• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Ouagadougou

Burkina Faso FRNuit du 23 au 24 Novembre 2011. Observation du contenu du Boeing : une masse noire avec une rayure blanche. V’la pas qu’ils ont trouvé moyen d’aligner les 6 « nasara » (blancs) , pile poil au centre de l’avion. Débarquement : Une émotion que nous ne connaissions pas, nous posons pour la première fois un pied en Afrique noire. Préjugés, mythes des animaux sauvages, des bêtes grouillantes, des mauvaises conditions sanitaires, de la violence….Nous avons envie de voir par nous-mêmes, avec nos yeux à nous, et de vous la raconter. Afrique, nous voici chez toi.

Ouagadougou. «Nibe ogo » (bonjour en mooré, une des langues du Burkina Faso), « Laafi bala » (ça va la santé). Petit déjeuner sur la terrasse. Il fait frais qu’ils disent, 26°C à 8 heures du mat. Dans la cour en dessous, la version africaine de la machine à laver, des femmes frottent le linge en se la racontant et en rigolant, puis repartent la bassine sur la tête.

On se prend une première transpirée en cherchant un peu de l’arrrrgent….Les rares distributeurs qui prennent la Mastercard sont en panne. On vous raconte ça pour vous mettre en condition, vous faire un appel du pied, parce que des Western Union, il y en a partout. Mode d’emploi : en France, vous y déposez de l’arrrgent, et nous ici, on récupère. Cool !

Midi : on se tape un steak de zébu à l’ombre, la température grimpe, il fait dans les 35°C…Jean Marc et Jean Mi arrivent de France avec une vieille fiat punto, 1100 cm3 et 450 000 km au compteur.

Après midi, il doit faire dans les 40 °C, ça ne va jamais s’arrêter ce bordel, on traîne nos savates au centre artisanal, travail du bronze, cuirs batiks. Les artisans sont sympas et pas racoleurs.

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Un artisan qui vient du Sahel, il est forgeron et a les mains bien.....noires 

« Bonne arrivée » et « ya pas de problème ». T’entends cela sans arrêt ici. Ils rigolent, saluent le nasara d’un air un peu espiègle et surtout, ya pas de problème. Ça fait du bien et ça déstresse un peu, car franchement, débouler de Genève à Ouaga, ça fait mal ! Pauvreté, désorganisation totale…..mais les pieds dans la merde et la tête au soleil, ils te disent encore « ya pas de problème ». Comme dit Moussa, l’homme à tout faire de notre petite auberge, en parlant de ses congénères : « ici, ils sont dans la misère, mais même si tu leur mets une corde autour du cou, ils te diront encore ya pas de problème ».

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On ne vient pas à Ouagadougou pour sa plage, le Burkina est totalement enclavé entre le Sahara et les pays du Golfe de Guinée. Ancienne Haute Volta., il ne se nomme Burkina Faso que depuis 1984. Au Nord il jouxte le Mali et le Niger et au sud la Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin. Pas de mer donc pour le Burkina Faso ce qui constitue un obstacle économique de taille, tant sur le plan touristique que pour l'acheminement des produits d'importation. 

On est un peu perdus, la ville est immense, grouillante, polluée et pas facile à appréhender pour des novices. Seuls quelques grands axes sont goudronnés, on trouve vite la latérite, Il y a aussi des cultures maraichères en ville, ça surprend dans une capitale.

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Place de la nation

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Notre quartier

25 Novembre. Aujourd’hui, nous partons à pied nous faire vacciner . la chaleur est infernale, on a l’impression de porter un immeuble sur les épaules, les poumons en feu, les glandes sudoripares qui pédalent à toute vitesse et les salivaires à l’agonie.38°C fichtre. Pourtant le guide « petit futé » est formel : c’est le début de la saison fraîche, on devrait avoir maxi 35°C , c’est écrit. N’y tenant plus, on s’engouffre dans un taxi vert, dit woro woro.

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Le principe est simple, On fait rentrer le max de passagers et de bagages, on rentre à 8 dans une 4L ou une Toyota corola, cela parait inimaginable…mais c’est ainsi. Si le chauffeur n’arrive plus à passer les vitesses, c’est un passager de derrière qui s’en charge. Bon, pour rentrer dans celui-ci, il faut tirer sec sur un fil de fer pour ouvrir la portière. Une fois casé, on serre les jambes entre ses deux voisins qui eux, serrent les jambes entre leurs voisins etc. et surtout, on serre les fesses. On peut voir la route défiler sous ses pieds, à travers le plancher. Bien faire gaffe à ne pas perdre ses tongs.

Bien nous en a pris d’arrêter Mammadou, le centre de vaccination se trouve à perpette. Traversée de la ville à toute allure, les cheveux au vent, et les naseaux qui se remplissent de poussière. On arrive à midi moins dix, impeccable, ça ferme à midi. Ben non, c’est déjà fermé. Quand il s’agit de fermer, l’Afrique n’est pas en retard, le gardien s’est déjà endormi sur son banc. Il ouvre un œil, mollement. Vous zavez qu’à repasser cet après midi.
Un steak de zébu plus tard (on ne change pas une formule qui gagne), on est là. Il y a déjà foule, une longue file d’attente en plein cagnard. Mais ça avance vite, la secrétaire infirmière caissière ne mollit pas, elle a vite fait d’envoyer la piquouze, elle assise à son bureau, le client debout devant. Arrive notre tour, elle nous demande quel vaccin on veut, on lui dit que c’est contre la méningite, elle nous annonce qu’il y en a deux. On lui demande des éclaircissements, elle nous répond juste qu’on n’a qu’à choisir…elle n’en a rien à carrer. On choisit le plus cher, ça fait riche et c’est p’têtre la valeur sûre, Bruno lui propose de lui montrer ses fesses, elle rigole mais se contente du bras. Y a-t-il des effets secondaires ? Non, ya pas problème, sauf que le soir, on a toujours le bras comme une enclume.

26 Novembre.

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Elle n'est pas belle la vie?

27 Novembre. Ouaga, c’est un peu le comble du nulle part. C’est moche à pleurer. Pour se repérer, quelques grands axes, places et bâtiments importants.

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Place de la nation

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Place des cinéastes

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Place des nations unies

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Maison du peuple

On y circule surtout en scooter, en taxi, mais aussi en âne…

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L’aéroport se trouve en ville, et au sud de cet aéroport, on est entrain de construire le quartier chic pour les burkinabés friqués, très très moche, ça ressemble à un immense terrain vague duquel émergent quelques mastodontes très chers. Plusieurs ont été financés par Kadhafi.

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Mais Ouaga vit : il y a plusieurs endroits assez sympa comme les marchés, des bars restau en plein air avec concerts, ça s’appelle des maquis, il y a aussi quelques bonnes tables…enfin…pour les standard locaux. En tout cas, cela fait 4 jours que nous y sommes, sans nous ennuyer. Ce matin, nous sommes allés à la messe (sic…oups…warf warf…), ça vaut son pesant de cacahuètes.

Un aperçu d'une messe au Burkina ici 

C’est long…très long, les chants sont magnifiques, il y a même des danses, tout le monde est endimanché, sauf ....Aujourd’hui, c’est un lycée technique qui est à l’honneur. A la fin de l‘office, nous sommes invités à une petite fête par la directrice, l’occasion de goûter à la cuisine de la rue, on ne sait pas si c’est une bonne idée, souhaitons quand même ne pas avoir besoin des services de l’improbable guérisseuse qui guérit tout.

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La dirlo

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Une brochette d'élèves

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Jolie tenue

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Demain, je commence un régime...

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Demain, nous quittons Ouaga pour la brrrrousse, on s’attend à tout, en particulier se retrouver dans le trou du cul de l’univers. Alors, nous vous invitons à grimper sur notre porte bagage pour partager l’ambiance afrrrrrricaine !

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Y a pas de problème !

Tribulations africaines, de Ouaga à Bobo

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Ne cherchez pas où se trouve Temnaoré. Il ne figure sur aucune carte. Mais à Tenmaoré, il y a la mission catholique, où l’Abbé Gilles nous reçoit chaleureusement. Nous ne sommes pas encore mûrs pour dormir entre cochons et poulets, un lit dans une maison en dur nous ira bien. Nous avons avec Guy un échange très intéressant sur le pays et notamment sur les questions religieuses. 

