• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
  • 20171218 134510   Copie 2

De Nekob à l'océan, par le chemin des écoliers...

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Nekob, une petite ville comme on aime bien, aujourd'hui jour de souk, repos, nous restons attablés toute la matinée à l'hôtel café restaurant Sahara, ses petites tables posées à ras la route. Il y a fort à voir, les nomades sont là pour leur sortie hebdomadaire. 5 jours dans la montagne avec famille, chèvres et brebis, 2 jours en ville pour le souk, seulement entre hommes. C'est tout un spectacle que de les voir au bistrot entrain de se la raconter, discuter des prix des marchandises, et de bien d'autres choses encore.

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Mohamed 

Le jeune Mohamed, 14 ans, travaille ici, il n'a plus voulu de la vie à la montagne, ses parents qui ne sont pas bien riches l'ont laissé abandonner l'école sans aucun problème pour qu'il gagne un peu d'argent en ville. Mohamed dit être très heureux d'avoir plus de confort, une douche etc..., il aime l'ambiance de Nekob, il est vrai qu'il est parfaitement intégré. Devant nous, des jeunes, des moins jeunes, souvent en burnous passent et repassent. Certains s'arrêtent un moment, ceux qui ont la capuche pointue font penser à des moines trappistes. Deux petits vieux, courbés sur leurs cannes, jettent un regard dans notre direction et dévoilent leurs bouches édentées en riant malicieusement. Un type se balade avec une chèvre sur le dos. Une femme tout de noir vêtue passe d'un pas rapide et souple et disparaît furtivement. Le café ne désemplit pas, Brahim sert des thés à la menthe, des cafés au lait.

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Mohamed, parti faire une course, revient avec un carton contenant 10 petits poussins. Avec ses économies, il est allé les acheter pour les donner à son père qui va les remonter en montagne pour les engraisser. A notre tour, on va faire un tour au souk, on lui en rapporte 5, sa joie fait plaisir à voir

Nous reprenons la route, hyper agréable, enfin du plat, et un léger vent arrière. Le long ruban d'asphalte se déroule facilement sous les roues, nous longeons de jolies palmeraies.

"dis, on la fait aujourd'hui?"

"tu crois?, alors, tu la fais, toi !"

"allez, c"est parti !" :

T'as le choix dans la datte !!!! (hi hi hi)

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Après Agdz, où nous faisons étape, il faut commencer à rejouer avec les braquets, dans un paysage qui ressemble à certaines vastes vallées d'Argentine, sur les côtés de la route, une maigre végétation faite de petits bosquets grisâtres qui sortent du sable et en arrière, des montagnes un peu pelées. Vers 17 h, nous repérons un endroit pour dormir : une toute petite oasis au milieu de rien, on s'approche et sommes hélés par Mohamed, gardien de la canalisation d'eau. Il nous propose de faire halte ici, ça tombe bien,et de nous installer dans la pièce unique, nous préférons l'intimité de la tente. Mais pour le couscous si gentiment proposé, oui, nous sommes d'accord. C'est alors que Mohamed s'aperçoit qu'il n'a plus de couscous. Nous le sortons de l'embarras en sortant notre kg de graine des sacoches ( nous nous déplaçons toujours avec 1 kg de graine de couscous ou de pâtes), lui commence à peler les légumes qu'il cultive, pendant que nous buvons le thé. La pièce est sommaire mais bien organisée, coin cuisine, petite table de salon, couchage dans un coin, tapis de prière accroché au mur, sacs de victuailles rangés le long du mur, et un truc immonde qui pend au plafond, rouge noir veiné de bleu, un morceau de viande qui ne date pas d'hier. Mohamed demande à la fatma de passage de rouler la graine de couscous avec l'huile, c'est pas un truc de mec manifestement. Bref, Annick obtempère, et pendant ce temps, crac, ce que je redoutais arrive, Mohamed coupe prestement la ficelle au plafond et balance le morceau de viande noire dans la casserole. Au final, l'union des talents donne un couscous délicieux, avec des figues fraiches caramélisées et gorgées de sauce aux épices, miam miam.

