• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

Au Nord du Yunnan, on trouve encore un soupçon de culture tibétaine, vraiment un soupçon. Les autorités du Yunnan font un gros battage pour promouvoir le tourisme dans cette région, il lui ont même attribué le nom marketing 'Shangri-la' sensé avoir un rapport avec le lieu imaginaire inventé par l'écrivain américain J. Hilton dans les années 30...

IMG 1895

IMG 1894

Nous nous sommes bien fait avoir en allant visiter le grand monastère de Shangri La !

Respectez la religion bouddhiste, tu parles d’une blague ! De la part d’une nation qui a perpétré un véritable génocide culturel vis-à-vis du peuple tibétain… on ne compte plus les tibétains (dont les nombreux moines) massacrés, les monastères détruits. Mais voilà, plus tard, les chinois se sont rendus compte que ces lieux de culte pouvaient devenir des lieux éminemment touristiques, et pour ne pas laisser passer cette manne financière, ils en ont reconstruit certains, rendant leur accès payant. C’est ainsi que la TAR est devenue une région de tourisme pour riches, car en plus des droits pour les permis, il faut s’acquitter de sommes rondelettes pour toutes les visites. Ils ont « élevé » quelques moines, comprenez « dressés à leurs bottes », ils en ont fait des fonctionnaires soumis qui donnent un semblant de vie dans ces monastères qui ne sont que l’ombre d’eux-mêmes. Dans le Tibet de l’est, les chinois ont relativement épargné ces monastères et ces moines, sauf dans les coins devenus touristiques. A Shangri La, où nous sommes actuellement, nous avons été témoins d’un spectacle désolant. Le grand monastère a été retapé, tout beau tout clinquant, les peintures itou, les toits dorés brillent de tous leurs feux, bref, c’est comme neuf. Des moines, il n’y en a quasi plus (alors qu’il y en avait 600), ils ont du garder les plus dociles….qui d’ailleurs roulent en 4 X 4 flambant neufs. Du coup, le touriste ne visite que des bâtiments vides, sans âme, et pour cela, il doit passer à la caisse : 85 Y, soit 9 euros, une somme exhorbitante pour la Chine. Ticket sur carton glacé, code barre et compostage obligatoire. On croît rêver, mais non, l’arnaque est bien là, !

IMG 1889

Alors, si on a un conseil à donner : pour voir des vrais moines, des vrais monastères, des vrais bouddhistes, ce n’est pas ici qu’il faut venir !!!!

Il faut foncer au Nord ( provinces du Sichuan et du Qinhai), au Nord de Litang (ne pas confodre avec Lijiang...), là, le tourisme est faible, les tibétains sont encore vrais, sincères, car à Shangri La, la flamme est définitivement éteinte !

IMG 1900

IMG 1899

Un moinillon élevé aux nouilles chinoises....que voulez vous que ça fasse de bon ?

Rien d’autre à dire de Shangri la, ville touristique, boutiques, bars branchés..…

IMG 1924
IMG 1926
IMG 1927
IMG 1933
IMG 1935
IMG 1936

11 12 octobre. La route qui nous emmène à Lijiang est bordée de prairies aux belles couleurs automnales et de petits restaus qui font sécher de la viande de yack. Nous y faisons un arrêt à midi. A bout d’une centaine de km, (contre 60 attendus d’après la carte…) nous arrivons à Qiaotou qui marque le départ de la visite des célèbres gorges du tigre. Nous ne ferons pas cette visite, la météo est encore incertaine, et nous devons maintenant nous rendre vers un aéroport international sans trop musarder. Après une bonne nuit, nous partons pour Lijiang, cette étape est plus difficile car il nous faut récupérer l’altitude perdue hier.

Lijiang, haut lieu du tourisme, il y passe 4 millions de chinois par an. La ville ancienne a de beaux restes, mais elle est bondée de touristes en goguette ! C'est Annecy l’été en pire. Pour satisfaire ce troupeau, les boutiques de souvenirs bidon se touchent toutes. Les Chinois ont un goût exquis, on vous montrera plus tard le genre d'articles dont ils rafollent. Lijiang, une petite ville gangrenée par le tourisme qui lui apporte argent et modernité, en lui retirant son âme.

IMG 1972

IMG 1987

IMG 1976

Le soir, c’est la cacophonie, chaque bar rivalisant de dB avec son voisin. heureusement, nous passons la nuit dans une petite baraque loin du quartier branché, chez une femme Naxi bien gentille qui est venue nous racoler à notre entrée dans la vieille ville. Son mec est un adepte du partage des tâches : elle bosse et se démène pour faire rentrer le fric, il fume et joue avec les clebs.