A ce propos, en gros si tu t’appelles Guy, Claire, Thomas, tu es chrétien, si tu t’appelles Mammadou, Hamidou…tu es musulman. Mais nous avons déjà rencontré des jeunes qui se disent être un peu les deux, le Christ c’est bien, mais Allah est grand aussi, autant mettre toutes les chances de son côté.

Outre les questions stupides d’un type dont le QI ne doit pas dépasser la dizaine, nous sommes enchantés de nos premières rencontres. Voici la scène. Le gars nous arrête alors que nous sommes en plein effort, et va droit au but : « ton mari te satisfait il ? ». Malgré une réponse non ambiguë, il se met à expliquer de façon très imagée, au cas où la nasara (la blanche) n’aurait pas bien compris, qu'il se porte volontaire pour pallier à un manque éventuel. Nous rigolons et prenons congé alors qu’il est encore en pleine gesticulation, il n’y a pas que des gens normaux dans le coin !

Plus loin, fuyant le soleil brûlant, nous sommes attablés au maquis (petit restau populaire). Abdullaï, 76 piges au compteur, a une idée. Il va prendre un de nos vélos, nous, on grimpera à 2 sur l’autre, et il va rouler devant jusqu‘à Koudougou, nous « ouvrir la route » en servant d’ « escorte » . Nostalgie de son passé dans l’armée française, puis dans la police Burkinabé. Fier de son grade de sergent, il se gausse copieusement du pauvre nasara qui n’a pas réussi à dépasser la 2ème classe et qui présentement se bagarre avec une aile de poulet trempée dans un vilain ragoût.

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Parfois, nous roulons tranquille Bill et tout à coup, en rase cambrousse, il y a une personne qui arrive, puis deux, trois etc…et bientôt, ils sont tous là à nous observer en silence, ou à nous saluer discrètement.

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Le top, ce sont les cours de récréation. Là, ce sont des centaines de gosses rigolards qui foncent sur la piste, avec le bruit et la rapidité d’un train. Il faut voir ces bouilles curieuses qui nous encerclent, ils ont vu des extraterrestres. Va savoir ce qui se passe dans leurs petites têtes, il n’y a pas de chahut, ils sont plutôt timides et ne touchent rien, ils sont juste dans l’observation, et parfois se mettent à chanter. Génial !!

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2 Décembre 2011. Dans la série « Vous ne nous croirez pas » :

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Non, il n’est pas en plastique, c’est un vrai croco, on vient de lui donner un poulet vivant à bouffer, il est tout gentil du coup.

Qui c’est qui ?? Qui c’est qui est devant nous, juste là, et qui chante divinement bien ?? Ismael Lo, en personne ! Nous sommes dans la ville de Koudougou, et assistons à un grand festival de musique. Pendant quelques jours, des artistes se succèdent dans un petit théâtre en plein air. Hier soir, on a demandé au taxi de passer nous prendre à minuit. Mais à minuit, après 3 heures de concert, nous étions en plein dans la prestation d’Ismael, nous sommes restés jusqu’à la fin, soit 2 heures du mat. Le chauffeur roupillait dans la voiture, on s’est sentis un peu coupables, mais il n’a même pas râlé. Du coup, ce soir, on y retourne ensemble et on lui paie sa place : 1000 CFA , soit 1,5 euros. Au diable les varices ! 

 

3 décembre. Nous sommes toujours à Koudougou, nous pensons partir demain, ne savons pas quand sera la prochaine connexion.

3 décembre au soir : changement de programme, nous restons encore une nuit ici pour la fermeture du festival. Petite soirée avec Akka et Gilou au maquis et rentrés à 3 heures du mat...Notre vie de noctambule nous a passablement fatigués, nous n'avons pas suffisamment dormi. Nous avons logé dans un super endroit, une petite pension toute simple gérée par une fille du pays adorable, en partenariat avec une assoc. de France. Il s'agit d'une maison dans laquelle elle vit, avec ses enfants, mais avec quelques chambres et un dortoir pour les touristes, un formidable lieu de rencontres et de partage d'expériences en tout genre. Heureusement que nous avions cette adresse, car à Koudougou, il n'y a pas grand chose, nous avons visité une ferme de fabrication de spiruline, une des seules choses à visiter ici.

En moins de 2 semaines, déjà 3 expériences culinaires qui resteront dans les annales.

La première se passe à Koudougou chez Irène. Dans la cuisine, le repas se prépare. Il s’en échappe une odeur de folie, le surstroming, ce n’est presque rien à côté. Soit on fait cuire un rat crevé, soit un poisson pourri, ou les 2 mélangés, oui, ça doit être ça, un mélange de rat crevé et de poisson pourri…Nous avons une chance inouïe, nous avons annoncé que nous mangions en ville. Attablés au maquis à déguster un poulet à l’ail délicieux, nous rigolons en pensant à ce à quoi nous avons échappé. Prise de renseignement faite, il s’avère que le coupable n’est qu’une épice, le soumbala. Si un jour on vous propose du soumbala, ne réfléchissez pas, fuyez

Dans la série, « on dirait que ça en est, et pourtant, ç’en est pas ». Devant nous, une assiette de « To « , une pâte blanche , généralement à base de mil, ça ressemble à une polente collante, jusqu’à présent, ça va. Le problème, c’est la sauce. Imaginez une gamelle de morve, de la morve marron verte, il y en a une pleine gamelle. Plus gluant, y a pas. De la purée de limace à côté, laissez moi rire… Ça glisse de la louche et flop, la v’là dans l’assiette. On ne va jouer les bégueules, on est là pour découvrir, n’est-ce pas…On observe le contenu de l’assiette, désespérés, on ferme les yeux, et hop, on va y faire glisser dans le gosier, si si, il le faut. Ça passe, mais il n’y aura pas de deuxième cuillère, là franchement, ce n’est pas possible. Pour sauver la face, on va dire que la faim nous est passée. Vite, vite, 2 cafés siouplait. 

Alors là, l’histoire se passe chez Catherine. Aujourd’hui, le plat du jour, c’est de la biche. Allons y. Ben non, on n’y va pas. La biche est archi faisandée, Catherine nous l’a présentée comme emboucanée, mais le blanc là, il la sent à un stade plus avancé dans la pourriture. Question de repères…On se regarde. Que faire ? La providence est avec nous, un chien efflanqué passe, on lui jette un morceau, ce con le flaire, tire ses narines en arrière et fout le camp. Un autre arrive, celui-ci est moins regardant, il se tape le contenu des 2 assiettes et repart le bide gonflé comme un ballon de baudruche. L’histoire ne dit pas s’il a survécu.

Une nuit dans un village.

Cette fois, ça y est, on a dormi au milieu des cochons, des poulets, avec un âne attaché derrière la tente, à 2 mètres même pas. Cet idiot, calme de jour, a hurlé toute la nuit. Il a voulu faire chier les « nasara ». Pourtant tout avait bien commencé. Arrivés au bled, accueil plus que formidable, le chef, Raphael, nous propose de camper dans sa cour, nous propose un bain à la rivière, un verre de pastis à l’apéro. Nous l’emmenons 3 cases plus loin, chez Edwige, qui vend des assiettes de riz. Entretemps, nous avons acheté un morceau de chèvre grillé, c’est la fête. Raphael maitrise pas trop mal le français, nous raconte sa vie, celle du village, leurs soucis avec l’eau. La rivière coule ici, une société tire l’eau avec une motopompe pour l’emmener à 60 km, mais le village ne peut pas se connecter pour irriguer. Ils se contentent donc d’aller chercher l’eau avec les bourricots pour arroser. Finalement, c’est peut être pour a qu’il criait, l’autre…

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Edwige

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L'ancêtre, ce n'est pas le chef, mais il prend des décisions importantes. Si on a bien compris, c'est le chef coutumier.

