• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

Les maisons flottantes du lac Tempe.

DSC09737

DSC09752

Aux abords de la petite ville de Siengkang, se trouve le lac Tempe d'une superficie de plus de 350 km².  Plusieurs centaines de Bugis habitent directement sur le lac dans des maisons flottantes  et vivent essentiellement de la pêche. Le lac Tempe abrite également une grande diversité d'oiseaux (aigrettes; hérons, grues... ). 

Après un trajet fort long depuis Rantepao, nous arrivons au lac  à la tombée de la nuit. Avec Martin et Martine, nous décidons d’aller passer cette nuit dans une maison de pêcheur. Nous embarquons à bord d'une longue barque jaune vif et rose propulsée par un moteur hors-bord avec une hélice accrochée au bout d'une longue tige, raffut d'enfer.

Martin a sorti sa frontale, car on n’y voit goutte maintenant. Nous contournons d'immenses matelas flottants de jacinthes d'eau fixés au fond du lac par des mats en bambou. C'est une manière de former une barrière contre les algues. Elles s'accrochent au matelas de végétaux plutôt que de flotter, et la navigation est plus aisée. Nous voici dans la bicoque, c’est plutôt spartiate, autant la pièce principale que la cuisine au feu de bois, dans une maison en bambou posée sur l'eau, c'est assez étonnant. Quant aux toilettes, c’est un trou dans le plancher, et hop, direct dans le lac. Martin a beau nous répéter que d’après son GPS, nous sommes sur terre, nous sommes bel et bien entourés d’eau…Le repas du soir est copieux, et la nuit est bonne, la moustiquaire nous met à l’abri des centaines de moustiques qui vrombissent autour de nous.

DSC09729
DSC09731
DSC09736
DSC09738
DSC09748
DSC09767
DSC09772

 

En vérité, je vous le dis, le pays toraja, c’est vraiment beau

Les maisons traditionnelles, la campagne, les forêts, les rizières.

DSC09499
DSC09504
DSC09511
DSC09513
DSC09529
DSC09533
DSC09540
DSC09556
DSC09616
DSC09627
DSC09637
DSC09664
DSC09690

C’est aussi la douceur de la vallée, le calme et la spiritualité. On  admire ces maisons au toit si particulier, appelées Tongkonan : plus le toit est haut et plus le statut de la famille est élevé. Les maisons sont alignées dans un axe Nord Sud. A proximité sont alignées des constructions très similaires, mais plus petites. Ce sont des greniers à riz, sur pilotis (pour éviter les rongeurs). 

DSC09533

On ne sait pas trop d’où vient la forme si particulière du toit : certains disent qu’il s’agit de cornes de buffle, d’autres de la forme des bateaux par lesquels les torajas seraient arrivés sur l’ile.

Toutes les maisons sont ornées de peintures de couleur :

  • Noir : la mort
  • Rouge : le sang
  • Blanc : la paix
  • Jaune et orange : les humains

 

Un peu de culture :

Ici, on enterre les morts dans des rochers… sauf  les nouveau-nés qui sont eux, enterrés dans les arbres. Par nouveau-nés, on entend les bébés qui n’ont pas encore de dents. Par arbre, on entend un trou dans un tronc immense refermé par un plaque de bois.

Avec le temps, l’arbre va refermer le trou, et “avaler le bébé”.

Pourquoi ? Parce-que les Torajas croient que l’esprit du bébé pourra continuer à grandir et s’épanouir avec l’esprit de l’arbre. 

A part pour les bébés, les tombes sont à l’intérieur de caveaux creusés dans la roche. A l’entrée, des Tau-Tau : des statues en bois représentant le mort : pépé dans son fauteuil, mémé en train de coudre des feuilles de bananiers…

DSC09627

Mais attention, lors des funérailles, il faut zigouiller plus de 24 buffles pour avoir son tau-tau. Parfois (tous les 5-10 ans) , les morts sont sortis du caveau pour que l’on puisse fumer une cigarette ou discuter un peu avec eux… une réunion de famille quoi …

 Alors maintenant, passons aux funérailles.

Les Torajas sont majoritairement chrétiens. En même temps, ils sont aussi animistes, c’est-à-dire qu’ils croient aux esprits en tout être vivant. Un peu comme Pocahontas.

