• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

Un nuage lourd d'encens flotte au dessus de ma tête, les haut parleurs diffusent en boucle des morceaux des vieux de la vieille, L. Cohen, J.Joplin et consors. Dehors, les drapeaux de prière commencent une étrange valse dans le vent.

Devant moi, un drôle d'indien en chemin vers l'illumination spirituelle se livre à des exercices répétés, monte et descend sur ses jambes en agitant un long bâton.

Vous nous croyez arrivés au Népal ?

Erreur, ce n'est que Thoiry qui s'éveille, et Bruno qui s'active pour bêcher le jardin. eh oui, il faut faire fissa, plus que quelques jours avant de fouler la terre des népalais et des hippies de l'époque, nous y serons sous peu, YES ! Même si la génération Kerouac a pris la retraite, Kathmandou reste une ville mythique, et nous avons hâte d'y être. Nous réinstaller chez Surendra qui nous avait si bien dorlotés quand en 2000 nous arrivions de Lhassa efflanqués comme 2 loups ( en vélo,nous n'avions pas fait de gros gueuletons le long de la route). Tutoyer les sommets enneigés en crapahutant dans la région des Annapurnas, voilà un beau programme, mais là, faut que je vous laisse, il y a le thé au beurre rance qui va déborder sur le fourneau.

Kathmandou

drapeau nepalaisLe Drapeau du Népal: Sa particularité est le fait qu’il n'est pas rectangulaire. vous allez peut être rétorquer que ceux de la Suisse et du Vatican sont carrés....mais un carré n'est qu'un rectangle particulier, alors, le drapeau du Népal est bien le seul à ne pas être rectangulaire. Il est formé de deux triangles superposés.

Ces 2 triangles symbolisent l’Himalaya et ses hautes montagnes mais aussi les 2 religions du pays, à savoir le bouddhisme et l’hindouisme. 

Le soleil et la lune symbolisent les familles des rois et des premiers ministres. Pour les hindous, le triangle représente le Dharma (loi morale, vertu religieuse et devoirs sacrés). Le rouge carmin est la couleur nationale du Népal, couleur du rhododendron, fleur emblème nationale du pays. Le drapeau népalais est aussi considéré comme un support de prières — en effet, la lune et le soleil sont symboliquement présents dans tous les Mantras : « fasse que la Nation prospère et vive, aussi longtemps que le soleil et la lune seront présents au firmament »

10 avril 2015 : il est 6 heures, Kathmandou s'éveille.

ouf, nous arrivons, après un départ plein de surprises. La voiture de tantie qui tombe en rade alors qu'elle vient nous chercher pour nous conduire à l'aéroport, le vol retardé de 2 heures. Et puis surtout, nous ne sommes que les 2, nos amis hélas contraints de déclarer forfait. Cependant, atterrissons correctement, (le même avion, il y a pile poil un mois, a quitté la piste en se posant...) et Titi est là avec sa pancarte et son sourire.

Premières impressions : ça défrise. Où sont les rizières et les vaches sacrées ? Kathmandou a la réputation d’être la ville la plus polluée au monde et d’entrée de jeu, on y croit fortement. A l'air vicié s'ajoute une pollution sonore et visuelle intense. La population de la vallée frôle désormais les trois millions, gonflée par les migrants venus des régions les plus pauvres de l'Inde. Les habitations s'accrochent les unes aux autres dans un dédale chaotique en perpétuelle expansion. On pourrait penser à un délire d'urbaniste qui aurait pété un câble. Des façades éventrées, des constructions inachevées, et des guirlandes de fils, des fils électriques enchevêtrés qui pendent de partout comme de vieilles toiles d'araignées.

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La circulation, assez débile, les camions et busTata pourris dont même l'Inde s'est débarassée, les rickshaws, les nuées de motos pétaradant, les minivans bondés....on voit peu de vélos, faire du vélo à Kathmandou relève d'un sport extrême!!!

Tableau peu réjouissant que la magie des vieux quartiers et des lieux saints nous fera vite oublier.

Nous faisons de suite la connaissance de Sanje qui sera notre guide pour le trek et de la femme de Titi. Bruno qui a de la peine avec les prénoms retient immédiatement le sien : Sussemi ! Sussemi est une bonne cuisinière, dommage que le déjeuner arrive juste après le petit déjeuner. Vaille que vaille, mieux vaut tenir que courir.

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Ensuite, nous nous rendons au sanctuaire bouddhique le plus important de Katmandou : le stupa de Bodhnath. Celui-ci est d’une taille imposante, il passe d’ailleurs pour être le plus grand du Népal. On en trouve une illustration dans l’album “Tintin au Tibet” car, comme le sait très bien tout tintinophile qui se respecte, Hergé s’est inspiré à l’époque du Népal, le Tibet étant alors interdit aux étrangers.

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13 avril. Il est 5 heures, Kathmandou s'éveille.

Après 2 journées à visiter et finir de préparer le trek, un lever matinal nous attend. Par les rues cahoteuses et sales, c'est l'équipe au complet qui se rend à la gare routière. Le "local bus" est très local, il y pleut à l'intérieur, mais moins qu'à l'extérieur. Normalement il ne pleut pas à cette époque, mais là, si, et aux dernières nouvelles, il a beaucoup neigé en montagne, rendant les treks plus difficiles et le passage de certains cols impossible. Attendre et voir.