La « route rouge » , ça veut dire la piste, « là où y a pas goudron ». Il faut qu’on se méfie, on commence à parler africain…En campagne, on n’a pas forcément appris le français, ou alors très peu, on baragouine. Sujet, verbe complément, « moi manger banane » pas de conjugaison, ignorance du comparatif. Par exemple, il nous est arrivé de demander si la piste allait devenir « meilleure », pas compris, on essaie « plus bonne, ou moins mauvaise », ça ne marche pas non plus. Qu’est-ce qu’ils sont médisants et moqueurs ces « nasara ». Est-ce qu’ils savent parler le Mooré, le Djioula, le Marka…. Les Burkinabé ont des expressions typiques, « bonne arrivée » pour bienvenue, « gâté » pour cassé.

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Donc, cette route rouge, elle est praticable « un peu, un peu », souvent dure, ça roule plutôt bien. Mais parfois aussi, tu roules à fond, et paf, du gravier, le vélo part en luge, on doit toujours être très vigilant. Assez rarement c’est du sable, la plaie du cycliste, et là, enlisement assuré. Les paysages n’ont rien de très beau, il y a de la poussière partout, quand on croise un véhicule, c’est l’horreur, mais alors…l’ambiance est formidable. Enormément de cyclistes, mais ils ne se promènent pas, ils vont ou rentrent de l’école, ils vont ou rentrent du champ, le bébé dans le dos, ils charrient de l’eau, des sacs de riz, des branches….

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Nos vélos suscitent des commentaires « ah vous le blanc, vous être fort. T’as un vélo trés zautomatique. Comment marcher ça? Tu dors là déssus ? Faut un permis ? Etc. »

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Symbole hideux....mais providence du cycliste assoiffé, et ça change de l'eau du puits.....

Mardi 6 Décembre en fin d’après midi, nous arrivons chez Victor, auberge en voûtes nubiennes, restau, bar…

Quelques poulets enfermés dans un panier en osier attendent une mort prochaine, d’autres courent sous les tables, sur les tables et un peu partout. Le mouvement de leurs jambes est si rapide qu’ils font penser à des cyclistes, on les appelle « poulets bicyclette », mais sont parfois rebaptisées « poulets télévisés » lorsqu’ils finissent dorés dans une rôtissoire. Ici, ils ne connaîtront pas la lampe à bronzer, il n’y a ni rôtissoire, ni électricité, ni eau courante. La cuisine, en plein air, est réduite à sa plus simple expression, une casserole posée sur le feu de bois, entre trois cailloux. Des Belges de passage il y a 6 ans ont laissé quelques couverts, ouf, nous n’aurons pas à patouiller la bouffe avec les doigts. L’auberge de la colline est sise à ras la piste. Il n’y a aucune colline en réalité, mais un petit monticule sur lequel on a construit la voûte nubienne. Ça circule pas mal, à pied, en vélo, en mobylette et pour quelques nantis, en petite moto. En voici une qui roule trop vite, v’là, elle quitte la piste et se vautre sous nos yeux. Nous restons interloqués, tandis que Victor, sans doute entraîné à ce genre d’exercice, court à la rescousse du malheureux, coincé sous son chargement. Plus de peur que de mal, il s’en tire avec quelques égratignures, la roue avant de la moto est quant à elle kaput. Il faut dire qu’avec un sac de riz de 25 kg sur les genoux, un autre sur la porte bagage et de lourds cartons sur les sacs, l’équilibre n’est pas facile à garder sur la tôle ondulée.

De l’autre côté de la piste, l’école primaire, 5 classes, 350 élèves, une arithmétique basique donne le nombre de niards par classe. A 17 heures pétantes, ils entonnent l’hymne national autour du drapeau Burkinabé hissé pour l’occasion. A peine le chant achevé, un gosse repère nos vélos et se met à courir dans notre direction, suivi évidemment par ses 349 compères. Là, on ne contrôle plus rien, c’est l’assaut. Ils veulent nous voir pédaler, et nous, crevés par 60 bornes de piste merdique, nous ne nous sentons pas de gérer la meute. Pas moyen de les faire déguerpir, il nous faut leur promettre un rendez vous. Bon, ce sera demain, mais à l’école, z’avez entendu, à l’école, et maintenant bye bye.

Le lendemain donc, on se pointe à 17h moins 5. Le dirlo leur demande de se placer sur les escaliers. En moins de 20 secondes, les 350 marmots sont rangés et silencieux, ça ne bouge plus une oreille. Nous intervenons pour leur expliquer d’où nous venons, pourquoi nous sommes là, et pourquoi en vélo. Pas besoin de forcer la voix, on entend les mouches voler. Certains posent des questions, timidement. Arrive notre démonstration de pilotage, alors là, « y en a plus silence », ils rient à gorge déployée, on ne voit plus que des dents, des yeux pleins de malice et des mains qui applaudissent. Mais chose incroyable, ils sont toujours bien rangés sur les marches. Le mouvement de foule ne commence que lorsque leurs instits tentent de dompter nos équipages. Là, l’ambiance atteint son paroxysme, ça commence à bouger grave, un coup de gueule du dirlo et hop, à nouveau rangés. Par chance, il n’y a qu’un gamin qui tente l’essai d‘un vélo.

Pas question de quitter l’école sans hisser le drapeau, entonner l’hymne national, et nous quittons les lieux, mais bien évidemment, avec tout le troupeau à nos fesses.

Jeudi 8. Aujourd’hui, il n’y a pas classe, au petit matin, il y a déjà un joli groupe d’écoliers devant notre porte. Ils veulent nous accompagner au marché, dont Victor nous fait visiter les moindres recoins. Nous découvrons grâce à lui des spécialités….très spéciales. La noix de cola, bien connue pour ses propriétés énergisantes, mais boudiou, c’est sacrément amer. Une espèce de caillou qui se mange, en fait c’est de la terre, oui, on bouffe de la terre, franchement c’est un peu dur pour nos palais fragiles, il paraît que les femmes enceintes en raffolent. Serait ce du kaolin ? On découvre aussi le fameux soumbala, l’horrible truc qui sent la mort en cuisant, et plein d’autres choses, si on vous raconte tout, nous serons encore là demain…

Victor assure les présentations chaque fois que l’on rencontre quelqu’un qu’il connait, c’est-à-dire tout le temps.

Ça donne quelque chose du genre :

« Bonjour »
« Bonjour »
« ça va ? »
« oui, ça va »
« la santé, ça va ? »
« oui, la santé ça va »
« la famille, ça va ? »
« oui, la famille ça va »
« le travail, ça va ? »
« oui, le travail ça va »

« Et pour toi, ça va ? »
« oui, ça va »
« la santé, ça va ? »
« oui, la santé ça va »
« la famille, ça va ? »
« oui, la famille ça va »
« le travail, ça va ? »
« oui, le travail ça va »

Et parfois, t’as pas encore fini qu’un type arrive, alors tu recommences avec lui…..c’est pas grave si t’as pas fini avec le premier…

Les variantes sont possibles. Par exemple, on peut dire :

« Et les affaires, ça va ? », alors, là, tu fais vachement gaffe à ce que tu réponds, en général, tu restes prudent…et tu réponds :
« ça va un peu un peu »

Nous avions appris ces salutations en Mooré, et devenus vachement balaises…mais catastrophe, …nous avons déjà changé 2 ,3 fois d’ethnie, ça ne passe plus….alors, on répond en français et ça marche bien.

Concernant ces cohabitations entre ethnies différentes, Victor nous initie à la parenté à plaisanterie. Cela consiste à s’envoyer des boutades entre ethnies, des moqueries, voire des insultes. Mais ce n’est de mise qu’entre individus acceptant implicitement ce mode de comportement. C’est aussi une manière de s’affirmer en se moquant des autres un peu comme un Français se moque d’un Belge ou d’un Suisse, à la différence près que la personne visée est toujours présente au cours de l’échange ! Ce matin, Victor a plaisanté avec ses « voleurs », ses « esclaves » etc.

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C'est pour le regard de la fille en rose...