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Le lendemain, nous roulons jusqu'à une petite station service et nous arrêtons pour boire un coup. Et là, il se passe un truc qui va complètement modifier notre itinéraire....

Alors, que s'est il passé ? Et bien, on nous pique nos vélos. Pendant que nous buvons le thé, des jeunes marocains arrivent, et partent avec nos vélos, on a juste le temps de les photoraphier alors qu'ils s'en vont dans des directions opposées, pour brouiller les pistes. Si vous les connaissez, faites nous signe, car depuis, nous sommes à pied !

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Vous n'y avez quand même pas cru ? Rachid et Mustafa sont deux jeunes très sympa et qui seraient les seuls marocains à posséder des vélos couchés. De plus, ils sont très doués, ce sont des vélos qu'ils ont fabriqué eux même en s'inspirant de ceux qu'ils voient sur internet. Ils sont magnifiques, mais pour Rachid et Mustafa, c'est une grande joie que d'essayer nos vélos, des « vrais » qu'ils n'ont vu que sur un écran: Nos deux compères passent leur mois de vacances à sillonner les routes du Maroc, là, ils vont dans le sud pour assister au mariage d'un copain. A nous vanter les routes du Sud, tranquilles, bien revêtues, plates, dans un beau décor, ils nous mettent le doute, et quelques thés plus tard,après une nouvelle consultation de la carte, nous changeons de plan, au lieu de grimper dans le moyen atlas, nous nous dirigeons vers la platitude du sud. Et là, quelques km plus tard, c'est l'extase, nous filons sans effort. A la nuit tombante, nous nous arrêtons à l'hôtel de la station service, buvons un coup avec nos vélo couchistes qui eux continuent. Equipés de lumières sur les vélos, ils roulent de nuit et aiment ça !

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Au souk de Foum zguid

Un p'tit tour au hammam

Je dois vous l'avouer, j'adoooore aller au hammam, dans un vrai hammam, pas un pour touristes s’entend, mais à chaque fois, c'est la même histoire, malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à me comporter comme il se doit. Laissez moi vous narrer ma visite au hammam de Foum Zguid. A l'entrée, Latifa me fait payer, me donne un peignoir, deux seaux, et me conduit dans une première pièce où je me déshabille. Ne connaissant pas les moeurs locales, je me fie à ce que font mes voisines. En culotte donc. Je les suis dans la pièce suivante, où il fait déjà bon chaud. Rapide analyse de la configuration des lieux, il reste un coin de libre, je le prends, marine un peu sur la pierre chaude et vais remplir mes seaux. Pendant que l’eau coule, j’ai le temps de m’apercevoir que je suis la seule à n’en avoir que deux. Pas grave, ça me suffit largement. Imitant mes voisines, je m'asperge et me recouche sur la pierre chaude, me laissant aller à une douce torpeur. Soudain, sans doute par instinct de survie, j'ouvre un oeil, et que vois je, penchée sur moi, une grosse tête ébouriffée, et une paire de seins énormes, je ne vous dis pas. Diable, mais c'est Latifa, dévêtue. Tu viens t'occuper de moi Latifa ? Oh, mais c'est trop aimable. Elle m'a facilement retrouvée dis donc, faut dire que je suis inratable, je n'ai que deux seaux et la seule à avoir la peau aussi blanche que la faïence. Avant que j'aie le temps de crier gare, elle commence à m'oindre avec une mélasse qui n'a pas belle allure, c'est noir et visqueux. Mais je sais qu'il s'agit du fameux savon noir, le bleidi, je me souviens de ma grand mère qui utilisait ça pour le ménage. Je l'ai même utilisé une fois pour récurer une casserole que j'avais fait cramer. Je me laisse donc récurer, mais c'est qu'elle n'y va pas de main morte, Latifa, arc boutée sur son gant de crin. Au début, je rigole bruyamment, mais au secours, ça commence à faire mal. Au moment où elle s'attaque à mes pieds, mon point faible, à ce moment là précis, je craque et me mets à brailler comme un veau. Rapide, elle m'immobilise en s'asseyant sur mes jambes et continue son office. Mais c'est qu'elle ne me connait pas Latifa, mes pieds sont sacrés, je ne supporte pas qu'on y touche, alors je me mets à gueuler plus fort, en envoyant de méchantes ruades !!! Il faut ça pour qu'elle abandonne, enfin ! Pour le shampoing, je me fais plus docile, mais pour le pseudo massage, je me remets à hurler dès qu'elle attaque le bas, elle comprend alors que je suis un cas désespéré et me laisse. Ouf, j'ai la paix. Après ces émotions je me dis que ce serait quand même dommage de ne pas voir la salle suivante…Je me pointe donc dans la salle suivante, et là je découvre une espèce de guerre des tranchées, chaque femme délimitant son territoire par une rangée de seaux, certaines même avec une double rangée !! J’ai vraiment pas de quoi lutter avec les deux miens… Tant pis, j’y vais quand même.Une jeune fille me fait une petite place. Elle parle français, elle est instit dans le patelin. Elle attend son tour pour se faire frotter. Et là, oups, il lui vient une idée de génie, elle propose de me frotter le dos. Non, non, merci vraiment, l'autre malade me l'a déjà frotté au sang ! Sur ce, je décide de ne pas m'éterniser, hein, je salue ma voisine bienveillante, m'asperge encore une fois ou deux avec le contenu de mes seaux et me tire. J'ai ma dose !

