• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Au pays de la reine de Saba

Au Sud de la péninsule Arabique, le Yemen est bordé par le désert le plus chaud du monde, par l’océan Indien et par la mer rouge qui le sépare de l’Afrique.

Ce pays se révèle tel qu’en nos rêves d’Orient lointain. Pétri d’une histoire millénaire, traversé de routes légendaires, il possède une architecture unique et ses paysages lui ont valu la réputation d’Arabie heureuse.

Le Yemen, c’est aussi le pays de la Reine de Saba, et d’un peuple qui plonge ses racines dans la nuit des temps.

En regardant attentivement une carte, nous avons repéré qu’il possède de hauts plateaux, propices à la randonnée cycliste, et en juillet 2007, nous voilà partis pour 3 semaines.

Nous avons utilisé aussi le taxi collectif et le bus pour couvrir les longues distances ou lorsque le trafic s’est avéré trop important. Rappelons que le Yemen est l’état le plus peuplé d’Arabie.

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Sanaa

C'est par la découverte de la capitale, Sanaa, qui se trouve sur un plateau à 2350m, que débute notre périple.. En déambulant dans les rues, nous faisons un voyage dans le temps de plusieurs siècles, dépaysement assuré…

Les hommes portent une longue robe blanche et un veston leur conférant une classe particulière, un gros ceituron finement décoré leur permet de coincer le traditionnel poignard transmis de père en fils, la djambia. Parfois un fourreau supplémentaire vient garnir cette ceinture, celui du téléphone portable. La Kalachnikov est aussi très répandue et bon nombre de Yemenites en trimballent une.

Les femmes ont des allures de fantômes, mais noirs. C’est bien connu, le noir aide à lutter contre la chaleur! Emmitouflées dans leur voile, elles sont toutes pareilles. Bien sûr, on ne voit rien de leur visage, qui échappe ainsi au regard lubrique du cycliste de passage…

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Les premiers jours, je n’étais pas très à l’aise, habillée plus librement, alors j’ai fait des emplettes, et me suis affublée de la fameuse tenue, mais pour pédaler, la longue robe noire ne s’est pas révélée très adaptée, et puis avec un casque sur la tête ça faisait vraiment craignos…. Je fus vite frustrée de ne pas passer pour une Yemenite woman!!Je ne voulais pas choquer en m’habillant à l’Européenne, mais je me suis vite rendue compte que le blocage n’était que le mien, et une fois la robe noire remisée, jamais personne ne m’a reproché quoi que ce soit…

La ville de Sanaa est d'une beauté qui laisse pantois. Les façades sont superbes, la nuit elles resplendissent dans la douce lumière jaune des réverbères, et les petites fenêtres éclairées donnent une impression de féerie particulière.

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On ne se lasse pas d'arpenter les rues, nous aimons l'ambiance du souk, nous adorons traîner dans les baraques à thé et dans les gargotes où trônent les portraits des idoles sur les murs (comme celui de Saddam Hussein...)

Nous ne nous lassons pas des « welcome in yemen » que nous lancent des groupes d'enfants espiègles, allons rendre visite au chameau qui tourne inlassablement la meule du moulin à huile, grimpons sur la terrasse d'un hôtel pour voir la ville de plus haut, et la nuit arrive à nouveau, magique...

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Nous pourrions rester encore des jours ici, mais notre soif de découverte nous pousse à partir dans les villages. Un taxi nous emmène vers le ministère du tourisme, et en route, le chauffeur nous invite à brouter un peu de sa ration de qat...première expérience! Le ministère nous demande notre projet de circuit, et c'est avec un permis de circulation en bonne et due forme que nous quittons cette ville fascinante, ce qui ne nous épargnera pas une escorte militaire au cours de notre première sortie...

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Les hauts plateaux du Yemen en vélo

Nous filons découvrir ce pays qui intrigue, tant pour ses paysages que pour ses habitants.

En quittant Sanaa, nous ne savions pas encore que son enchantement aurait son pendant dans d'autres petites villes, comme à Al Hajjarah où nous sommes restés 3 jours alors que nous avions prévu juste une petite halte.

La région montagneuse de l'Ouest est splendide, taillée à la hache, ses plateaux déchirent l'horizon. Les terrasses agricoles, modelées par l'homme à travers les siècles sont un véritable chef d'œuvre.

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Les maisons, à l'architecture si originale, semblent s'agripper tant bien que mal au sommet des rochers escarpés, en témoigne le Wadi Dhar, le palais du rocher.

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Cet harmonieux mélange de cultures en terrasses et d'habitations semble sortir d'un tableau.