Un point important de leur culture, c’est la vie après la mort, et la cérémonie d‘enterrement, qui s’organise parfois plusieurs mois, voire plusieurs années après la date de décès. Cette cérémonie a lieu souvent entre  Juillet et Septembre,  période de la fin des récoltes. Mais quoi, «  la cérémonie de l‘enterrement peut s’organiser plusieurs années après la date officielle de décès »… Quoi? Quoi? Quoi? 

En voici la raison :

Pour l‘enterrement, c’est la grosse fiesta dans le village : festin, danses, chants, guirlandes, alcool, famille, amis, amis d’amis et politiques se rassemblent. Et tout ça, ça coute un bras. Il va falloir égorger des buffles et des cochons. Bref il faut du pognon, et du coup, il faut le temps d’assembler la somme. Et le cadavre en attendant ? Les torajas ne le considèrent pas comme un mort. Ils disent qu’il est malade et après l’avoir embaumé, le gardent dans la maison. Le défunt continue de participer à la vie : on lui offre à boire, de la bouffe, des cigarettes, des couvertures quand il fait froid.

L’enterrement dure plusieurs jours, en principe 5.

Il est facile pour le touriste d’assister aux cérémonies, cela fait même très plaisir à la famille du défunt. Nous sommes accueillis sur la place de village, dans des structures en bois construites spécialement pour la bonne occasion. Le mort est une morte, décédée il y a deux mois. On nous offre gentiment des biscuits, du thé.

Le cercueil a déjà été installé sur une plateforme (ce matin, il a été baladé dans les environs), aujourd’hui, maintenant, c’est le sacrifice des animaux. 4 buffles et plusieurs cochons seront égorgés. Voici les boeufs qui arrivent, conduits à la corde sur le lieu du sacrifice, pile en face de nous... ça promet pas mal de sang...En même temps, nous sommes venus un peu pour ça, ce n'est pas le moment de faire les begueules.

Un jeune homme s’approche du premier gros buffle, au regard bovin. Le buffle, pas l’homme. Et là, l’homme sort son couteau sa poche, ou plutôt sa machette de son étui de 30cm, et déchire la gorge du pauvre animal, qui lance un dernier regard plein d’incompréhension à son maître : mmmmmmais meuh, je croyais meuh que c’était pour la vie entre nous meuh… monde cruel meuuuuh.

Et pourquoi ce dernier regard si triste ? Parce les maîtres s’occupent de leur buffle encore plus que de leurs enfants : les buffles sont lavés, promenés, nourris avec la meilleure herbe, et aimés toute leur vie !

Les bœufs sont sacrément chers : jusqu’à 60  000 euros…oui, vous avez bien lu…. Mais à ce prix-là, rassurez-vous le buffle est vraiment moche, c’est un Albinos. 

 

A ce prix là, ce n’est pas pour faire du steak haché. Ces boeufs, ont été achetés pour les sacrifier / les massacrer / les éventrer / les décapiter (et les manger) tout ça dans un esprit de joyeuses fêtes. Comme ça, le mort, il a une espèce de traineau qui l’emmène au paradis (qui est au sud de Sulawesi pour les Torajas). Plus il y a de taureaux morts, plus il arrive vite et bien à destination. Très cool. On dit même qu’à la base, il y avait quelques esclaves qui étaient sacrifiés dans la masse.

DSC09494
DSC09568
DSC09570
DSC09583

Bref, la séance à laquelle nous avons assisté vaut son pesant de cacahuètes, âmes sensibles s'abstenir. Entre la tuerie, l'attitude irrespectueuse  de quelques  touristes abrutis (en short, en débardeur et j'en passe...), on a notre dose, et ne sommes finalement pas trop déçus lorsque notre guide nous propose de terminer la visite culturelle, et partons visiter des grottes. Nous ne savons pas encore qu'y sont exposés des centaines d'os et de crânes, humains ! 

 

 

Visite chez la guérisseuse.

Sur cette petite île, il n’y a ni médecin ni pharmacien. Les malades doivent composer. J’ai entendu parler d’une femme « guérisseuse », un genre de chaman. 

Rendez vous est pris. 

Jour 1. Je m’allonge, et Hermann, un jeune guide indonésien et francophone rencontré à la Guest house traduit. Fracture, opération, pose de vis. La femme grimace, m’attrape le bras, le badigeonne d’huile aux herbes magiques et commence un massage qui fait un mal de chien. Elle s’attaque aux muscles profonds. La tête enfouie dans un coussin, je ne peux réprimer quelques cris. Ma masseuse de choc se met à souffler sur mon épaule, tout en continuant son pétrissage avec une poigne d’enfer. Et quand elle souffle,la douleur est moins vive. ???