Sur la place paradent quelques personnages propres sur eux, vêtus de costumes traditionnels, visiblement payés par la ville, bref, une mascarade immonde. On n’en veut pas de tout ça, on reveut de la nature vraie avec du tibétain qui sent le yack. Y’a plus de tibétains dans le coin ? Alors, qu’on nous serve du Baï, du Dai ou du Naxi qui pue le cochon noir, mais on veut du vrai, de l’authentique !

13,14 Octobre. La route qui mène à Dali est pas mal passante, elle réserve ça et là quelques beaux points de vue avec des rizières jaunes. C’est l’époque des moissons, à la main, les paysans s’agitent dans les champs. Plus loin, l’urbanisation va galopante et le trafic devient intense.

IMG 1997

IMG 1998r

15, 16 Octobre. Commence le parcours du combattant : aller de ville en ville en bus = galère, car il faut démonter les vélos pour les mettre dans le bus, les remonter à l’arrivée, chercher un hôtel, souvent très éloigné de la gare routière. Au petit matin, se diriger vers la gare routière, redémonter les vélos et ainsi de suite. Nous sommes ainsi allés de Dali à Kunming, puis de Kunming à Xin Je, d’où nous repédalerons un peu. Nous avons roulé deux heures à Kunming de nuit pour aller de la gare à la guest house, heureusement, il existe une piste cyclable. Arrivés à la guest, elle était complète, nous sommes donc repartis, la pluie s’en est mêlée, et finalement nous avons atterris dégoulinants dans un petit gourbi tenu par une famille charmante. ouf.....fin des hostilités. 

17, 18 octobre. Nous voilà à pied d’œuvre pour admirer les fameuses terrasses de Yuanyang. Ah oui, mais il faut d’abord passer à la caisse, car comme tout site touristique en Chine, d’abord tu banques, ensuite tu regardes. Payer pour voir des cultures, ça c’est la meilleure. La barrière est ouverte, nous pédalons plein pot en passant devant la guitoune, et hop, 120 Y d’économisés. En fait, ils ont aménagé les sites en construisant des terrasses d’observation, ponton, passerelle et compagnie. Les terrasses sont extraordinaires, la plupart sont pleines d’eau actuellement. Un brouillard léger inonde la région ces jours ci, ce qui ajoute encore un peu de magie à ces lieux. Nous en voyons plein d’autres sur la route qui va plus au sud, mais avec une moins jolie lumière. La route ne nous épargne pas, avec une succession d’up and down, du coup, on investit les 120 Y dans une bonne chambre. La région commence à être peuplée de minorités, les femmes ont de superbes tenues, avec des corsages brodés à la main. Ce sont de Hani et des Hi, dont les ancêtres ont façonné les terrasses. La vie est très simple dans les petits villages, ça y est, il y a du cochon noir et des buffles dans les cours.

1er
2eme
4
IMG 2077
IMG 2098

d'autres magnifiques photos de ces magnifiques terrasses : ici

IMG 2019

IMG 2003d

IMG 2021d

19 Octobre. Luchun, une ville chinoise comme tant d'autres. Il pleut comme buffle qui pisse. Nous partons, vélos sur le toit du bus, avec les poules. Bien vite, nous nous dandinons dans les ornieres d'une piste infâme, boueuse, nous manquons de nous enliser plusieurs fois jusqu'à l essieu. La route est en construction, mais le chantier est débile : les canivaux viennent d'être bétonnés, mais la montagne n'est pas purgée, la boue tombe de partout, encore 1 heure de pluie et les canivaux seront pleins de terre. Chantier à la mode chinoise, agir, puis réfléchir...

20 Octobre. J'y crois pas !

Aujourd'hui, les poules sont dans le bus. On s'en est apercus quand une odeur de fientes est venue s'ajouter à celle du thé que l'on trimballe dans de gros ballots. A midi, arrêt au restauroute, cabane en feuilles de bananier, nous sommes prévenus : arrêt de 3 minutes seulement, pause derriere les bosquets comprise. Des petites casserolles sur des tréteaux dans lesquelles on puise ce que l'on veut. C'est super bon. Oh, mais, j'y crois pas...ce sont de grosses larves qui sont mélangées aux haricots ! Confirmation des voisins hilares. 2 minutes 30, fin du repas pour nous. Putains de chinois.

21 au 24 Octobre. Nous voilà dans la région du Xishangbanna, connue pour ses minorités que l'on rencontre surtout dans les marchés. Nous en avons visité un, avec Sonia et Carlos. Nous avons vu aussi de petits villages et une pagode hexagonale, le genre de pagode inoubliable...que l'on oubliera vite.

