• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Cela aurait pu mal commencer

Le départ de Melbourne s’est fait un peu à l’arrache, sans nettoyer ni les vélos, ni nos chaussures crottées à cause du jardinage. Or le contrôle à la douane est extrêmement sévère. Ça sent déjà la parano néozélandaise. Il faut déclarer tout matériel de randonnée et les douaniers sont très à cheval sur les histoires de bactéries et de maladies qu’on pourrait ramener d’un autre pays. Il est même conseillé de tout laver, même les chaussures, avant de débarquer chez les kiwis…

     Vos vélos ont-ils roulé sur des pistes ?

    Non, jamais, ils sont restés sur le goudron, nous sommes trop fainéants.

    Et vous, vous êtes sortis des routes principales, vous êtes allés dans le bush ?

    Oulà, non, jamais, nous sommes trop trouillards.

    Vous avez une tente ?

    Oui, mais elle est très propre, on la frotte tous les matins. (hips, faut peut-être pas trop en faire non plus…)

    Bon on va la contrôler quand même.

    On : contrôle, contrôle, ( Off : mais surtout, ne regarde pas nos godasses…)

Quelques minutes plus tard, la tente revient, et nous pouvons filer. Ça n’a pas duré 10 minutes, il y en a qui restent des heures ! ah ce culot !

 

Christchurch

se remet doucement des nombreux séismes qui l’ont touchée, dont le plus dévastateur en 2011 qui a fait 185 victimes et a détruit 80% des bâtiments des quatre grandes avenues de la ville. Aujourd’hui, elle ressemble par endroits à une ville fantôme avec de nombreux travaux dont on a l’impression qu’ils ne se finiront jamais. On peine à imaginer que le séisme a eu lieu il y a si longtemps. Pour rompre avec cette ambiance un peu froide, de nombreuses œuvres de street art se retrouvent dans la ville, de nombreux aménagements et événements temporaires redonnent vie aux lieux. Ce qui fait de cette ville un endroit très paradoxal donnant l’impression que certaines rues sont complètement désertées et d’autres très animées.

Le « restart mall » est un ensemble de boutiques, de cafés et de petits restaurants qui ont pris place dans des containers sur l’emplacement d’un centre commercial qui s’était complètement effondré, dans le but de relancer la vie le plus rapidement possible. Un peu plus loin, nous prenons un verre en terrasse au Smash palace,  ce qui en fait un endroit atypique et très sympa.

La Cathédrale, l’officielle est dans le même état que le lendemain du séisme. Elle est d’architecture européenne  et terriblement endommagée, personne n’y a accès. Pourquoi ils ne l’ont pas encore restaurée après tant d’années nous demanderiez-vous. C’est LE débat local : restauration ou destruction complète. Des associations et des parties représentant la société civile sont en procès contre le conseil régional qui voudrait autoriser la destruction. Une partie veut préserver le patrimoine historique de la ville et une autre veut profiter des travaux pour une reconstruction moderne, homogène et pratique. Qui gagnera ?

La « Cathédrale provisoire » est étonnante, plus connue sous le nom de « Cathédrale en carton » en raison des 96 cylindres en carton qui ont servi à sa construction. Une architecture atypique, épurée et minimaliste. Juste à côté, se trouve un site qui rend hommage aux 135 victimes du séisme : 135 chaises de différentes formes et tailles, toutes peintes en blanc, appellent le visiteur à venir s’asseoir et penser aux victimes. 

Malgré la présence du souvenir douloureux du séisme à tous les coins de rue, nous avons trouvé la ville très cool, et son atmosphère bien paisible : il n’y a pas beaucoup de véhicules, pas de bouchons, pas de bruit, les bâtiments sont assez bas dans l’ensemble, des cafés et des bars sympas, des jardins verdoyants. Y circuler à vélo est un régal.

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Humiliée dès le premier col.

5 Novembre. La météo est annoncée encore correcte quelques jours dans la région proche, juste ce qu'il nous faut pour découvrir la péninsule de Banks. Après la sortie de Christchurch, un parcours VTT facile vous emmène le long du lac Ellesmere, le plus grand de NZ, et le moins profond, 2 m. 