Le tour du Manaslu et la vallée de la Tsum

Départ de Kathmandou : nous voulons tutoyer un front de géants aux cimes immaculées, l'Himalaya !

Apocalypse road, ou comment sauver un bus avec son piolet.

Le chauffeur semble avoir toutes les qualités requises pour mener à bien sa mission : expérience, self contrôle, vue de rapace, capacité d'anticipation et d'évaluation de la dangerosité de l'andouille qui arrive pile en face. Prendre le volant sur les routes népalaises nécessite une grande habileté. La sortie de la ville est laborieuse, Kathmandou a littéralement phagocyté les villages voisins pour en faire une banlieue bien moche. Nous empruntons maintenant une mauvaise piste rendue glissante par la pluie, et qui descend vers une rivière bien gonflée. Champs en terrasses, bananiers, femmes cassant au marteau des galets de rivière. Dans un virage, notre chauffeur fait une erreur de jugement, voilà le nez du bus trop avancé du côté du précipice. Encore quelques cm et c'est le grand saut, chaque passager a bien compris que son aventure personnelle trouverait là son épilogue. Alors,tout le monde descend laissant le malheureux chauffeur à sa peine. Les roues avant du bus calées avec de grosses pierres, il s'essaie à des "marche arrière" toutes infructueuses, ça patine, mais ça ne bouge pas. Le "touriste" s'impatiente et ramène sa fraise. "faudrait creuser sous la roue avant". Mais il n'y a pas de pelle. Senje sort son piolet et creuse avec motivation. Là, l'audacieux chauffeur met les gaz et, avec une manoeuvre que l'on peut qualifier de "couillue" lance son bus plein pot en avant, et ça passe, sous les applaudissements ! Après 9 heures de bus, nous avons parcouru 170 km, nous arrivons à Arughat, changeons de véhicule pour nous rendre à Soti kola, point de départ du trek du tour du Manaslu, que voici :

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Les deux premières journées ne sont pas terribles, la marche se fait plus ou moins le long d'une rivière, dans un vallon encaissé. Quand le sentier s'élève, il faut faire gaffe aux nombreuses mules qui circulent lourdement chargées, et se plaquer contre le rocher pour les laisser passer.

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C'est le 3 ème jour que l'on commence à voir les sommets enneigés. De nombreux touristes arrivent en sens inverse, la mine défaite par la fatigue, et aussi parce qu'ils n'ont pas pu passer le col à cause des grosses quantités de neige qui partent en avalanche. On espère vraiment qu'après notre détour d'une semaine par la Tsum vallée, les conditions seront plus favorables. Il y a des lodges dans tous les patelins qui proposent le gite le couvert et parfois une douche chaude, nous sommes surpris de trouver autant de confort. De plus, Senje (guide) et Bisé (porteur) nous dorlotent. Lever 6h, départ 7 h, Senje, qui marche son thermos à la main, offre le café vers 10 heures, repas un peu avant midi, thé à l'arrivée....Senje se trimballe des boites de fruits au sirop qu'il nous donne en dessert, bref, la vie de rêve, il n'y a qu'à marcher. 

A la fin du 3 ème jour, nous laissons le sentier du tour du Manaslu pour nous engager sur celui de la vallée de Tsum, une vallée de population tibétaine qui n'est ouverte au tourisme que depuis 2008. Le sentier est raide et tout en montées et descentes, nous bouffons du dénivelé, sommes surpris par ce relief, nous ne nous attendions pas à cela.

Au 4 ème jour, nous partons sous la pluie, nous marchons au milieu de rhododendrons géants, c'est magnifique.

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Nous commençons à croiser d'intéressants personnages, comme ces 2 femmes lourdement chargées qui marchent en tricotant sous les ondées. Arrivés de bonne heure à Chumling, la jeune Tselen Pouti, haute comme 3 pommes nous emmène voir un grand moulin à prière et un village moyen âgeux.

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Nous avons aussi fait la connaissance de 2 trios bien sympa, l'un de français, l'autre de russes, que nous retrouvons dans les lodges. Le confort de ceux ci est inversement proportionnel à l'altitude, plus de douches bien entendu, des baraques de bois style "palais des courants d'air", si cela continue, on va finir avec les yacks.

Le 5 ème jour, cette fois la vallée s'ouvre vraiment, les champs de blé vert tendre en dessous des sommets enneigés sont du meilleur effet. Le mont Ganesh Himal nous toise, du haut de ses 7000 m.

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pause café

Dans les faits divers, nous déplorons que Senje ait cassé le thermos, nous privant ainsi de la pause café. Ce soir, en plus, il n'a pas voulu s'arrêter avec nos "collègues", on a continué, pour se retrouver tous seuls dans un vieux gourbi. Du coup, en arrivant, on s'est couchés et on s'est tapé quelques barres d'un excellent chocolat (merci tantie) au lit, pendant que nos 2 compèrent se gelaient grave dans la cuisine ouverte aux 4 vents.