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Midi. Retour à l’auberge, juste pour assister à l’agonie de 2 poulets, mais pas ceux des caisses en osiers. Ces deux là sont arrivés en mobylette, pendus au guidon par les pattes. La mob est pilotée par un poulet aussi, c’est le flic du coin, il fend le cou des deux bestiaux sous notre nez. Comme ils ne sont pas complètement morts (le couteau de cuisine pas bien aiguisé…) il les balance sur le sable, en plein cagnard, pour qu’ils se finissent tout seuls, il repassera en soirée avec ses collègues pour la dégustation. Tout un programme pour l’équipe de Victor. Quand ils ont fini de se tortiller, c’est Fatimata qui chope les volatiles, et hop, dans l’eau bouillante pour le déplumage. Fatimata, c’est la plus maline, les 2 autres nanas, la petite Saphoura ( qui signifie peau de serpent, joli prénom..) ,12 ans, et Bernadette, la grande, 14 ans sont deux gourdes. Victor n’est pas satisfait de leur prestation. Aucun esprit d’initiative, pas bien courageuses, pas bien dégourdies, elles font tout de traviole. On intervient avec une grande mansuétude. Cela va s’arranger, laisse leur une chance, elles arrivent droit des champs, tu arriveras bien à en faire façon etc. etc. Victor les a engagées il y a deux mois, suite à la défection de Fatimata. Voici maintenant l’histoire de Fatimata, si vous êtes toujours là, c’est que vous avez envie de savoir, pas vrai ?

Son âge, on ne sait pas trop…11 ou 12 ans…environ.., jamais scolarisée, le papa mort, la maman en survie en brousse, a envoyé la gamine bosser à l’auberge pour ramener 2 ou 3 sous. Victor était très content des services de Fatimata. Un jour, un genre d’inspecteur, en tout cas quelqu’un de haut placé dans l’enseignement s’est arrêté à l’auberge. Après avoir discuté avec Fatimata, il a été impressionné par sa débrouillardise et son intelligence. Il en a parlé à Victor, et ils ont alors décidé de la scolariser. L’inspecteur a payé un vélo, les fournitures scolaires, les frais d’inscription, dépenses que la maman ne peut se permettre. (au Burkina faso, un enfant sur 3 va à l’école…). Victor s’est chargé de lui faire faire un vrai-faux acte de naissance, elle n’en avait pas. En une écriture, elle est passée de 11 ou 12 ans à 8 ans et est entrée ainsi au CP ! En 2 mois d’école, elle a déjà appris pas mal de choses, elle est ravie, et vient passer chaque jeudi à l’auberge pour aider Victor et son équipe de bras cassés. Victor a aussi des problèmes avec les chèvres. Chaque matin, elles viennent brouter les petits arbres, il faut les chasser au lance pierres dès 5 heures du mat. Tout ça, tout ça, Victor est un type génial, d’une grande bonté et qui connait beaucoup de choses.

19 heures. Il fait nuit noire, quelques loupiotes à piles distillent comme à regret une faible lueur. Une légère fraîcheur commence à gagner la cour. 3 mecs nous invitent à gagner leur table pour boire une bière. La conversation s’engage, ils sont très sympa. Arrive le repas qu’ils ont commandé et qu’ils nous proposent de partager. Entretemps sont arrivés le vétérinaire et le responsable sanitaire de la région, avec leur bouteille de whisky. Nous attrapons un morceau de pain, et ………non, j’y crois pas……ce sont des morceaux de poulet. Nous sommes donc attablés avec les flics ! Le tueur s’étonne qu’on ne l’ait pas reconnu….euh hon, effectivement…d’abord, il est en civil ce soir et dans le noir….

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Victor en turquoise, et son équipe de choc, Fatimata est la plus petite.

10 Décembre. Nous voici à Boromo, petite ville bien moche. Il y a deux choses à voir ici, les « grandes personnes d’Afrique « , c’est-à-dire un atelier de fabrication de marionnettes géantes, pesant 30 kg pièce et qui sont portées, comme un sac à dos, pour des fêtes ou des défilés. Elles ont circulé dans plusieurs pays d’Afrique et d’Europe. Elles sont même venues en France, Chambéry, Grenoble, et en Normandie.

La deuxième spécialité de Boromo, ce sont les éléphants. Nous sommes allés marcher dans la savane pour tenter de débusquer un troupeau d’éléphants sauvages qui vient se baigner dans le fleuve Mahoum. Nous avons du nous contenter de voir leurs traces, fraîches. C’est un peu dommage, mais nous ne sommes pas dans un zoo, la balade est quand même chouette, nous marchons dans des herbes sèches plus hautes que nous. Nous repasserons sans doute un jour….

C’est la fête de l’indépendance. La télé diffuse en boucle la cérémonie annuelle de remises de médailles aux plus méritants, 800 personnes décorées en grande pompe à Ouaga, avec promesse d’une augmentation « au grand choix ». Pendant ce temps, les cotonniers crèvent de faim. Certains se sont mis en grève cette année, ils demandent une augmentation. Pourtant, ils touchent un peu moins de 0,4 euros par kg de coton apporté à la grande société de coton. Ah, mais ce n’est pas le bénéfice, car ils doivent rembourser l’engrais que la société leur a avancé. Et cet engrais est très cher, et si pas engrais, pas coton…ça donne quoi comme tarif horaire tout ça ?? Pas loin de Fifre lot.

11, 12, Décembre. En route pour Bobo, la deuxième ville du Burkina Faso. La route est maintenant goudronnée, mais nous la fréquentons peu, préférant rouler sur la « voie rouge », plus sécurit et où nous croisons des gens comme nous et pas des monstres d’acier roulant à tout berzingue. Ils te préviennent par un grand coup de klaxon, et là, t’as pas bien le choix, faut sauter sur le bas côté. Sauter est le mot juste, car entre le goudron et le bas côté, il y a une marche d’une bonne vingtaine de centimètres !

Houndé, ville de passage, c’est-à-dire qu‘il ne fait pas bon s‘y arrêter. Mais nous n’avons pas le choix, il fait trop chaud pour rouler après 13 heures. Nous dédaignons le « marquis du 3ème millénaire » et jetons notre dévolu sur « l’auberge de l’an 2000 ». Nous y prenons le désormais habituel poulet-riz en sauce. Le factotum tente de nous fidéliser pour la nuit. Il prétend que le 2ème hôtel est un hôtel de passe et, du coup, nous acceptons de faire la visite de la chambre matrimoniale. Nous avons l’habitude des pièges à rat, mais celui-ci, non, quand même, cela ne le fait pas, merci quand même. Au final, nous passons la nuit dans un centre de coopération médicale entre l’Espagne et le Burkina. .

Houndé, on ne la quitte pas, on la fuit !

13, 14, 15 Décembre. Le mot magique, au Burkina, c’est « le goudron », mais nous, on ne l’aime pas !!! Nous cherchons les pistes, les plus petites possibles, celles qui nous font rouler au milieu des champs et traverser de petits villages.

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Terroriste ??

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Aujourd’hui, en 65 km, nous n’avons croisé aucune voiture, il faut dire que sur la fin, la piste n’était en réalité qu’un sentier. Hier, un seul véhicule, un taxi brousse poussif.

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Quelques jolies cases, à 50 m de la piste, une femme nous hèle. Ses filles sont entrain de trier des céréales pour les poules, les hommes sont assis et se la racontent. Elle nous fait fièrement visiter, c’est hyper propre, bien balayé de partout, l’intérieur est spartiate, mais tout est clean et bien rangé. Ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut, parfois, en traversant des patelins, nous avons l’impression de nous être égarés dans un paysage d’ apocalypse. En fait, il nous semble que plus le village est grand, pire c’est. Les rues sont sales et misérables, des sacs plastique accrochés aux branches, ou à moitié enfouis sous des immondices, des poubelles à ciel ouvert de partout. Dans des cahutes sordides, de petits commerces en tout genre, ici le meunier, là un réparateur de tout et de rien, là, une vieille édentée a 3 piments à vendre etc. Mais partout, plein d’activité et de bonhomie.