Après un quart d’heure de ce traitement, elle ouvre une bouteille pleine d’un liquide inconnu et se met à souffler dedans avec ardeur avant de me la tendre. Il me faut boire la potion. Je m’exécute à contre coeur. A t’elle postillonné dedans ? Peut on crever de postillons de chaman ? Je garde la fin de la fiole. Promesse de la boire plus tard. Je ressors avec le sentiment d’être plus souple, d’avoir une épaule plus mobile. J’en parle à un jeune touriste italien qui ne peut plus arquer à cause de 2 hernies discales. Il part sur mes traces avec le moral regonflé, et ressort avec une fièvre de cheval. 

Dans l’après midi, je m’enfile le reste du précieux contenu. Je n’y crois pas plus qu’en l’eau bénite, mais tant qu’à faire, autant continuer le processus, maintenant que j’ai mis un pied dedans.

Le soir, Marco n’est pas mort, sa fièvre a baissé, il est content. Je pars faire ma 2ème séance, et d’emblée je dois reboire une potion. Je ferme les yeux et pense aux autres (Martin, Martine, Christophe, Valérie et Bru) qui se tapent une bière en m’attendant. Je m’en veux d’être con au point d’aller voir ma  sorcière bien aimée à l’heure de l’apéro. Juma  se remet au boulot. Ce soir, elle s’amuse avec un ligament qu’elle fait rouler sous sa paluche, je serre les dents, j’ai envie d’hurler mais je sais que c’est pour mon bien. Retour maison, récompense, un festin m’attend avec nos joyeux drilles.

Jour 2.  Je ne me suis pas réveillée à temps et j’arrive avec 1 h de retard, le chat occupe la table de massage (une natte posée au sol). C’est parti pour une séance qui ressemble à de l’ostéopathie, mais avec des mains de maçon turc. L’angoisse totale. J’ai envie de couiner, mais je pense à Marco que j’ai vu ce matin en bonne forme, c’est impressionnant, hier il se trainait lamentablement. Si Juma est capable d’accomplir de pareils miracles, elle va me retaper vite fait, je reste stoïque, traduisez : je gueule moins fort que d’habitude. C’est pour mon bien ! En rentrant, je croise Marco, tout sourire, il trotte comme un cabri.

Alors, miracles sûrement pas, mais bienfaits oui !

Choisissez le titre : Le paradis couleur bleu piscine. Voyage chez les pécheurs bajau. Togians islands, sea and sun.

DSC09311 copie

DSC09889 copie

Il est 8h. Parti hier soir de Gorontalo, le ferry entre doucement dans la mangrove qui marque le contour des îles Togians. Déjà quelques petits villages sur pilotis se dessinent. Contrairement à cette nuit où le ferry n’a pas cessé de se balancer, ce matin, la mer est d’huile. Nous débarquons à Wakai. C’est maintenant dans une petite barque à moteurs que nous circulons pour gagner l’île de Malenge. Nous tentons plusieurs hébergements posés sur des plages paradisiaques, nous trouvons de la place dans un endroit un peu moins joli, mais que nous allons adorer. Une Guest house a trouvé refuge là il y a une vingtaine d’années. Mr Rudy et sa famille nous accueillent gentiment. Nous débarquons à 6 : Anne Claire, Jean Michel, Laetitia, Sébasien et nous 2. Sont déjà installés un couple d’artistes, Christophe et Karine, qui préparent un livre sur les pécheurs bajau. Nous ne le savons pas encore, mais nous resterons là 8 jours. En face de nous, des maisons sur la mer, des habitations sur pilotis adossées à un simple minuscule îlot. Un jeune nous propose de visiter la sienne : 2 pièces bien tenues, une table basse et quelques sièges, affiches et branches de « corail noir » dans des pots font office de décoration. Chaque maison accède côté terre à l’unique rue du village. Côté mer, la « véranda » est un large espace aéré. On y fait la cuisine, sécher le poisson, on répare les filets, et on accède à la pirogue attachée en bas d’une échelle. Toutes ces demeures appartiennent au peuple bajau. Depuis leur village adossé à un petit bout de rocher, les enfants partent à l’école aux aurores sur un pont de bois qui arpente la mer sur une distance d’un km. Pendant ce temps, les hommes partent à la pêche, armés de leur connaissance sans faille des eaux et du poisson. Certains bajau affirment qu’autrefois, ils pouvaient marcher au fond de la mer. Chacun aurait son jumeau dans les fonds. Ce trait culturel unit la société et la mer que chacun porte en soi. Même si Le commerce avec la Chine et le Japon a pointé son nez, ici tout reste tradition. Nous continuons la visite du village, enfants souriants promenant un coq ou jouant, petites boutiques d’alimentation, une mosquée. Pau accepte que je lui tire le portrait quand à Simon, c’est lui qui demande de le prendre en photo pour le plaisir de s’admirer dans l’écran de l’appareil. On est réellement au bout du monde, loin de toute forme de développement et de modernisme. Mais pour combien de temps. Il n’y a pas encore de réseau téléphone, mais les antennes télé apparaissent Des travaux importants sont en cours pour créer une « promenade en béton », mais surtout, un complexe touristique de luxe. Nous sommes interloqués…Nous avions envie de leur dire : gardez encore longtemps ce mode de vie loin des modèles occidentaux, protégez votre culture, préservez cette belle nature, et nous on reviendra volontiers nous perdre dans ce petit bijou de la planète. Mais hélas, la modernisation et le profit battent son plein.