Concernant les repas, ce n'est pas compliqué, c'est "dal bath" midi et soir. "Dal" est une soupe de lentilles épicée, "Bhat" est du riz bouilli , patates, avec parfois un peu de légumes verts, et une petite galette fine par dessus. Le soir, soupe à l'ail et dessert en plus. Manger du dal bath, c'est assurer, choisir des plats européens comme des pizzas relève d'un goût de l'aventure prononcé, voire de l'inconscience.

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C'est le 6 ème jour que nous atteignons le monastère Mo gumpa. L'itinéraire passe dans cette large vallée cultivée, puis nous traversons quelques névés et rencontrons de nombreuses personnes, hommes et femmes qui portent des hottes contenant du bois, pas moins de 30 kg sur le dos.

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C'est à Mo gumpa, 3800 m que nous faisons demi tour, il est interdit d'aller plus loin, le Tibet n'est qu'à une journée de marche. La météo est très bonne, mais il fait assez froid à l'étape. Ce soir, nous ne pouvons pas dormir au monastère, les moines ne sont pas encore là, c'est trop tôt dans la saison. Nous redescendons et c'est à Nile que nous nous arrêtons, chez l'habitant, dans une vraie maison tibétaine. On monte dans la pièce principale par une échelle de bois, on mange assis sur des banquettes recouvertes de tapis, la cuisine est faite au feu de bois, un bon accueil.

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en route pour le monastère. Le moinillon fait une pause pour envoyer quelques messages.

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Le jour 7, nous flânons un peu, en chemin, allons boire un café chez Pedma, un jeune guide qui démarre une petite affaire dans la maison familiale. Si vous passez à Chokkang, ne manquez pas d'y faire une pause, il a du bon café et est très sympa ! Dans l'après midi, une surprise nous attend : le pont que nous devons emprunter est cassé. Nous devons renoncer à la visite du monastère Lungdang gompa qui se trouve au pied du mont Ganesh Himal. Nous apprenons dans la soirée que la veille, le pont a cédé sous le poids de 2 vachettes qui du coup ont été précipitées dans la rivière. Bilan : un pont cassé et 2 vaches HS.

Un intrus dans la chambre.

La chambre est comme d'hab, sommaire. Planches disjointes pour le sol, pour les murs, pour le plafond. 2 petits lits en bois, basta. Ce soir, nous avons pris notre repas en compagnie de Jean Pierre, un français fort sympa. C'est au moment de se coucher que cela se gâte . Au dessus du lit, un monstre : 2 gros yeux globuleux, un ventre gros comme un oeuf de pigeon, des pattes musclées et velues, c'est un genre de mygale, vraiment énorme. Un court débat philosophique s'engage entre la brute épaisse qui veut l'écrabouiller, et l'ami des bêtes qui veut la laisser vivre, la capturer avec un sac plastique pour la rejeter dans la nature. Au final, c'est Annick qui décide, puisque c'est au dessus de son lit que s'est installée la bête ! Quelques coups de sabots plus tard, le monstre est toujours vivant, plus rapide que son infortuné tueur, il réussit à se barrer chez les voisins. "Good luck american guys, you'll have a lovely spider's night !"

Quelques photos de cette vallée de la Tsum :

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Si vous aimez rhodos et euphorbes, vous serez comblés

N'est pas sherpa qui veut.

On utilise souvent à tort le mot sherpa pour désigner un porteur. Le peuple sherpa est un groupe ethnique originaire du Tibet. En tibétain, shar signifie « Est » et pa est un suffixe qui signifie « peuple » : d’où le mot Sharpa ou Sherpa, désignant ceux qui viennent de l’Est.

Il y a environ 500 ans, les Sherpas ont quitté la province du Kham, située dans l’Est du Tibet pour venir s’établir dans les hautes vallées himalayennes du Népal, notamment au pied du mont Everest.

Seules ces personnes qui habitent la région du mont Everest portent cette appellation de « sherpa », les autres sont appelés « porteurs ».

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Bisé a 26 ans, c'est notre porteur. Bien que venant d'un village de la région de l'everest, il fait partie du groupe "tamang" , ce n'est pas un "sherpa". Il porte actuellement 29 kg sur son dos, toujours avec le sourire.

Parfois, il est cuisinier, ou guide, ce qui lui donne un meilleur salaire. Senje a 23 ans, est en principe guide, il parle plutôt bien le francais. Ils ne se connaissaient pas avant, mais s'entendent comme larrons en foire, ils font les pipelettes tout le long du chemin et ne nous quittent pas d'une semelle. Ils marchent juste derrière nous, toujours rigolards. Nous avons de la chance d'avoir ces 2 là, ils sont vraiment super.

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Jour 9. Nous montons à travers une forêt de bouleaux et de pins et arrivons pile poil à Namrung pour assister à une fête. Nous sommes invités à nous joindre aux villageois pour un repas, tous assis par terre dans un champ. Le thé circule, mais aussi des boissons alcoolisées, chang (bière d'orge) et rakshi (un genre eau de vie), dans une ambiance sympathique.

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S'ensuit une course de chevaux et un concours de tir à l'arc, le genre de jeux auxquels nous ne participerons pas, de peur de leur voler la vedette !