Blasés des divers canards et cygnes noirs, il nous vient l’idée de nous échapper pour aller glaner un petit col, qui mène sur l’autre rive de la péninsule. D’après la carte, ce ne sera pas bien long. Nous montons tranquillement, à une vitesse permettant de profiter du paysage. Les virages se font serrés et la pente importante. Nous n'avons plus le loisir de jouer les contemplatifs, il faut rassembler ses forces. J’ai les yeux rivés sur le compteur. 9 %, 10%, misère, ça ne va pas continuer longtemps comme ça. Ça continue. 11 %, au secours, j’atteints ma limite. 12%, pitié, c’est l'agonie toute proche ! Une ultime épingle à cheveux, je me concentre et continue à appuyer sur les pédales comme une malade. Je vois mon chéri arrêté, il est arrivé. Ce n’est pas le moment de lâcher. Et là, comme à chaque fois que la pente est trop raide, je déclipse mes câles et v’la, le pied qui rippe, et c’est les 2 sabots au sol, l’arrêt tout net, si près du but, sous les yeux d’un observateur goguenard. La loose, la rage, l’humiliation….

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Le lendemain : la vie en pentes

La vie n’est pas une grande ligne droite. Ni droite ni plate. Elle tourne à gauche, à droite, descend une grande côte puis en remonte une plus longue…  Et on laisse les côtes surmontées derrière soi pour entamer celles qui s’en viennent.  La vie est donc exactement comme un tour de vélo dans la péninsule de Banks.  Wow,  la métaphore du jour.  Parfois, quand je suis sur mon vélo pendant plusieurs heures, je ne sais plus à quoi penser, j’ai fait le tour de tout ce que j’avais à penser. Je me plonge donc, à mes dépens, dans des pensées poétiques !  Mais aujourd’hui, j’ai du mal à faire le poète. On commence par rouler sur du plat, puis ça se met à grimper à plus de 10%, comme hier, on s’attendait à une pente, mais pas comme celle-ci…On a beau se dire que tout ce qui monte finit par redescendre, ce genre de côte nous ruine, physiquement et mentalement. D’autant plus, que nous sommes samedi, ils se sont tous donné le mot, ils sont tous là sur la route, les locaux, les touristes, les motards (les pires) et vas y que je te frôle en faisant le plus de bruit possible. A un moment, j’en ai tellement marre, que j’échafaude quelques projets : n°1, ne pas renouveler mon adhésion au club des 100 cols. N°2 : jeter le vélo dans le fossé. Vous avez trouvé drôle la philosophie de Bruno : « le vélo, il suffit de faire tourner vos jambes, gauche droite, vous finirez bien par arriver…. » et bien moi, je vous le dis, c’est un gros menteur, à cette allure, on n’y arrivera jamais. On finit par arriver. Et on commande une bière au bistrot du col. La vue sur la baie est magnifique, on demande pour camper, refus. De rage, on se casse, on met le reste de la bière dans la gourde pour la boire plus loin, et vous ne devinerez jamais comment ça s’est passé. Alors, la gourde mal fermée a fui et on en a perdu la moitié. Il nous faut un sacré moment pour retrouver la bonne humeur, mais une fois la tente installée au bord du lac, en dégustant le petit reste de bière, on rit comme des baleines de notre journée. Ça doit être nerveux !

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Bon, nous sommes quasi à Akaroa, et puisqu’on a gravi le col hier, ça va aller. Ah ah, les gros naïfs. De la côte encore, mais c’est vrai qu’à côté de celle d’hier, c’est cadeau, ce ne sont pas plus de 3 collines. Au sommet de la dernière, madame police woman qui nous a vu en baver en montant, nous fait descendre en ville par un petit raccourci qui penche à 17 %, et évidemment, on ne s’amusera pas à remonter par là.

La route nous a donc portés à Akaroa, une petite douceur française au bout du monde. Akaroa, ça a failli être français, car il y a eu tentative de colonisation de l’île de Sud de Nouvelle Zélande. Jean-François Langlois, un capitaine de baleiniers avait acheté les terres de la péninsule aux Maoris pour seulement un millier de francs, dans le but d’y établir ensuite une colonie française. Mais après être rentré en France, il a fallu 4 années pour qu’une expédition de colonisation soit montée… Trop tard, quand les navires français débarquent, leTraité de Waitangi  vient d’être signé entre les anglais et les Maoris, et la Nouvelle-Zélande appartient aux Anglais. Quelques français sont restés à Akaroa, comme vous pouvez le constater sur les photos, certains lieux ont des noms évocateurs : rue jolie, place de la poste etc…. Nous faisons une rando sympa avec Joelle, rencontrée au backpaker. Nous nous retrouvons dans un champ parmi girafes et Rhinocéros, surprenant sous ces latitudes..!

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