 A la Guest house, c’est une chouette ambiance, poisson tous les jours dans l’assiette, fraîchement péché alentours, farniente dans ce décor incroyables. Nous allons aussi faire quelques séances de snorkeling au large sur des atolls ou dans des lagons. L’archipel des Togians se trouve juste sur l’équateur. Cela signifie que le soleil se lève et se couche avec la régularité d’un métronome. 6h, 18h. La température de l’eau avoisine les 30°C, le pied.

DSC09295---copie
DSC09329---copie
DSC09371---copie
DSC09889-copie
G2351852
G2381969---copie
G2512028
G3182473---copie
couchersoleiltogians

Sortiesnorkeling (reef n°1 et jelly fish lake)

Les 2 moteurs de notre pirogue à balancier pétaradent plus ou moins joyeusement. L’un d’eux a quelques ratés. Aman, le fils du capitaine se charge d’assurer la maintenance. Arrivés à Hôtel California, un genre de cabane construite sur le corail, la bande des 6 s’ébat dans une mer délicieuse. L’eau est extrêmement claire et le fond de sable blanc met en valeur le corail et le ballet de poissons tropicaux. Mouchetés de poissons multicolores, les fonds coralliens miroitent dans l’eau turquoise et cristalline. Puis, nous mettons le cap vers Jelly fish Lake, le lac aux méduses non urticantes. Une expérience géniale.

DSC09078-copie
DSCF0813
DSCF0815---copie
DSCF0818---copie
DSCF0822---copie
G2592108---copie
G2602115---copie
G2802253---copie

Alors oui, arriver jusqu’aux Togian et en repartir reste encore une petite aventure, mais une fois qu’on y est, on est récompensés par la nature qui nous offre ce qu’elle a de plus de beau. Mais pour combien de temps ? L’ouverture d’un nouvel aéroport à Ampana laisse présager le pire.

Petit complément sur les bajau : 
ces nomades de la mer, passaient d’un archipel à l’autre dans un immense territoire marin, de l’Océan Indien au Pacifique Sud. Ils s’arrêtaient sur les plages seulement pour l’approvisionnement en eau et en bois et repartaient sur leur pirogue à double balancier. La mer est toute leur vie, les femmes accouchaient sur la pirogue et cuisinaient à bord, même pendant la saison des pluies, ils ne seraient jamais descendus à terre pour faire la cuisine. La mort et la maladie sont des états associés à la terre ferme. Aujourd’hui, , ls se cantonnent essentiellement dans l’île de Sulawesi et peu vivent encore ainsi. La plupart sont regroupés dans des communautés et sont sédentarisés ou semi nomades, mais cette sédentarisation n’a pas remis en question bon nombre de leurs coutumes. Par exemple, les bajau plongent avec leur nourrisson de 3 jours pour l’habituer à la mer. Les enfants connaissent très jeunes les marées, les courants et les vents.

Tumbak, l’ambiance d’un village de pécheurs bajau.

Le drapeau bleu blanc rouge qui flotte dans l’air a de quoi surprendre. Il a sans doute été hissé par l’un des 2 français qui habitent ici : c’est vrai que depuis quelques jours les bleus sont champions. Nous échouons dans une famille. Les conditions sont spartiates, mais nous avons un lit, un ventilateur, et tous les repas. Une sorte de « all inclusive » en somme, mais parmi les chèvres. Pas assez pour effrayer les Roulmaloute.