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Pause "ombre" vers midi 

Alors que la lumière se fait rasante, nous entrons à Lena, la fête bat son plein. Les villageois fêtent la fin des récoltes. Ils se sont déjà envoyés quelques rasades de dolo, la bière de mil. Nous sommes rapidement conduits chez Messmin, un type respectable, il fait le caté, c’est vous dire !! Promesse est faite de nous loger et d’assurer notre repas, nous partons acheter le dessert. Après avoir tourné pas mal et interrogé pour trouver le Géant Casino du coin, nous devons nous résoudre, il n’y a que dalle. Par chance, un paysan a encore quelques petites pastèques, nous en achetons 4. En effet, il y a du monde chez Messmin. Tout un groupe d’enfants est arrivé, en vélo, avec un gros sac de jute sur le porte bagages. Ils sont une dizaine, garçons et filles, entre11 et 15 ans. Ce sont des collégiens vivant en brousse et qui restent chez Messmin pendant la semaine, un internat en somme. Messmin, (paysan de son état, est aussi responsable d’une association de producteurs et voit un peu plus loin que le bout de son nez) s’occupe un peu d’eux et leur laisse 2 pièces, gratuitement. Les jeunes sont autonomes pour leur bouffe, le sac de jute contient leurs vivres pour la semaine, du mil et encore du mil, un peu de riz, un oignon ou deux, basta. Nous repartons avec le nom de notre futur hébergeur, à Bala, Jérôme, un ami, qui donne aussi dans le caté. Nous nous pointons chez Jérôme, pas de bol, le mil vient d’arriver du champ, vingt sacs énormes, il faut le rentrer. Les 2 toubab (blanc, en djioula, et pas qu'en djoula d'ailleurs, un peu partout en afrique, on t'appelle toubab ou toubabou) mettent le mil dans une bassine, et la font passer. Une chaîne s’organise pour monter les bassines sur le toit. Le mil va ensuite être versé dans un tuyau qui le fait redescendre dans une immense cuve en terre, un grenier. Quelques sacs plus loin, nous sommes raides morts, on s’avachit dans une chaise longue, et on les regarde s‘agiter. Une des nanas, bébé dans le dos, donne des signes de faiblesse, elle est livide, nous reprenons notre poste. Putain d’Afrique !

Ensuite, arrive enfin la partie sympa de la soirée. Tout le monde est installé sur des chaises, voire des chaises longues, autour d’un petit feu de bois. Tout le monde, c’est les hommes, car les femmes font la bouffe, et les gamins jouent à poursuivre les cochons et les chèvres. A ce propos, nous avons pu nous doucher à la casserole, mais il a fallu d’abord virer les cochons de la salle de bain (c’est un coin dans la cour, à ciel ouvert, mais caché de la vue par un bout de mur). Le jeune Germain hésite pour donner le nombre de ses enfants, d’abord, c’est 4, puis 5, et un moment plus tard, il se ravise, non, cette fois il est sûr, c’est 6. Sa femme Françoise quant à elle, en a 4. Cherchez l’erreur ! Non, y a pas d’erreur, la 2ème femme, Mammou, en ayant 2, le compte est bon. Alors, là, on a de la peine à comprendre, le père, catholique pratiquant fait le caté, le fils a 2 femmes officielles…Je cause longuement avec Françoise, elle est allée un peu à l’école, et elle est loin d’être conne, elle trouve ça très bien, « tu comprends, si il y a une femme qui tombe malade, il y a l’autre qui assure ». Mais « surtout, tu sais, avec tout le boulot qu’on a dans les champs, ça m’arrange drôlement qu’il ait 2 femmes ! ». Mouais, je commence à comprendre, feignasse, va !! C’est fou ce que les femmes bossent ici, mais toutes ne vont pas aux champ, ça dépend des ethnies. Le matin, au petit déjeuner, il y a quatre petits groupes dans la cour autour de leur gamelle, le groupe des hommes, celui des enfants, les toubab, et enfin Françoise, Mammou et la belle mère ! Ça doit être trop bien d’être une femme ici !!

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La cour à la tombée de la nuit

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La cour au lever du soleil

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Petit déjeuner : To et aile de poulet.

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Sur la route de la mare. 

Bala est célèbre pour sa mare aux zippos. C’est parti, tour de pirogue pour approcher ces grosses bêbêtes. Enormes, ils sont énormes, quasi tout immergés, avec juste les yeux et les oreilles qui sortent, mais de temps à autre, ils sortent la tête pour respirer, wahououououhh, quel spectacle ! 

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16 Décembre : Allo maman Bobo !!!! Bonjour Bobo Dioulasso, enfin une ville digne de ce nom !

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C’est que voyez vous, messieurs dames, après la brousse profonde, on apprécie de trouver l’électricité, l’eau courante, des toilettes……..ricanez bien, hein, on aimerait vous y voir, vous, en brousse. Dans la série "avant et après", visez comment une nuit dans une auberge nous arrange le portrait ! (auberge voutes nubiennes de Boromo)

Bobo nous a été encensée plusieurs fois. Nous, on trouve que c’est juste une ville sympa où règne une bonne ambiance, mais une ville un peu miséreuse.

Nous avons décidé de nous poser à l’hôtel « l’entente », pour être au centre centre ville. Grosse erreur, un bruit infernal jour comme nuit, avec surtout une musique atroce diffusée par un haut parleur de maquis jusqu‘à 4 h du mat.dans le quartier, tout est de bric et de broc et poussiéreux, on se croirait dans un lointain faubourg et pourtant c'est le centre ville. Nous avons fait la visite de la grande mosquée et de la vieille ville en compagnie de Sedou, un Bobolais pure souche. Nous l’avons rencontré à la mare aux hyppos, sur la mobylette, en compagnie de Thiefaine, sa petite copine française. Très sympa ces 2 là, nous nous sommes revus plusieurs fois par la suite, dont une fois au « bois d’ébène », un chouette cabaret en plein air. Nous avons eu la chance d’y écouter le très talentueux chanteur Victor Démé en personne, magique !. 

A Bobo, il coule un petit marigot infect, plein de gros poissons sacrés, d‘énormes silures. Les gens y font leur toilette, dans ce bouillon de culture ignoble, avec les cochons qui eux, font leurs besoins. C’est comme le Gange en Inde, toi l’européen, tu bois une goutte de ce truc là et t’es mort. Ici, c’est naturel, c’est le chiotte des cochons, tu y laves ton linge, tu t’y laves, même les dents, souvenez vous : "il n'y a pas de problème".

La mosquée de Bobo est très ancienne, érigée en 1880. Elle aurait été construite à l’emplacement d’un ancien temple animiste. Les 2 cultes y coexistent encore et de manière pacifiste. Il existe dans le pays de petites mosquées de cambrousse au charme désuet, celle de bobo est très grande et a été retapée (trop??). Du coup, vous verrez ci dessous, la petite mosquée de Safane :

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On passerait des heures dans le quartier des artisans, forgerons, sculpteur….: Malgré la gentillesse et le mérite de tous ces artistes, en vélo, on hésite quand même à mettre un bronze dans les sacoches. Alors, une petite calebasse, peut être ? Bon, d’accord, mais une petite….

Et puis à Bobo, il y a internet, ça rame, mais cela nous permet de vous dire que nous sommes toujours vivants, et bien bien contents d’être là. L’Afrique, c’est vraiment un truc à part, mais cela ne se raconte pas trop, cela se vit. Alors, après 3 jours à Bobo, nous allons comme ils disent ici « demander la route », c’est-à-dire poursuivre notre périple, en direction de Banfora. A tout bientôt, vous nous dites qu'il a neigé en France, ici, c’est la canicule pour nous. Pour les africains, c’est la saison fraîche, c’est vrai que la nuit, il fait un peu frais, mais la journée, il faut quand même se faire un peu violence pour pédaler…. on y retourne dès demain, car c’est vraiment chouette !

De Bobo Dioulasso à Ouaga

Le 22 Décembre, nous arrivons à Banfora, en ayant fait encore mille détours, et là, hop, on s’installe dans un petit hôtel, pas luxueux….mais propre et mignon, du genre « on prend une petite revanche, là ! »

Il y a quelques jours, nous avons quitté Bobo pour nous retrouver en brousse, avec des hébergements sommaires, une paillasse, les toilettes, un trou dans la cour, sans papier, normal, t’as la main pour cela, essayez pour voir, c’est un peu déroutant….Bien repérer la main utilisée, l’autre tu la gardes pour attraper les aliments, le riz, ça va, t’es en territoire connu, tu te relaxes, mais quand arrive le to, avec sa sauce, ce truc vert et gluant, genre glaires de tuberculeux, tu commences à connaître la vraie souffrance psychologique ! Mais on ne se fait plus avoir, on connait maintenant le fotu, c’est un genre de purée d’igname et ça, c’est très bon.