IMG 2136
IMG 2222
IMG 2248
IMG 2251

Nous sommes basés a Jinghong, ville charmante et pas trop grande, la conjugaison des 2 étant chose rare en Chine.

Nous avons retrouvé Mantu que nous avions rencontré quand il était encore en vélo. Mais depuis, il a changé de monture. Il a acheté un kayak et va descendre le Mekong en compagnie de Martino. Ils sont un peu dingos ces 2 là, le Mekong est truffé de rapides. Bon, pas de souci pour eux, ils ont tous les points dans leur G.P.S et sont suffisemment aguerris pour faire ce genre de délire ! Mais ils en ont tout de même pour environ 2 mois....

IMG 2269

Avec Annie, Martino et Mantu

Nous sommes aussi allés jouer à cache cache au jardin botanique, tu me bottes, Annick...ouaf...ouaf...

IMG 2300

IMG 2323

Qui c'est qu'est le mieux caché ?

Et puis, il a fallu remballer les vélos, et là, pour le coup, c'est pas cool du tout !

24 Octobre : nous savourons les derniers jours. Demain, nous nous envolons pour Shanghai. Cela nous fait un sacré détour, mais c'est le seul billet d'avion trouvé pour rentrer rapidement.

Bilan Chine

(attention, ça ne vole pas toujours bien haut….) :

ou….quelques notes culturelles qu’il vaut mieux connaître pour survivre ici.

C’est vrai que les chinois crachent.

Exemple : tu te promènes dans la rue et tu entends derrière toi la préparation buccale de quelqu’un qui va cracher vraiment très fort : tu te retournes et tu vois une jolie fille entrain de balancer un énorme crachat.

C’est vrai que les chinois fument, partout et avec un grand sans gêne.

C’est vrai que le communisme, c’est fini. C’était du temps de Mao, qui doit bien se retourner dans sa tombe. Maintenant, c’est bel et bien l’économie de marché en mode accéléré, le capitalisme sauvage.

C’est vrai que la Chine avance. Projets en tout genre, logements, routes....Apparition d une classe moyenne qui consomme un max.

C’est vrai….et c’est pas vrai que les chinois sont sales :

Leurs toilettes sont indescriptibles…. En déplacement, ils ne font attention à rien, balancent tout par terre….En revanche, on peut manger tranquille dans n’importe quelle gargote miteuse sans craindre de tomber malade. Les baguettes sont à usage unique et l’eau est toujours bouillie.

C’est vrai que les chinois sont dingues d’internet. Malgré le « grand pare feu » instauré par l’Etat, les mesures destinées à surveiller et restreindre l’accès à internet sont relativement inopérantes. La plupart des sites bloqués s’ouvrent avec des proxy. Il y aurait actuellement plus de 250 millions d’internautes et 110 millions de blogs, soit la plus vaste cyber population du monde.

C’est vrai que les chinois ont de petits chiens, les gros ne rentrent pas dans le four. Ils aiment le genre chihuahua et toutes ces espèces de rats ambulants.

C’est vrai que les chinois ne rendront jamais l’indépendance au Tibet. Même le Dalaï Lama s’est résigné à réclamer l’autonomie plutôt que l’indépendance. A ce propos, les Chinois préparent sa succession et prennent des mesures pour « influencer » (c.a.d contrôler ) le prochain Dalaï Lama. Alors, « Free Tibet », on peut oublier. Le gouvernement continue sa politique de colonisation du Tibet par les Han. Ceci dit, il faut reconnaitre que les chinois ont apporté des routes, des écoles, des hôpitaux et le développement économique à un pays qui était d’une effroyable pauvreté, dirigé selon des principes féodaux peu différents de ceux de l’esclavage. Dommage qu’ils aient par la même occasion pratiqué un véritable génocide culturel, en détruisant la culture et le patrimoine tibétain. (certes, il ont parfois reconstruit...). Les Tibétains en ont assez de leur statut de citoyens de seconde zone dans lequel ils sont confinés dans leur propre territoire. C’est-ce qu’ils ont voulu faire savoir lors des émeutes de 2008 et 2009. En Chine, ces émeutes ont été essentiellement abordées d’un point de vue nationaliste qui dénigrait le peuple Tibétain et « la clique du Dalaï Lama ». Mais le problème est complexe, car demandez maintenant à un Tibétain s’il est prêt à renoncer à son téléphone portable et son 125 cm3.…

Pour finir en beauté : C’est vrai que les chinois ont une petite zezette. Mais non, cette information est purement gratuite….En fait… on n‘en est pas sûrs, mais ça doit les travailler quelque part, car voici le genre d’articles souvenir dont-ils raffolent. (désolés…..)

IMG 1965

IMG 1967

IMG 1969