lendemain, le matin nous nous levons tôt, mais ne sommes pas les seuls, assez vite le vent se déchaine en rafales. Retour en enfer. Les descentes ressemblent à des montées, quant aux montées, c’est la jouissance pour les cuisses. À la borne 145, une petite cafétéria. Nous sommes invités à manger par Mounir qui est guide d’un touriste italien en voiture. Les invitations sont d’autant plus appréciées quand elles ont lieu dans un désert. Légumes, pain  et oeufs durs, merci Mounir. Au final, entre les invitations et l’eau que l’on ramasse par ci par là, non seulement nous ne manquerons vraiment de rien, mais nous pouvons nous permettre de faire quelques petites distributions de fruits et légumes. Nous donnerons même 2l d’eau à 2 reprises, une fois à un berger qui est à sec, l’autre fois à des bédouins en pick up en panne au bord de la route. Un dernier campement au milieu des chèvres, cette fois il y a quelques arbustes, et des plantes rampantes avec des fruits ressemblant à de petites courges. Et c’est l’arrivée à Atbara, yes ! Nous avions prévu 3 jours, il nous en a fallu 4 et demi, mais c’était super chouette, surtout quand ça s’est terminé (non, je rigole) ! 

 

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