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Mais ces décors se méritent à grandes gouttes de sueur, les dénivelés ne nous épargnent pas. Pour nous rendre dans les villages, nous avons franchi une dizaine de cols à plus de 2000 mètres , mais à chaque fois avons été grandement récompensés. Nous avons toujours été accueillis à bras ouverts, il faut dire qu'il n'y a pas beaucoup de touristes au Yemen, surtout à bicyclette. Nous avons d'ailleurs fait l'objet d'un article dans le journal!

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Mis à part quelques enfants, nous n'avons jamais vu quiconque à vélo, le Yéménite circule en bus, en 4X4 Toyota ou en « Pijot »

Parfois quelques averses nous contraignaient à trouver refuge sous un abri ou dans une épicerie, et au cours de ces haltes imprévues, nous avons rencontré une population adorable. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés invités à un mariage. On nous a conduit sous de grandes bâches, et assis par terre par petits groupes, nous avons touillé dans de grands plats à l'aide de galettes et dégusté une succulente salta.La salta, plat national, est une sorte de ragoût relevé de mouton, de poulet et de légumes. Il n'y avait que des hommes… il faut dire que nous avons rencontré fort peu de femmes, pendant notre séjour. Dans les guest house où nous faisions étape, nous étions servis exclusivement par des hommes, leurs femmes étaient pourtant sous le même toit, mais à l'abri du regard des étrangers. 

Pour un ou deux milliers de rials (quelques euros), nous avons logé dans d'antiques demeures de pierres ornées de vitraux. Il semblerait que l'on doive la plupart de ces vitraux à des artisans juifs qui ont été invités à quitter le pays en 1948.

Nous avons été surpris de voir qu’au milieu de toute cette beauté, dans presque tous les villages, les rues sont parsemées d'immondices, la gestion des déchets n'est pas encore très au point au Yemen!!

Mais ce n'est pas ce que nous retiendrons...tant nous avons passé de bons moments à faire connaissance de ce peuple chaleureux, en dégustant un thé au lait, en partageant un repas ou en mastiquant quelques feuilles de qat !

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Le qat

Je qate, tu qates, il qate, nous qatons.....tout le monde qate....Sous aucun prétexte un Yéménite ne manquerait sa séance quotidienne. 95 % des hommes en consomment, et les femmes s'y mettent aussi!!! Ben voyons!...

Dès la mi-journée, les marchands arrivent sur la place avec leurs feuilles d'arbuste récoltées le matin, et c'est parti pour mastiquer tout l'après midi.

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Le qat est un arbrisseau. La mastication de ses feuilles provoque des effets subtils…L'arrivée de la cathine dans le sang commence par produire un effet euphorisant et donne l'impression d'être "extralucide", mais après deux heures environ, une sensation plus ou moins dépressive s'installe qui disparaîtra dans le sommeil (qui se trouve cependant retardé pour les gros consommateurs).

Mode d'emploi: sur le rameau, prendre de préférence les petites pousses, les mâcher, puis les emmagasiner l'une après l'autre dans la joue (un peu comme les hamsters...) formant ainsi une chique qui grossit au fur et à mesure de l'avancement de l'après-midi.

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A la maison, le qat se mastique le plus souvent en groupe, dans la grande pièce de réception que toute maison yéménite possède au dernier étage même dans les campagnes les plus reculées. Il semble que la stimulation intellectuelle qui s’en suit peut provoquer de grands débats…L'aspect social du qat réside essentiellement dans le rite éminemment convivial qui accompagne sa consommation.

On dit que la moitié du salaire passe dans la consommation de qat, il est donc difficile de vivre et de nourrir sa famille dans ces conditions. Les seuls qui y gagnent sont les producteurs, qui en vivent très bien. Les amphétamines très instables contenues dans les jeunes feuilles de qat obligent à ce que la consommation se fasse dans les deux ou trois heures qui suivent la cueillette si l'on veut bénéficier du maximum de l'effet euphorisant. Cette contrainte ne laisse pas place à une succession de revendeurs, ainsi le prix de la vente rapporte davantage aux cultivateurs que pour d'autres cultures, notamment et malheureusement pour le café qui est de plus en plus délaissé au profit du qat. (Moka est une ville yéménite)

Au bout du compte, le qat se révèle être un fléau national : il pèse de manière importante sur le budget des ménages, il paralyse la production de cultures vivrières ou d’exportation, il freine les autres secteurs de l’économie yéménite (les activités cessent ou sont sérieusement ralenties dès le début de l’après-midi) et constitue une menace pour la santé publique.

Pour en savoir plus sur le qat, cliquez sur le lien suivant: wikipedia