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Jour 10 La vallée s'ouvre et le Manaslu Nord (7000 m environ) joue à cache cache avec les nuages. Le but à atteindre est le petit village de Lho, mais comme nous y arrivons vers 11 h, décidons de continuer après le dal bath. C'est donc à Samalung que nous passerons la nuit, après avoir assisté à une partie des festivités d'un mariage tibétain. A partir d'ici, il fait vraiment froid, pas tant dans la journée car nous sommes actifs, mais le soir, on se les caille. Alors on s'incruste le plus possible dans la cuisine, avec les porteurs et guides. C'est le seul endroit un peu plus chaud des baraques

Jour 11, 25 avril 2015, une date qui restera dans les annales.

Tremblement de peur 

En route pour Samdo, où nous devons prendre notre premier jour de repos. Départ dans le crachin, mais cela s'arrange au fil de la montée, les nuages se déchirent en dévoilant les sommets. Il est 11 heures quand nous arrivons dans une petite guest house, hyper sommaire. Alors que Norbu le maitre des lieux commence à préparer le dal bath, nous allons aérer la chambre et les couvertures, qui sentent aussi bon que les pieds de Bisé, et cela, c'est une vraie référence. Désolée pour cette digression dénuée d'intérêt, mais après avoir subi les affres des pieds de Bisé depuis des jours, en parler a quelque chose de libérateur.

C'est bon les émotions, mais pour le coup, celles que nous allons vivre là sont quand même un peu fortes. Je suis à l'extérieur et sens tout à coup le sol bouger sous les pieds, latéralement et en hauteur, comme si un éléphant furieux me poussait violemment par dessous. Je regarde cela en me disant que le sol va s'ouvrir, et quid de moi alors? Bruno voit le plancher de la chambre s'élever et redescendre rapidement, et recommencer, et se demande quel est cet étrange phénomène. En même temps, en face, un énorme glacier s'écroule et déclenche une gigantesque avalanche. Sur la droite, c'est un pierrer qui dévale les pentes plein pot. On regarde cela, abasourdis, tout en continuant notre danse singulière sur le sol en convulsions. Cela dure peut être une minute mais elles sont très longues, les secondes de cette minute là ! Villageois et touristes sortent des baraques, le chorten qui se trouve à quelques mètres de nous voit son chapeau s'écrouler comme un château de cartes, mais les maisons tiennent debout, c'est déjà cela.

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Le chorten sans son chapeau 

Les villageois vivent très mal la situation, Senje et Bisé n'en mènent pas large, on essaie de les rassurer en leur racontant que contrairement à ce qu'ils croient, ce n'est pas la fin du monde, et en tentant de leur expliquer ce qu'est un tremblement de terre. Nous leur disons aussi que nous avons survécu à la première secousse, la plus grave, nous semble t il, donc qu'il n'y a pas lieu de paniquer. Mais là, la réplique se pointe, un peu moins forte que la première séance, mais cela bouge encore beaucoup trop à notre goût, toujours pas moyen d'échapper à cette fameuse danse. La terreur s'installe autour. et . nous commencons à être à court d'arguments. Nous passons à notre chambre récupérer des affaires chaudes et une couverture, parce qu'on ne sait pas comment cela va tourner cette affaire...et à 3800 m, il ne fait pas chaud. On voit les 5 tchèques pris de panique courir vers la vallée, ce qui ne nous parait pas être la bonne solution, car pour avoir parcourus des sentiers bien escarpés à la montée, dans une gorge encaissée, il nous semble peu prudent de s'y aventurer maintenant ( plus tard, nous apprendrons qu'ils ont effectivement eu tort). L'endroit où nous sommes ne craint pas grand chose, c'est un plateau à l'abri des avalanches, le "seul" risque étant que les maisons s'écroulent. Le logeur de Françoise et Gérard leur monte une tente car il vient de constater que sa maison était fissurée, nous n' avons pas de tente, mais nous avons relativement confiance en la maison de Norbu, assez basse et bien construite, en tout cas, elle n'a pas bougé pour l'instant.

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chez Norbu

Là, Senje nous apprend qu'un petit cyber café fonctionne, on y court, et après plus d'une heure en plein vent glacial, on parvient à balancer quelques mails et quelques lignes sur Roulmaloute pour dire qu'on est vivants. On se doute bien qu'après des secousses comme celles ci, tout le monde n'aura pas cette chance. Nous rentrons nous réchauffer "chez nous" , enfin, chez Norbu où rien ne va plus car le grand Lama a lu dans ses tablettes qu'une grosse secousse va arriver à 21 h. Nous aurions préféré l'avis d'un sismologue, mais dans ces patelins, il y a plus de Lamas que de scientifiques avertis. Par respect de leurs croyances, on se la boucle, et après un repas autour du feu, au dodo, et surprise, on dort relativement bien, jusqu'à 5 heures du matin, heure à laquelle le lit se met à bouger dans tous les sens, et ce, indépendamment de notre volonté....Le grand Lama s'est gouré dans ses horaires.

Jour 12.