Ces quelques jours furent à nouveau une superbe immersion dans cette Afrique profonde. Nous ne sommes jamais seuls à pédaler. Souvent, pendant quelques kilomètres, on roule de conserve avec des agriculteurs, qui vont au champ ou qui partent boire un coup, des écoliers, on papote avec eux quand ils parlent français.

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Nous doublons ou croisons des femmes qui vont au marché à pied pour vendre leurs produits. Une jeune fille porte sur la tête un récipient de 15 litres de dolo (bière de mil) qu’elle vend au marché 100 CFA le litre. Si elle vend tout, elle rentrera chez elle avec un peu plus de 2 euros, après avoir parcouru 16 km à pied, dont 8 avec la bassine pleine ! Au Burkina Faso, un salaire moyen mensuel, c’est 60 euros, si elle fait ça tous les jours, elle est dans la norme ! Le Burkina est 7ème au hit parade des pays pauvres, les Burkinabé triment dur pour faire vivre la famille et pourtant nous ne rencontrons pas d’aigris, rien que des gens souriants, si accueillants que ça en est déconcertant. Nous avons encore fait des rencontres plus que formidables. Le seul endroit, assez beau au demeurant, qui ne nous ait pas beaucoup plu, c’est le village de Koumi. Visite guidée obligatoire, engueulade avec le guide qui d’emblée, pour toute entrée en matière demande plus que le tarif officiel, on a failli faire demi tour, ( on s’est contentés de lui faire une grosse leçon de morale, dont il n’a probablement rien à carrer, il recommencera son cirque avec le prochain…), les gamins qui demandent un stylo, un cadeau….Des touristes irresponsables sont passés par là…Visite très encadrée donc, nous apprenons beaucoup plus en discutant avec les gens quand nous traversons des villages méconnus qu’avec un guide pressé et imbu.

Dans la rubrique « animisme » par exemple, un brave jeune dans une buvette nous donne son explication des sacrifices d’animaux : « Si ta femme n’est pas gentille avec toi, tu vas voir le féticheur avec un poulet. Tu lui racontes tes problèmes et il égorge le poulet sur le fétiche. Quand ta femme est redevenue gentille, tu retournes le voir, mais cette fois, avec un chien, ou un mouton….. ». On lui fait de drôles de gobilles, mais Drissa n‘est pas habité par le doute, ça marche à tous les coups, c’est le pouvoir des ancêtres etc. ! Nous nous sentons vraiment décalés, choc des cultures et des traditions, tous les jours, on en entend des vertes et des pas mûres, mais c’est raconté avec un tel naturel que nous en restons coi ! Tenez, j’en ai une autre : le jeune Karim, ( l’un des 10 enfants d’ d’Ousmane, chef du village de Kamkabala chez qui nous avons dormi) nous commente ses résultats scolaires du 1er trimestre. Tout roule, sauf l’anglais. Suggestion lui est faite de se faire aider par ses grands frères. Raté, ils sont encore pires que lui. Alors, les camarades de classe, ils doivent pouvoir te donner un coup de main ? Et là, le môme qui répond « ah , mais vous les blancs, vous ne connaissez pas la méchanceté ! ». 

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Chez Ousmane, là où on croit que le blanc ne connait pas la méchanceté !

A Sindou, nous dormons dans le campement Soutrala dont le responsable est l’inénarrable Tiemoko, très engagé dans son projet d’aide aux enfants orphelins ou très défavorisés. Si vous voulez les aider (parrainage, dons, soutien scolaire...), voir ici

A Tengrela, nous pensons filer droit, mais le sympathique rasta Nouhoun n’a pas trop de mal à nous convaincre de rester pour la nuit. Nouhoun est coiffeur, agriculteur, guide, et piroguier. C’est ainsi qu’à 6 h du mat, sa pirogue glissant sur le lac, nous voici à traquer d’hypothétiques hippopotames.

Au loin, 3 paires d’yeux et d’oreilles sortent de l’eau, la rame s’agite, nous avançons dans leur direction, un grognement nous avertit qu’il vaut peut être mieux faire marche arrière….

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Les deux hommes les plus beaux de la planète....d'après Annick...

Solo, du campement Farafina, à Tengrela, est un excellent musicien. Il nous a fait un immense plaisir en sortant son balafon, accompagné d’un ami au tambour et du jeune babou, 11 ans, sur un autre balafon. Entendant la musique, une dizaine de gosses du village sont arrivés, et se sont mis à danser en se déhanchant. Le plus rigolo, Abdou, haut comme trois mangues est exceptionnel. Il a le rythme dans la peau et danse déjà comme un Dieu.

Banfora est le haut lieu du tourisme Burkinabé, la campagne est belle, avec les cascades de Karfiguela, les dômes de Fabedougou, un chouette endroit, mais défiguré par une conduite d’eau, une ligne électrique, une horrible bâtisse de l’office du tourisme. Le comble, c’est que quand nous nous pointons aux cascades, il y a un groupe d’une centaine de personnes, surtout des enfants venus de France, un voyage organisé par LOREAL, pour aider des écoles du désert. Le parking est plein : de gros 4 X 4 flambants neufs, indispensables pour trimballer ce beau monde… Bon, ne soyons pas médisants…..mais nous restons perplexes et du coup, pas de baignade, pourtant il fait une chaleur infernale. Nouhoun, le coiffeur piroguier …qui a tenu à nous accompagner toute la journée est vraiment génial, très rigolo.

24 Décembre. En voici un joli cadeau de Noel : pas de vélo aujourd’hui, c’est le taxi brousse qui nous fera parcourir les 200 km qui séparent Banfora de Gaoua. Dans sa jeunesse, il transportait des fleurs en Allemagne, il porte encore la pub : « Monika’s bluemenladen ». Nous partons quand il est plein à craquer, mais quelques km plus tard, nous embarquons encore une douzaine de personnes, la moitié dedans, l’autre sur le toit….

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Devant le taxi brousse, des petits mendiants des écoles coraniques. Ce sont les seuls mendiants que nous verrons au Burkina. 

Une douche à la casserole plus tard, nous sommes opérationnels pour assister à la messe de minuit à Gaoua. Ça c’est top, un véritable concert, 3 heures d’un beau spectacle qui passent à toute vitesse !!

25 Décembre. 

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Joyeux Noel !

Voici le contenu du festin de Noel : « pâté d‘ignames en nage dans sa sauce délicatement épicée », « bœuf grillé à la mode d’ici », le tout arrosé d’ une bière brakina, made in Burkina, pour les adultes, et d‘un coca, pour les enfants.

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Le bœuf, « il a encore la force » (ça veut dire qu‘il est coriace), comme dit Franck, un petit orphelin qui est notre invité. Lui, Rafael et Alex, des gosses qui vivent dans un centre pour enfants défavorisés, en banlieue… juste à côté de notre auberge, nous ont abordé alors qu’ils roulaient à côté de nous pour aller en ville. Nos vélos les intriguaient, ils nous ont accompagnés et du coup, ils sont attablés avec nous. Sûr qu’ils n’en reviennent pas…invités par des toubab le jour de Noel !!

Pas de Noel pour les mineurs. En fin d’après midi, nous arrivons dans leur campement sinistre, un genre de bidonville.

