• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

La région du Djbel Saghro est située dans la partie sud du Haut-Atlas. Elle est la transition entre les fertiles vallées du piémont du M’Goun et le Sahara déjà si proche. Elle présente un paysage ruiniforme de montagnes tabulaires et de pitons de grès dont on imagine qu’ils ont été polis par le sable, le froid et le vent au cours du temps. Il y a pourtant une vie ici ! De nombreux berbères nomades de la tribu des Aït Atta. Ils ont été chassés de la vallée du Draâ par les arabes au XIIIe siècle et se sont réfugiés dans le Saghro. Ils déplacent leurs troupeaux au gré des vallons encaissés au fond desquels la végétation est bien présente aidée en cela par la présence de nappes phréatiques, seuls vestiges des oueds qui ont creusé ces failles.

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dessine moi un mouton

La traversée de ce massif montagneux restera gravée dans nos mémoires et elle est d'ailleurs restée gravée dans nos jambes pendant plusieurs jours... La raison ? De Boumlane Dadès, il faut d'abord se hisser sur un col à 2200 m, en partant de 1200. Peu après la fin du goudron, nous trouvons le dernier village, achetons un litre et demi de coca dans l'épicerie, en buvons plus de la moitié. Avec du sucre pour l'énergie, et la boite de sardines à l'huile pimentée qui n'a pas trainé, repartons ragaillardis. Nous grimpons tranquillement sur une piste de plus en plus défoncée, à l'allure où l'on va, ce n'est pas bien gênant, on a le temps de repérer les endroits délicats.

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Au col, un gîte à l'ambiance familiale héberge les brebis égarées. Là, des espagnols en 4X4 sont arrêtés pour un thé et nous décrivent la descente, n'hésitant pas à la qualifier de « fatale ». Ils doutent que nous puissions la faire avec nos engins. Cela ne nous empêche pas de passer une bonne nuit sur les tapis moelleux. Ce qui est plaisant dans le voyage à vélo, c’est que le soir la fatigue prend vite le dessus. Cette soirée qui aurait pu être bien sinistre si on avait écouté les gringos s’est rapidement terminée dans la chaleur des sacs de couchage, qui nous a plus tentés que la douche. Nous sommes confiants, préalablement renseignés sur internet, et Brahim l'hôtelier l'a confirmé, cette descente se fait assez souvent en VTT, nous devrions pouvoir passer. Et nous passons, mais ce n'est vraiment pas facile...gravier...grosses pierres qui roulent, pente importante. Quasi toujours sur le vélo, mais pas souvent couchés, plutôt avec les jambes qui pendent, et les pieds qui raclent le sol, bouffant de la semelle en gardant un brin d'équilibre. Le paysage est grandiose, minéral, presque noir, lunaire. Peu après le départ du col, on se fait doubler par une bande de sauvages sur des motos pétaradantes. On les rattrape plus bas. Pas difficile, ils sont arrêtés pour boire le café chez Ahmed qui tient aussi une petite auberge. On a l'impression d' avoir parcouru 10 km, le compteur dit 3, le salop. Pause donc. Vas y pour un café, et même deux, en bavardant avec nos Goldorak, pendant ce temps nos jantes refroidissent

Plus loin, un petit air de Monument Valley toutes proportions gardées…

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Et repause, pour la délicieuse omelette berbère. Là, on a fait la partie la plus difficile, paraît il, mais le vent se lève, très fort. Qu'est ce qu'on fait ? On dort ici ? Non, on y va, on verra plus loin.

Plus loin, on trouve encore des longs passages de caillasse, puis on arrive dans une petite oasis et la question se repose, car l'arrivée sur le plateau final est au prix d' une montée importante.

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Qu'est ce qu'on fait ? C'est sympa cette oasis, on dort ici ? Non, on y va, on verra plus loin. Sur le plateau, une vaste étendue de roches noires, genre magmatique, à perte de vue, pris de doute, on demande à un type en mobylette : « combien de km pour la ville ?

« 12 km. »

«T'es sûr ? »

« Oui. »

C'est bon, on continue, ça doit le faire, la piste est plutôt bonne maintenant, on roule très agréablement, au soleil déclinant.

12 km plus loin, la ville walou.

18 km plus loin, la ville walou, la nuit arrive.

Ça y est, elle est arrivée, on pédale dans le noir complet mais on aperçoit des lumières, on tient le bon bout. Quelques gamelles plus loin, on arrive un peu défaits dans un hôtel modeste, les vélos sont garés dans les escaliers, et le robinet de la douche me reste dans la main. Quelques minutes plus tard, attablés devant les brochettes de chèvre que nous a fait carboniser ce gros malin d'Assein, on se marre, mais de là à recommencer demain, walou !!!

Voici maintenant une série de photos de cette traversée mémorable.

Choc des cultures : la grand mère berbère là haut dans sa montagne et une bande d'énergumènes mi hommes - mi machines

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Oups.... 

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Sur le plateau, la nuit arrive...

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Assein le coupable, c'est lui qui a fait brûler les brochettes !!