Pour les marcheurs qui sont là, il va falloir décider dans quel sens marcher.....vers la vallée ou vers le col...Pour nous, c'est clair, c'est vers le haut qu'il y a moins de risques. Nous commencons à apprendre quelques nouvelles, en particulier que nous sommes tout près de l'épicentre (une quarantaine de km) et que près de Kathmandou, cela a été terrible. ( c'est plus tard que nous en apprendrons davantage, avec les premiers bilans des dégâts). Nous "profitons" au mieux de notre journée de repos, Senje a un appel de Titi qui nous demande de ne pas rebrousser chemin, ce serait trop dangereux, il nous faut absolument passer le col, pour redescendre dans une autre vallée, moins touchée. Nous sommes contents et un peu rassurés que nos avis convergent.

le 13 ème jour, nous nous mettons en route pour le dernier refuge avant le col, Dharmashala. A 4500 m, ous sommes déjà dans la neige, ce qui n'est pas le cas en temps normal. La sinistre réputation du camp est tout à fait justifiée. Quelques chambres sont disponibles, mais chez nous, les vaches sont mieux logées. Malgré le froid intense, les tentes ont un succès fou.

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Guides et porteurs sont logés dans une grande tente humide, ils ont une pauvre couverture pour 2, se caillent toute la nuit et sont contents de se lever à 3 heures pour bouger un peu, et du coup se réchauffer. Des conditions très rudes pour eux, nous comprenons maintenant pourquoi ils redoutaient tant cette nuit.

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petit dej, 3 h 30

Jour 14. 28 avril. Nous partons peu après les 3 russes et les 2 américains (ceux qui ont hérité de la mygale il y a quelques jours, vous suivez ?) Il est 3 h45 quand nous démarrons et marchons un peu plus d'une heure à la frontale. Senje est fier comme un bar- tabac ( Fernand Raynaud, puis Coluche) depuis qu'il a mon pantalon de rechange sur le cul, il n'avait qu'un pauvre survet...Les conditions sont hyper bonnes, neige dure, paysage à couper le souffle au lever du jour.

28 avril 5160 m
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L'affaire est rondement menée, nous sommes au sommet du Larke pass (5160 m) à 7 h45, séance photo, et hop, c'est parti pour la descente. Nous savions qu'elle serait scabreuse, car pentue, avec quelques traversées en neige très dure, parfois glacée, mais crampons aux pieds, cela passe assez bien. A 10 h, nous avons descendu toute la partie raide, pause pic nic et à 12 heures pétantes, attablés devant une bonne assiette de soupe de pâtes à Bimtang. Les arrivées des trekkeurs s'échelonnent tout l'après midi, le dernier arrive à la nuit tombante ! Certains en ont bavé des ronds de chapeau, enfonçant jusqu'à mi cuisses dans la neige ramollie. 

Jour 15. Très agréable descente dans une forêt de rhododendrons en fleurs pour arriver à Darapani, et c'est la douche chaude (la première depuis environ une semaine ...) . C'est la dernière soirée avec Senje, qui marque la fin du tour du Manaslu, et la première bière depuis notre arrivée au Népal.

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Le tour des Annapurnas

Jour 16. 30 avril. Senje nous quitte pour prendre un transport pour Kathmandou. Les 3 russes disparaissent sans laisser d'adresse. Françoise et Gérard rentrent à Lyon pour garnir nos caisses de retraire. Le groupe Allibert rentre aussi, certains ont bien souffert, il y a fort à parier qu'ils ne se réinscriront pas tous pour un "15 jours de rêve all included" si joliment décrit dans le catalogue. Le couple de "polders" rentre au plat pays pour panser les coups de soleil. Jessy et Luc, les américains devaient continuer avec nous, mais ils renoncent et réussissent à convaincre Franck qu'il est plus plaisant d'aller boire des bières en Inde. John l'écossais trouve une jeep pour le monter à Manang, d'où il reprendra sa marche. Il en a marre d'arriver de nuit à l'étape. Alors, il reste qui ? Nous et Bisé, tout content de continuer sur le tour des Annapurnas, il a sa famille à nourrir nous dit il. Et puis, un autre électron libre, Maca l'australien, long comme un jour sans pain. Son guide est tout petit et s'appelle Bim, nous allons donc rouler à 5 jusqu'à Pisang, après avoir passé une nuit à Chame

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Tous les chemins mènent à Chame

A Pisang le haut, nous trouvons une charmante auberge, nous aimerions y rester une journée, mais nos chefs (Bim et Bisé, bien qu'ils nous appellent "boss"....) préfèrent partir à Manang. La marche est nettement plus facile qu'autour du Manaslu, les montées sont très progressives, le sentier fort bien tracé, parfois nous marchons sur la piste qui mène à Manang et qui est empruntée par quelques 4 X 4. Eh oui, la route est déjà parvenue à Manang ! Un jour viendra où l'on fera le tour des Annapurnas en voiturre. Le parfum de la victoire, cette fierté soûle qui nous prend au sommet, ponctuant des jours d'efforts sur les chemins escarpés, n'aura jamais plus la même saveur..

Jour 18. 3 Mai.C'est parti pour une marche de rêve le long de la chaine des Annapurnas. L'après midi, le temps se couvre et nous arrivons juste avant une chute de neige, que nous regardons tomber bien confortablement installés dans un salon de thé. Il est clair que les conditions d'hébergement sont bien meilleures qu'autour du Manaslu....c'est franchement très bien autour des Annapurnas, bouffe, confort....

Manang est une ville assez importante, nous logeons (pour 1 euro la chambre, dans un bon hôtel), genre "chalet suisse", nous rencontrons Jessica et Jake, de Californie, ainsi que Rony.

