• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Manger le vent

Alors qu’une brise matinale me caresse le visage au sortir de l’hôtel, me reviennent les paroles d’un jeune guide indonésien qui nous avait dit un jour, alors que nous partions grimper un volcan : « today, we’ll eat the wind ». Aujourd’hui, à Tozeur, tandis que nous démarrons, nous ne savons pas encore que le vent ne nous quittera pas pendant 2 semaines. Ce vent, nous le mangerons de plus ou moins bonne grâce du matin au soir, il nous saoulera, nous hurlera dans les oreilles, ralentissant notre progression, ou l’accélérant, mais un cycliste ne perçoit que le vent de face ! Ainsi à un berger qui me demande un matin « mais ou vas-tu ? », je lui réponds « je vais manger le vent ».
Et quelle meilleure façon de le faire que de parcourir un bout de la Tunisie à vélo ?

Sur la route de « star wars »

Parmi les millions de planètes de l'univers, Georges Lucas a choisi le Grand Sud tunisien. Ce n'est pas pour rien que le premier film de la « Guerre des étoiles » (« Un nouvel espoir » - Episode IV), tournée en 1976, commence à Tatooine, ville désertique au bord de la République. Le nom hollywoodien rappelle étrangement une ville désertique bien réelle, Tataouine, située effectivement à l'extrême Sud du de la Tunisie...Depuis 30 ans, l'armée de Lucas est atterrie à plusieurs reprises dans le Sahara tunisien pour tourner les six épisodes de sa saga légendaire.Beaucoup de vestiges de ce passé galactique sont encore visibles dans le désert. A Matmata, les fans viennent par cars entiers de Djerba pour visiter ce qui reste du tout premier tournage. Dans le Chott et djerid, Lucas avait creusé des cratères et aménagé la ferme où Luke Skywalker admire les deux soleils.

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Nous y voici, aux portes du Chott el djerid, en avril 2012.  Le chott est constitué de cristaux de sel formant une couche épaisse et résistante. Une belle route goudronnée le traverse, plate comme une limande, mais balayée par l’ennemi public numéro 1, le vent.

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Craïm travaille dans ce petit bistrot. Beaucoup passent, peu s'arrêtent.

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Petit problème d'arithmétique... 

A Douz, la ville accueille l'un des marchés les plus caractéristiques du pays où sont quotidiennement vendus des produits artisanaux mais aussi, une fois par semaine, des ânes et des dromadaires. Par chance, nous arrivons ce jour là. A Douz, il y a aussi 2 clans : celui des sages qui passent la nuit dans une auberge confortable, et celui des cons. Ceux là poursuivent leur route et font étape chez Tarzan. « Une chambre, c’est une prison », qu’il dit l’ami Tarzan, « ici, dans le désert, c’est la liberté, ti vois la lune et li zitoiles ». Ah oui, même qu'en prime, sous la tente en poil de chameau, t'es balayé toute la nuit par le vent de sable. Ti fais ta bouffe aussi, mais là, nos gaillards ont été prévoyants et ont une sacoche pleine de vivres.

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Confection du repas et...... 

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....dégustation, en plein vent....

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Tarzan la banane chèche !

20 km plus loin, le café Jilili, tenu par Hamadi se trouve à l'intersection de la route menant à la belle oasis de Ksar Ghilane.

Nous en prenons la direction, mais une heure plus tard, après avoir parcouru 8km (balaises ! 8km/h !!!!), nous renonçons, le vent est fou, nous n'avançons pas. Pendant que nous trimions pour parcourir ces km inutiles, on a eu le temps de tuer une petite chèvre au café Jelili ! Pas morte pour rien, puisque Saida la femme d'Hamadi, nous sert un plat de tripes, en fait des morceaux de tuyaux et de chiffons spongieux. Bon appétit. Lecteurs en mal d'exotisme, venez faire un petit tour par là.

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Café Jelili

Nous rencontrons nos premières montées avant le village de Tamerzet et c'est en quittant Matmata, ville troglodyte,que l'on pénètre définitivement dans le massif du Dahar. 

Après une dizaine de kilomètres de route zigzaguant entre crêtes et vallées, on débouche sur un promontoire dominant le village berbère de Toujane :

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La vision est alors spectaculaire, le village se camoufle très bien dans le paysage. En effet, les maisons sont construites avec les matériaux issus des massifs voisins, et sont donc de la même couleur que les montagnes. Seuls quelques bâtiments sont couverts de chaux, donc blancs. On dénombre environ 50 familles actuellement, nombre en décroissance constante.

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L'étape suivante nous a conduit à Tataouine :

L’expression populaire "aller à Tataouine" (ou "aller à Tataouine-les-Bains") signifie aller se perdre au bout du monde.Tataouine était un bagne militaire français Il fut ouvert jusqu’en 1938, année de l’abolition des bagnes en France. Il accueillait les condamnés de droit commun et les soldats punis pour indiscipline. L’éloignement et les conditions de détention, réputées très dures, ont donné naissance à cette expression. Actuellement, la ville est surtout réputée pour la multitude des ksour qui l'entourent et remontent au XVe ou XVIe siècle Les villages berbères situés aux sommets des collines environnantes, tels que Chenini, Douiret, et les habitations troglodytiques, participent également au charme de la région. Nous ne nous sommes pas attardés à Tataouine, mais nous avons beaucoup aimé les alentours. Passer une nuit au gite de Douiret vous laissera un excellent souvenir. Nous sommes allés jusqu'à Djerba, pour voir...qu'il n'y a rien à voir ...et avons pris le chemin du retour (par Gabes) et comme le vent avait tourné, nous l'avons eu à nouveau en plein dans le pif pour toute la traversée du chott !!!

En conclusion : un joli petit tour pour se faire les jambes au printemps, le sud tunisien mérite qu'on lui rende visite. L'accueil a été excellent, notons que depuis la révolution, les touristes ne sont pas nombreux...pour notre grand bonheur...mais malheureusement pas pour ceux qui en vivent !

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Une porte de Tozeur