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La petite tache blanche, c'est la lampe du mineur qui est au bout de sa corde dans le trou 

Installés pour des mois sous des bâches, à côté de leur trou, les mineurs descendent, à tour de rôle et remontent leur précieux chargement. Ils descendent donc le long d’une corde, environ 27 m sous terre, dans un trou plus ou moins étayé et remontent des morceaux de roche, qui seront ensuite broyés et dont on extraira le précieux métal. Nombre d’entre eux perdent la vie par chute, ou quand le trou s’éboule…Quand la chance leur sourit, ils gagnent pas mal d‘argent, ils achètent une grosse moto et voilou, la famille reste dans la misère. Nous ne faisons pas trop les malins dans ce genre d‘endroit, les mineurs veulent bien sûr savoir ce que l’on fout par là, s‘assurer que l‘on ne vient pas prospecter….Contre toute attente, nous gagnons vite leur confiance, nous sommes finalement bien reçus et nous pouvons même faire des photos. On demande où sont les enfants, ils nous affirment qu’ils ne les font pas travailler, c’est interdit, mas il n’en est rien, nous le savons. Les enfants sont récupérés dans les villages et déscolarisés pour les faire bosser. D’après une enquête sérieuse, environ 27 000 enfants entre 7 et 15 ans sont employés dans ces mines…. Heureusement, il y a eu prise de conscience de la gravité de ce phénomène et actuellement, des villageois groupés en assoc. se chargent de ramener les gosses à l’école quand ils en trouvent dans les mines.

Nous ne verrons qu’une orpailleuse. Elle lave de la terre et amalgame les quelques poussières d’or avec le mercure, qu’elle manipule à pleine main. Ça fait froid dans le dos, mais que lui dire, elle ne comprendrait pas….Parler des méfaits du mercure à une orpailleuse, c’est comme causer décroissance avec un poisson rouge.

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Du 26 au 30 Décembre. De Gaoua à Nazinga, en passant par de petits villages « Lobi » une ethnie qui a su lutter conte les velléités des conquérants d’Europe ou d’Afrique. Il y a peu, les hommes se baladaient encore avec pour toute tenue un arc et des flèches empoisonnées.

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Intérieur d'une maison Lobi. Mais où est le micro ondes ?

Nous passons une nuit à une centaine de mètres du Ghana. C’est le fleuve Nouhoum qui fait frontière, il y a un poste de douane, on peut donc passer au Ghana, mais en barque seulement.

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Nous pensions avoir côtoyé la misère, mais là, on touche le fond. Les gamins sont cul nul et ont le gros ventre, signe évident de malnutrition. Ils sont tout gentils, veulent pousser les vélos dans les montées…..et rigolent en nous lançant les habituels « toubabou, toubabou….. » (le blanc, le blanc…. ». Voilà un mois que cela dure, à notre passage, les gens qui gueulent « nasara, nasara, ou toubabou, toubabou », nous aurons notre revanche : quand nous verrons des burkinabé en vélo à Thoiry, nous leur gueuleront « Le noir, le noir… »

A Nako, nous remontons le moral de Rose la tenancière de la buvette « Le destin ». Elle n’est pas très joyeuse car elle a enterré ce matin un petit jeune décédé d’une morsure de serpent alors qu’il était entrain de chasser des rats dans la cambrousse. Le rat est un mets apprécié, dixit Roland qui quitte son emploi de menuisier pour nous accompagner quelques km sur son vélo jaune « La poste ».

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Dans la petite ville de Diebougou, nous avons enfin un vrai lit dans l’ auberge restau bar dancing, où nous sommes chaleureusement accueillis par Mr Dimanche, ça doit pas être évident de porter ce prénom tous les jours…

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Ci dessus, le Restau « au bon rat de la brousse ». Arrivés dans un patelin, plutôt que des sortir l’habituelle boîte de sardines, nous décidons de goûter au lièvre qui est entrain de rôtir dans une marmite posée sur le feu de bois. Bien bon, mais les pattes sont très petites, trop petites, cela nous intrigue. Renseignement pris auprès d’un consommateur, voici le verdict : ce n’est pas du lièvre, c’est du rat ! Trop tard, nous l’avons déjà englouti…., il va falloir vivre avec cette idée, on a bouffé du rat ! Une femme se précipite sur nos os pour les ronger à nouveau, et comme elle n'a plus beaucoup de dents, c'est son gosse qui fait les finitions. Bilan de l'opération : il ne faut pas moins de trois bouches successives pour poutser correctement des os de rats.

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2 Janvier. Une journée épique….Quelques kilomètres après notre départ, de gros babouins s’amusent sur la piste, des phacochères qui traversent juste devant nous, la queue bien dressée, comme dans les dessins animés…puis des antilopes cheval, énormes, à la vitesse où elles passent, elles se fouttent bien de nous. Cela n’est rien, ces animaux, bien qu’inhabituels, ne présentent pas un grand danger. Ce n’est pas le cas des éléphants, qui courent plus vite que nous ne pouvons pédaler sur cette piste sablonneuse. C’est, d’abord une famille qui traverse devant nous, puis une mère et son bébé, puis un solitaire qui avance dans notre direction…Sincèrement, sans Joel qui nous accompagne, nous aurions fait demi tour et nous serions engouffrés dans le 1er 4 x 4 de passage… Mais Joel connait bien la faune locale, il nous calme et nous rassure….., en prenant les précautions nécessaires. Nous nous trouvons dans une zone où la faune est extrêmement importante, les éléphants y sont très très nombreux. Hier, 1er janvier, nous avons été réveillés par d’énormes barrissements. Entrouvrant la porte de notre chambre, nous avons vu un gros troupeau de pachydermes passant ventre à terre à moins de 10m , pressés d’aller se baigner dans la mare. Du coup, nous avons passé une grosse partie de la journée à les observer jouer dans l‘eau ! On vous le dit, nous ne nous sommes pas saoulés au champagne, mais quel pied pour le passage à cette nouvelle année ! Toujours est il que nous avons eu envie de continuer à rouler en vélo. Nous avons sympathisé avec Joel, serveur au campement de Nazinga, et après lui avoir fait part de notre envie assortie de trouille à parcourir cette piste réputée un peu dangereuse, il s’est proposé de prendre congé pour nous accompagner… C’est donc 3 cyclistes qui se retrouvent sur une piste terrible, très, trop sablonneuse, nous obligeant à pousser fréquemment. Nous arrivons complètement cuits à Po, après une soixantaine de km très difficiles, physiquement et nerveusement…mais tellement heureux de l’avoir fait ! Merci Joel , nous te sommes d‘autant plus reconnaissants qu‘il faut que tu te tapes le retour..! C’est clair, nous allons devoir revenir au Burkina, ne serait ce que pour revoir toutes ces personnes avec qui nous avons ébauché une amitié.

Nous apprenons plus tard que Joel a trouvé un transport pour rentrer au campement, dispensé donc de la longue séance de pousse pousse au milieu des éléphants.

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Bon, on vous l'accorde, bien installé devant l'écran, c'est pas si terrifiant un éléphant !

Voici Joel :

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Ah, des réclamations ? On ne le voit pas bien Joel ? mais dites donc, z'avez déjà essayé de photographier un noir en plein soleil ? Bon, pas de problème, on va vous l'éclaircir un peu :

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Dans la série « réclamation« , certains d’entre vous nous demandent ce que l’on a fait pour le 31, on va vous l’expliquer. Fichtre, nous sommes faits comme des rats, il va falloir l’avouer : rien, que dalle !! Pas de fête, pas de cotillons, nibe qu’on vous dit. Nous nous trouvions pourtant dans un lieu enchanteur, le ranch de Nazinga, et quand nous avons demandé au personnel ce qu’on allait faire comme fête, ils nous ont annoncé la couleur : rien. L’an dernier, ils ont organisé une petite soirée sympa, musique et danse. Le lendemain, un groupe de blancs a refusé de payer son séjour, sous prétexte que la musique les avaient gênés….ils étaient venus là pour se reposer…..bref, des nases !

Donc cette fois ci, le personnel assure et ne propose qu’un petit repas amélioré, servi à 19h30 ! Comme ça, tout le monde couché à 21h 30. Remarquez, on s’en est remis, il y a bien des ratés qui n’ont toujours pas de Rolex à 50 ans, il peut bien y avoir quelques idiots qui n’ont pas fêté la saint Sylvestre au champagne !