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Cela fait donc 6 touristes autour des Annapurnas, alors qu'en temps normal, on parle de 200 par jour, au minimum. Nous décidons de rouler ensemble, mais après une journée de repos ici pour visiter un village, Braka, et son monastère très ancien. Des touristes allemands attendent leur hélicoptère depuis le 25 avril. Suite au tremblement de terre, qui a été sans conséquences ici à Manang, ils refusent de monter ou descendre, alors que la route est en bon état et exempte de danger objectif.....Le patron de la pâtisserie est scandalisé, il leur dit plusieurs fois que les hélicos ont autre chose à faire, il y a actuellement des situations bien plus urgentes au Népal, des blessés à secourir, des gens coincés dans la montagne à cause de glissements de terrain, etc. Au final, ils ont tellement emm.. leur ambassade qu'elle leur envoie un hélico. Nous voyons l'engin se poser et les embarquer.

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Jour 20. 5 Mai. Nous montons à Lader, 4200m, dans des paysages exceptionnels, et par un beau soleil. L'hébergement est sommaire, mais dans la salle à manger, une petite flambée salutaire nous permet de prendre le repas du soir au chaud.

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Jour 21. 6 Mai. Il y a 2 possibilités pour dormir avant le col : à thorpong pedi, 4400 m, où nous trouvons la neige et un refuge très confortable, ou au high camp, 400 m de dénivelé plus haut. Nous choisissons la 2 ème option. Bonne ambiance au refuge, nous y trouvons 4 russes rigolos.

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La soirée est courte, il fait froid dans le refuge non chauffé, la soupe est froide à peine servie, et au petit matin, à 5 heures, nous nous mettons tous en route. La montée est facile, mais un froid mordant nous attaque les mains et les pieds. Une petite maison sert du café à environ une heure du part, et une autre au sommet du col, 5416 m, atteint en 3 heures. La descente (dans la neige jusqu'à 4400m) est facile aussi, rien à voir avec celle du Larke pass....Et comme lors du passage du haut col du Manaslu, nous arrivons assez tôt pour la soupe de nouilles. Vers midi et demi, rendus à Muktinath, après 600 m de montée en neige, 1200 de descente en neige et 400 m sur sentier.

Anique

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Jour 22. Nos boss sont fatigués, nous aussi, mais eux ont trimballé pas loin de 30 kg sur le dos depuis des jours. Ils ne souhaitent pas faire une grande étape. Nous prenons donc notre temps, visitant le joli village fortifié de Jarkoth, accroché à la montagne dans un décor à couper le souffle. Sur la piste, rencontrons des pèlerins indiens qui viennent se purifier à l'eau - glacée - des 108 fontaines du temple de Muktinath. Puis descente sur Kagbeni où nous dormons. Cette ville marque l'entrée dans le haut mustang, une région du Népal fouettée par les vents et soumise à restriction (il faut un permis onéreux pour y entrer).

Jour 23 . Johmson est atteinte en un rien de temps. Nous y prenons le café et un gâteau au chocolat qui laissera des traces. C'est là que nous nous séparons de Bim et Maca, qui, goguenards, nous souhaitent bonne chance quand nous montons dans un bus bringuebalant. Eux, qui ont déja fait le trajet par le passé, ont un billet d'avion pour Pokhara. Sûr que cette route n'a pas changé d'un iota, c'est une misère, une piste cassante en diable, nous arribons à Tatopani finis, comme si on nous avait roués de coups...Jadis, les trekkers la descendaient à pied, mais elle est maintenant tellement parcourue par les jeeps et bus, que généralement on prend un transport pour gagner Tatopani. Un jour viendra où l'on fera le tour des Annapurnas en 4 x 4. Le parfum de la victoire, cette fierté qui nous prend au sommet d'un haut col, ponctuant des jours d'efforts sur les chemins escarpés, n'aura jamais plus la même saveur

Jour 24. 9 Mai. Après une nuit très agitée à cause du gâteau au chocolat, nous partons quand même, et cheminons doucement, pensant qu'on arrivera toujours à terminer l'étape. Mais c'est sans compter sur la capacité de nuisance des oeufs pourris dans le gâteau ....Il fait très chaud, et des jambes, y en a plus. Comme souvent quand on se trouve en difficulté, il y a la providence qui passe. Là elle porte le nom de "tracteur". On grimpe dans la remorque, il y a, outre pas mal de matos, une dame et ses 2 filles. C'est parti pour 5 km de pure horreur... Plus d'une heure à se faire secouer les tripes, déjà mises à mal par les oeufs. Cramponnés comme on peut à une corde, nous résistons aux soubresauts de ce carrosse improvisé qui nous jetterait volontiers dans le ravin. A l'arrivée, en plus des intestins, il nous faut soigner moult contusions et escarres....

Jour 25. Aujourd'hui, la forme est revenue. Un sentier tout en marches permet de déniveler rapidement et d'arriver de bonne heure à Ghorepani, un village constitué presqu'exclusivement de guest houses, toutes vides bien entendu, depuis le tremblement de terre, il n'y a plus grand monde sur les chemins. Une des conséquences étant une perte considérable pour tous ceux qui vivent des revenis du trekking.