La maison est à ras la plage, mais pas question de se baigner, d’une part à cause de la saleté, d’autre part parcequ’il serait totalement indécent de s’afficher en maillot de bain dans un village où les petites filles sont voilées. Pourtant, Les bajaus sont musulmans sans l’être. Dans la croyance bajau traditionnelle, ce sont les ancêtres qui déterminent les comportements de chacun. Ils croient en la colère des esprits, et c’est là que la capacité du chaman à communiquer avec eux entre en jeu. Qu’à cela ne tienne, Pian, notre hôte, nous trimbale sur sa barque. Pendant que nous nous adonnons au snorkeling, il pratique la pèche au harpon et attrape de bons poisson, sa femme les fera griller et les accompagnera de riz et de tomates pilées avec des piments. C’est le menu type de la maison. Matin, midi et soir. Pian est un excellent plongeur, à l’instar de tous les bajaus. Nous sommes étonnés de le voir utiliser un compresseur, qui reste sur le bateau, et qui est relié à la bouche du plongeur par un simple tuyau. Nous apprenons plus tard que ces compresseurs ont été introduits par les chinois, des commerçants peu scrupuleux qui exposent le savoir faire et la santé des plongeurs qui peuvent ainsi plonger plus profond et plus longtemps. Ils peuvent ainsi rapporter des coquillages et des poissons d’espèces rares. Mais comme on ne leur a pas expliqué suffisamment le danger mortel que cela représente, des dizaines de plongeurs sont morts ou se sont retrouvés handicapés. 
La population du village voisin est chrétienne. Des enfants nous y conduisent avec le triporteur emprunté à papa. On peut trouver de la bière, elle est chaude, mais on ne laisse pas passer l’aubaine, le thé a ses limites.

bnight
tumb

C’est parti pour le grand frisson.

Il existe près de Gorontalo une ancienne usine de crevettes qui a fidélisé des requins baleines, habitués à trouver là une nourriture abondante. Après avoir nagé quelques dizaines de mètres depuis la plage, nous arrivons au tombant. L'eau est trouble et on n'y voit pas à plus de 5 mètres, ce qui rend l'atmosphère angoissante. … Autant vous dire que lorsque nous voyons arriver droit sur nous le premier requin baleine, nous n’en menons pas large. Nous essayons de maintenir une distance de sécurité, mais pensez vous, le voilà qui glisse sous moi. Croyez moi, j’ai balisé. Le machin n'a pas besoin d’en faire plus pour être très impressionnant. Même si on m'avait pas prévenue que l'animal n’est pas dangereux, j’en ai le souffle coupé et mon instinct de conservation me dicte de ne pas bouger. Il est grand, vraiment grand, au moins 6m de long. Après quelques minutes, nous arrivons à nous détendre et à nager plus sereinement, sans toutefois relâcher notre attention. Il y en maintenant d’autres qui arrivent, l’un a la gueule grande ouverte, mais c’est bon, ils ne font que nous frôler. Nous restons un moment à les voir se déplacer majestueusement, tout en douceur, et ressortons de ce bain quelque peu spécial avec des étincelles dans les yeux.

 

Les tortues de Bunaken.

DSCF0757 copie 3

Ici tout est paisible, chaud et facile, nous 2 flottant simplement dans l’eau. C’est le grand festival : Nemo et ses anémones, poissons perroquets à motifs turquoises ou rouges, poissons fluo d’un bleu éclatant, poissons flèches si longs et translucides, coraux tabulaires, coraux mous, gorgones violette, coraux géants semblables a des cerveaux. Et surtout, non loin des splendides et vertigineux tombants, il est courant de rencontrer les tortues, ces magnifiques créatures marines. Elles nagent avec une telle élégance que nous ne nous lassons pas de ce spectacle, et le séjour à Bunaken s’en trouve allongé à 2 reprises. Nous avons même aperçu le dugong, ce gros mastodonte en voie d’extinction, quant au tricot rayé, ce serpent rayé noir et blanc, mieux vaut qu’il ne s’approche pas de vos oreilles, s’il les mord, vous ne vous en remettrez pas, son poison est mortel. Heureusement sa bouche est si petite que les accidents sont rares.

https://www.youtube.com/embed/EBYMy4uIv-M","width":"560","height":"315","frameborder":"0","allowfullscreen":"allowfullscreen"}}">

G0800577---copie
G0900613---copie
G0940630---copie
G0950632---copie
G0990645---copie
G1160751---copie

Je ne sais pas quel titre donner à cet article ; « gastronomie tribale », « la bouffe de l’extrême »,« le marché le plus gore de la planète » ou « Tomohon, volcans et spécialités grillées ».