Est-ce qu’on a l’air si malheureux ? (1er Janvier 2012)

A partir de là, rien ne va plus....Eh oui, à partir de maintenant, le temps nous est compté. Tributaires d'un billet d'avion, il nous faut penser à remonter sur Ouaga, et nous passons rapidement, trop rapidement, dans les petites bourgades de Po, Léo et Tiébélé. Quel dommage ! Car en Afrique, il faut prendre son temps, toujours ! Voici un peu plus d'un mois que nous vivons au rythme africain : pas vraiment d’horaires, ni de montre, mais beaucoup de temps pour faire les choses. Cela nous change, car nous autres occidentaux courons après chaque minute, nous aimons découper le temps, le calculer, le lire au poignet...Donc, le problème voyez vous, c'est que nous avons dû remettre le chrono en marche, fini le temps africain, nous voici entrain de calculer le temps qu'il nous reste au Burkina. Et là, mesdames et messieurs, on aimerait bien que vous vous mettiez à nous plaindre, siouplait...Bon, faîtes pas trop les malins, bientôt vous n'aurez plus à lire votre feuilleton favori, comment z allez faire ?

Tout ça pour vous dire que dans le Sud, nous avons trouvé les Burkinabé encore plus doux, plus cool...et qu'on serait bien restés un peu plus avec eux. A Tiébélé par exemple, une très très chouette ambiance, et Tiébélé est sans discussion (pour nous en tout cas...) le village le plus chouette du Sud du Burkina. C'est un village qui possède un attrait touristique intéressant, la chefferie de Tiébélé.

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La cours royale est en effet la plus grande chefferie du pays "Kassena”. Son histoire est longue mais les datations restent floues. La tradition orale fait toutefois mention de son existence depuis le temps des invasions djermabè, autour du 16ème siècle. De nombreuses recherches ont été menées afin de préciser l’historique et de déterminer plus précisément le rôle de la chefferie de Tiébélé dans l’histoire du pays kassena du Burkina Faso.

L’habitat kassena est particulièrement bien représenté avec ses décorations murales colorées (peintures et gravures géométriques)

La cours royale de Tiébélé est toujours habitée. Elle comprend :

  • Le Pourrou : Un énorme tas de déchets et d’immondices que l’on retrouve devant le site et qui est sacré chez les Kassena. A l’intérieur sont enterrés les placentas des enfants nés dans la cour du chef. C’est au sommet du Pourrou que les responsable traditionnels annoncent les nouvelles aux habitants du village. Le Pourrou de Tiébélé est particulièrement grand et atteste ainsi de l’ancienneté de la cour royale et de l’importance de la famille du chef.
  • Un figuier rouge : Il atteste également de la puissance de la chefferie de Tiébélé un ancien proverbe Kassena affirme que : “Toutes les familles puissantes possèdent un figuier devant leur cour”.
  • Les pierres sacrées : Situées à côté du figuier, ces pierres sont réservées aux princes et membres de la famille de la cour royale. Il est interdit à toute autre personne de toucher ces pierres.
  • À l’intérieur on retrouve plusieurs types de cases :
  • Les cases Rondes ou “Draa” en langue Kassena :
  • Elle sont sont réservées aux hommes célibataires et possèdent au toit conique en paille.
  • Les cases rectangulaire ou “Mangolo” :
  • Elles sont réservées aux jeunes couples. Dans la société Kassena, la femme vient habiter dans la famille de son mari.
  • Les cases en huit ou “Dinian” :
  • Elles sont destinées aux vieux couples et aux enfants en bas âge. Elles comportent généralement trois pièces : une cuisine, une chambre et une salle d’accueil. L'entrée est toute petite, on y entre en rampant quasiment
  • la case aux fétiches ou Nakongo :
  • Situé à droite de la porte d’entrée de la cour royale. C’est la maison des ancêtres de la famille royale à l’intérieur de laquelle sont jugés les habitants du village selon la coutume.

Les murs sont construits par les hommes, avec de la terre mélangée à de la bouse de vache puis battue avec un gros morceau de bois, ce qui les rend durs et très solides. Ils sont ensuite recouverts d'un crépi préparé avec de la terre de termitière. L'art de la décoration est attribué aux femmes. Après avoir lissé les parois avec leurs mains ou une pierre plate, elle tracent des motifs géométriques, des symboles protecteurs et les figures des totems du clan. La couleur se résume à trois tons : le noir est obtenu avec de la cendre et de l'argile noire pilée ; le rouge est le résultat d'une décoction de diverses plantes mélangées avec de la latérite ; la chaux ou le kaolin forme la base de la couleur blanche. Pour protéger les teintes, les femmes les recouvrent ensuite avec une préparation à base d'écorce de néré bouillie. Chaque étape de ce processus s'exécute sur la couche précédente avant qu'elle ne soit sèche. Ces décorations murales sont typiques de tout le pays Kassena et celles de Tiébélé en particulier sont parmi les plus belles. Nous avons rencontré ces femmes en visitant la cour royale, puis plus tard "au centre Jean Viars". Nous étions là avec des belges fort sympathiques, elles sont venues nous présenter quelques danses et quelques productions de peintures. Quelques unes de ces femmes sont déjà venues en France pour présenter leurs travaux.

8, 9 Janvier. La boucle est bouclée, nous revoici à Ouaga. Nous n’arrivons pas d’ un séjour dans un hôtel club sous des palmiers, on va y aller molo pour le retour au confort. Pas d’eau chaude pour la douche, mais l’eau qui sort du mur, c’est appréciable. Restaus pas forcément très clean, mais d‘où on ne ressort pas avec de violents maux de ventre. Petites soirées centre ville, au « Jamaica » les musiciens sont bons mais la sono n‘en peut plus, retour à la valeur sûre le « jardin de l’amitié » et dans divers lieux de débauche avec notre pote artiste « Akilina dans le temps » (cherchez pas, c’est son nom….), le taxi vert pourri qui vient nous chercher pour une dernière balade, du côté de l’aéroport. On ne pleure pas, pour repartir, il faut d’abord rentrer. 

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Le best off, et conclusion

Quelques arbres africains :

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Le baobab

Se contenter de peu :

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Un pêcheur nous présente sa prise, la seule de la journée....

Des panneaux qui interpellent :

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Et des stations service peu conventionnelles :

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Le plus beau vélo, "La Poste", celui de Roland :

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Du jamais vu : un vélo en bambou, celui du seul cyclotouriste que nous avons rencontré, un américain (vélo acheté au Ghana) :

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De drôles de chargements :

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Sans doute un des plus beaux villages :

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Il n'y a pas d'âge pour apprendre :

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Impossible de visiter le Burkina sans l'avoir un jour dans la main :IMG 2663

Les gosses adorent se faire prendre en photo

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Le problème, c'est que dès que tu sors l'appareil, ils se mettent à poser. Et là, t'as beau essayer de gesticuler, de pousser le cri du cochon, rien n'y fait, ils posent, imperturbables ! L'instant est solennel.

Ouf, une exception :

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Voici un Obama boy, mais il existe aussi la version fille :

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Fanchon et Fatimata, les groupies de Bruno :

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Si différents, mais au fond si semblables :

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"Tout a une fin, sauf la banane qui a deux bouts" Proverbe Africain

Conclusion : Nous voici à la fin de 6 semaines au Burkina, une expérience qui nous a profondément marqués. Nous nous remémorons les paroles de Moussa à notre arrivée, à propos des Burkinabé : "même si tu leurs mets une corde autour du cou, ils diront encore il n'y a pas de problème", et on se dit que cela donne déjà une bonne idée de cette population extrêmement patiente, gaie, malgré leurs énormes difficultés de vie. Ce sont de plus des extrémistes de la tolérance, la mosquée côtoie l'église et le sorcier n'est jamais loin. Pendant 6 semaines nous avons essayé de vous faire partager un peu de la vie dans cette partie de l'Afrique, mais le but n’est pas pleinement atteint. Tenter de partager des émotions à travers des mots et quelques photos, nous ne savons pas faire. C’est comme si on voulait vous apprendre à nager dans le salon avec la méthode jédeleaujusquaugenou. Pour réussir, mieux vaut le faire en situation, dans le grand bain…Alors, si vous voulez goûtez à la magie africaine, mettez tous les clichés au placard et foncez. Le Burkina est un pays très pauvre, mais les Burkinabé ont une immense richesse : une gaieté et une grandeur d’âme incomparable.

Merci à eux de nous avoir fait vivre des moments inoubliables.

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