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Jour 26. 11 Mai. Le boss Bisé nous réveille à 4 h 30, il tient à ce que nous soyons à Poonhill pour le lever du soleil. Une petite heure de grimpette, et nous voici en face de quelques géants, le Daulaghiri, les Annapurnas, le Machapuchare....et plein d'autres. C'est magique.

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La journée est prometteuse en escaliers. À 6 heures du matin, on en a déjà grimpé 2500. Nous redescendons prendre le petit déjeuner à la guest house et repartons pour une série d'escaliers qui nous occupera une bonne partie de la journée. Nous avons estimé avoir descendu près de 20 000 marches...

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Nous chopons une voiture pour nous emmener à Pokhara, atteinte sous un bel orage.

C'est ainsi que l'on termine la partie trekking de notre séjour. En réalité, tout s'est bien passé pour nous, malgré quelques émotions pas évidentes à gérer. Le 26 avril, nous avons eu un choix à faire, continuer ou nous arrêter...Nous avons fait le premier choix, sans doute avons nous étonné plus d'un, peut être même que notre choix est apparu comme incongru, genre : ils continuent comme si de rien n'était, alors que des milliers de personnes sont mortes. Lorsque nous avons continué, nous l'avons fait avant tout pour "sauver notre peau", nous étions convaincus qu'il était vraiment dangereux de redescendre dans la vallée. Par la suite, nous avons appris que de nombreux trekkeurs se trouvant dans cette vallée ont été héliportés. Et puis, autant Bisé que Senje tenaient aussi à continuer. Les jours qui ont suivi, nous leur demandions comment ils se sentaient car ils avaient appris qu'au village, leurs parents vivaient sous la tente. A chaque fois, ils nous répondaient : tout le monde est vivant, c'est l'essentiel, pour les maisons, on verra plus tard ! Idem pour Bim, qui à aucun moment ne s'est départi de sa bonne humeur communicative. Nos compagnons de trek ont été aussi fantastiques, et puis en marchant dans les montagnes, nous étions aussi épargnés par les médias. Bref, des imbéciles heureux...

Jour 27. 12 Mai. Pokhara est une ville très agréable, au bord d'un joli lac. Balade le matin, et rentrons à l'hôtel, juste à temps pour une séance de "shaker", courte certes, mais intense...Contrairement à celui du 25 avril, ce tremblement de terre dure peu, moins d'une demi minute sans doute, mais alors que nous sommes allongés sur le lit, nous voyons d'un coup les murs de la chambre se balancer de gauche à droite. On dirait que l'on a acquis des réflexes d'urgence : la descente des escaliers, le pantalon à la main, est rapide (nous sommes au 2 ème étage), mais pas facile, tellement cela bouge. La réplique arrive, une demi heure après, nous sommes tous dans le jardin, à l'attendre, nous savons maintenant comment cela se passe... Tout le monde est très surpris par sa violence, car même si la terre n'a pas cessé de trembler depuis le 25 avril ( on parle de plus d'une centaine de tremblements), personne n'attendait une secousse de cette amplitude. Le patron de l'hôtel reçoit un coup de fil de son fils, qui vit aux états unis, il lui annonce depuis Seattle que nous venons d'être secoués par un tremblement de magnitude 7,4. C'est pas beau le progrès ? on est là, au Népal en plein tremblement de terre, notre hôtel se balance dangereusement, on connait la poussée d'adrénaline du siècle, l'imagination du pire, des murs qui s'écroulent, du toit qui s'affale, et deux minutes plus tard, ce sont des gens vivant aux US qui nous racontent ! nous apprenons ainsi que nous venons de trembler avec une magnitude de 7,4 (contre 7,9 le 25 avril) . 

Dans la foulée, on a un mail de Jess et Jake qui nous proposent d'aller les rejoindre dans leur super hôtel qui leur parait "safe". Nous les retrouvons donc au bord de la piscine, notre Bisé, qui a lavé chemise et chaussettes, est intimidé par le luxe du lieu. Tu m'étonnes, John, lui qui sort d'un petit bled de montagnes, il en prend plein les mirettes. Malgré une espèce de paranoia latente (nous choisissons pour le diner un restau au rez de chaussée, nous nous installons près de la porte, prêts à dégager à la prochaine secousse) , nous parvenons à passer une très bonne soirée, en savourant un délicieux dal bath ! En réalité, c'est Bisé qui choisit le restau...il n'aime que le dal bath, la veille, nous l'avons trainé dans un restau coréen, et ni lui ni nous ne savons ce que l'on y a mangé...., tellement c'était étrange.

13 Mai. Il est temps de rejoindre Kathmandou, nous appréhendons un peu car après ce que nous avons entendu, nous nous attendons au pire, ville complètement dévastée, chaos général...Il n'en est rien, certes, on voit des dégâts, mais la ville n'est pas complètement ravagée, loin s'en faut, et heureusement...Nous filons chez Titi, qui nous propose de dormir dans son quartier, sous tente, comme fait une partie de la population. La vie a repris son cours, mais suite aux dernières secousses, les gens restent prudents. Un peu partout dans la ville, se sont érigés de petits campements de fortune, où les gens se retrouvent le soir pour dormir. L'ambiance est bonne, on ne sent pas de panique, tout le monde est calme, mais c'est clair qu'inconsciemment nous sommes sur le qui vive : chaque tremblement est peut-être le début d'une secousse. Ah là, ce n'est qu'un camion qui passe sur l'asphalte, ici ce ne sont que des bruits de marteau, la psychose n'est pas bien loin, sournoise et inconfortable. Chez Titi défilent ses amis guides qui rentrent de montagne, tous ont plus ou moins été secoués. L'un d'entre eux a été héliporté du camp 1 de l'éverest. Le lendemain, allons déposer notre demande de visa pour l'Inde, et passons voir Surendra, qui a fermé sa guest house....