Célèbes, Indonésie, sur le marché de Tomohon. Ici, la chauve souris se négocie à moins d’un demi euro. C’est une roussette, une des plus grandes chauves-souris au monde. Elle a une jolie petite tête, du moins avant…., avant qu’on ne la brûle au chalumeau. On lui a aussi retiré ses ailes, qui seront vendues à part, en ragoût c’est un délice, à ce que l’on dit. Le chalumeau est une solution simple et rapide pour débarrasser les animaux de leurs poils. Les animaux qui sont passés par les flammes prennent alors un aspect effrayant : les babines, carbonisées, laissent apparaitre les crocs, la peau se colore en noir, les membres se rigidifient en se repliant. Vision cauchemardesque. Un peu plus loin, on retrouve les rats en brochette, qui côtoient les pythons découpés en morceaux. Vous êtes déjà dégoûtés ? Attendez de voir la suite. Car les étals exposent des chiens, des chats, des singes, qui comme les roussettes ont été brûlés au chalumeau. Pour nos petits coeurs d'européens, les images sont difficiles à soutenir. Mais pour les Minahasa, les habitants de cette région, ces animaux sont des mets courants. Les Minahasa sont chrétiens, religion héritée de la colonisation hollandaise et puisque la religion chrétienne ne comporte aucun tabou alimentaire, les missionnaires qui ont sillonné l’Indonésie depuis sa colonisation ont laissé les ethnies faire ce que bon leur semblait en cuisine. On dit que les Minahasa mangent tout ce qui a 4 pattes, hormis les chaises et les tables.
A Tomohon, on mange donc du chien, du chat, du rat, du singe, de la chauve-souris, mais aussi du serpent et du cochon. On ne trouve du cochon quasiment nulle part en Indonésie, tradition musulmane oblige. Dès que l’on remarque une tête de porc sur un marché, on sait que l’on est entré en territoire chrétien. Dans la religion musulmane le cochon est impur, mais c’est aussi le cas du chien. On ne mange pas non plus la chauve-souris, ou le serpent, que l’on peut tuer mais pas manger. L’Islam interdisant ces animaux à la consommation, on ne trouve pas ce type de viande bien gore dans le reste du pays. 
Un peu plus loin, la partie la plus atroce du marché : des consommateurs sont entrain de choisir un chien et un chat stockés dans de petites cages. Vision d’horreur, le vendeur les chope avec un espèce de noeud coulant et les assomme à coup de gourdin. Le type s’y prend en plusieurs fois, les bêtes crient et sont passées immédiatement au chalumeau. Comme les chauve souris, chiens et chats sont très bon marché. On comprend pourquoi : leur chasse est facile. Il suffit de ramasser les chiens et chats errants en les attirant avec de la nourriture. Ils n’ont pas peur de l’homme, ils se laissent approcher. Il est ensuite aisé de leur mettre une corde autour du cou, pour les mettre en cage. On fait causette avec quelques gamines entrain d’acheter un demi chien et un plein sac de chauves souris….On adore ça, qu’elles nous disent.
Avant d’arriver sur ce marché, nous aurions sans doute goûté à la gastronomie tribale. Est ce vraiment plus choquant de manger de la chausse souris que de la grenouille ? Du rat plutôt que de l’escargot ? Du chat plutôt que de l’agneau ? Qu’est ce qui est le plus éthique ? Bien sûr, pour le chien, le tabou est plus grand puisque le chien est considéré comme l’ami fidèle de l’ homme. Ceci dit, demandez à des cyclistes s’ils sont prêts à bouffer du chien, il y a fort à parier que la plupart vous répondront oui ! En ce qui nous concerne, les images horribles de ce marché et la maltraitance des animaux nous ont un peu débecté, sans parler des odeurs de sang chaud accrochées à nos narines. Nous ne mangerons pas de viande aujourd’hui. Nous nous dirigeons vers un stand qui vend des nouilles et des bananes. Au moins ce sont des trucs qui n’hurlent pas quand on leur tape dessus

 

DSC09170---copie
bat
boa---copie
chauves-ouris
porc

Allez, nous retournons dans l'eau...