La question est désormais la suivante, que faire pendant une semaine en attendant le visa? Rester à Kathmandou et sa vallée, non, on n'y sent pas trop. En trek....bof....pas très envie d'aller marcher dans des villages qui ont souffert. Partir donner un coup de main dans ces villages ? On n'a pas besoin de nous, il faut maintenant du personnel qualifié. Titi, qui part dans le village de ses parents pour porter des couvertures et divers matériel (acheté avec l'argent de dons d'amis français) nous propose de l'accompagner. On décline l'invitation, de crainte de se sentir un peu voyeurs.... Alors, on reprend la route, comme des tsiganes modernes, et on se dirige vers le parc du Chitwan. Après tout, une des manières d'aider les népalais, c'est de faire fonctionner le tourisme, bien mis à mal. Il faut garder en tête que le Népal n'a pas d'industries, et que le tourisme représente la plus grande entrée d'argent du pays.

Voilà, nous sommes très contents de notre séjour, nous avons fait plein de super rencontres dans un pays magnifique. Certes, concernant la tragédie, tout le monde n'a pas eu notre chance, puisque plus de 8000 personnes ont perdu la vie, beaucoup de blessés aussi.

Cependant, on a lu que le pays est complètement ravagé, que Kathmandou est entièrement détruite, c’est faux. Oui, certains sites historiques ont beaucoup souffert, oui, des villages entiers ont été détruits, mais un gros travail de nettoyage a déjà été réalisé dans certains lieux comme la cité de Bhaktapur, qui n’est pas rayée de la carte comme le laissent entendre certains médias. Si on continue d'annoncer, à tort, que tout est détruit, les touristes ne viendront plus au Népal. Les Népalais vont mourir sur place s’il n’y a plus de clients dans les hôtels, que deviendront guides et porteurs s'il n'y a plus de trekkeurs dans ce pays ? Pour s'en sortir, ces pauvres gens ne peuvent compter que sur eux et sur nous tous.

Le parc de Chitwan

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Varanasi, Agra

Après un long et éreintant parcours du combattant dans un bus poussif et tape cul, nous passons du Népal à l'Inde. Varanasi se trouve dans la plaine du Gange, la chaleur y est torride, nous prenons nos quartiers au bord du fleuve.

Peut-être la ville la plus folle au monde… 

Où peut-on voir des cadavres brûler sur des bûchers pendant qu'à côté des bandes de gamins jouent au cricket, des orpailleurs à la recherche des dents en or dans les cendres des morts, des sadhus peinturlurés se brossant les dents dans l'eau du Gange devant des vaches entrain de bouffer des fleurs mortuaires, des baigneurs nageant en contournant un cadavre flottant, des kilomètres de saris séchant sur la rive pleine de bouses ?

Quelques jours, c'est court pour s’imprégner de la magie des lieux, mais c'est aussi déroutant et fatigant ! C'est fait de bruit ou de silence, ça sent l'encens ou la merde, les fruits exotiques ou les corps calcinés, la dévotion et l'exhubérance, les couleurs et la misère, l'immobilité de la méditation et la folie de l'agitation. 

Des routes embouteillées et bruyantes où rickshaws, cyclo-pousses, voitures, vélo et motos tentent de se frayer un passage, on se perd ensuite dans un dédale de ruelles étroites, avant de goûter à l’espace retrouvé, alors qu’on marche de ghat en ghat sur des kilomètres, en bordure du Gange.

Un concentré de l'Inde en 3 kilomètres de Ghats. 

Le Gange ici, selon les croyances ancestrales, lave les hommes de leurs souillures, il régénère, a des vertus purificatrices. En dépit de la saleté repoussante du fleuve, rien ne va empêcher les indiens de pratiquer leurs ablutions dans l'eau sacrée, ils sont nombreux à s'immerger pour la prière rituelle du petit matin, nombreux aussi à s'y laver, à laver leur linge....

Les ghats - escaliers géants - permettent de descendre au fleuve, ils sont couronnés de palais, de forteresses, de temples. La vieille ville s'étend au dessus, avec ses ruelles étroites animées, ses sanctuaires, ses commerces de soie, ses écoles de yoga... plus loin le Chowk est le centre commercial de la ville, et encore plus loin le Cantonnement est le centre résidentiel. En ce mois de Mai, le Gange sacré est bien bas il coule paresseusement sous le soleil implacable. Des bancs de sable apparaissent, et l'autre rive déserte semble toute proche : pendant la mousson, la crue du fleuve recouvre tous les ghats, le niveau de l'eau peut monter de 20 m et la rive opposée est alors invisible !

 

Pour ceux que le trekking intéresse, voici les coordonnées de Chtiring (Titi), c'est un garçon hyper sympa, compétent, de toute confiance et qui parle français :

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