La soirée au camping est agréable, les jeunes qui le tiennent nous préparent un délicieux couscous, nous invitons nos voisins camping caristes...qui, après avoir soigneusement lavé leur engin préfèrent manger seuls dans leur camion, toutes vitres fermées. Nous aurions pu nous douter qu'il s'agissait de beaufs de première catégorie en les voyant débouler dans le camping avec des nez rouges en plastique sur le pif !!! Si si, on a vu ça, et on les a invités quand même, notre bonté nous perdra !! 

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La route est bonne, nous ne tenons pas compte des limitations de vitesse !

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Nous approchons maintenant du désert, dans une zone intermédiaire où le Sahara laisse dépasser quelques franges de collines sablonneuses. Il nous est impossible de rouler aux heures les plus chaudes de la journée, l'eau dans les gourdes est à la température du biberon de bébé et à Tata, la chaleur est tellement infernale que nous décidons de repartir dans les montagnes pour trouver un peu de « fraicheur », autrement dit, nous repartons sur l'itinéraire abandonné il y a quelques jours !! Les roulmaloute sont parfois imprévisibles, les voici repartis pour grimper les contreforts de l’Anti-atlas, dans un paysage très impressionnant de roches plissées. L'arrivée à Igherm est un peu décevante, il s'agit d'un bourg un peu triste, nous nous installons avec répugnance au café restaurant hôtel, mais au bout de quelques heures, nous y sentons parfaitement à l'aise.

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Igherm, sa boucherie et son restau :

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Ensuite, la route reste un enchantement, les cultures en terrasse remplacent les zones semi désertiques, et toujours des petits villages dispersés.

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Nous passons une nuit dans la cour d'une maison habitée par une femme et ses filles, la plus hardie demande à être prise en photo, je ne me fais pas prier.

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Ces femmes travaillent dur, tôt le matin, les voilà parties, à dos d'âne ou à pied. Elles ramassent du bois, des herbes sèches, on les rencontre lourdement chargées. Nous apercevons un élément masculin, vautré à l'ombre d'un arbre, entrain de commander son équipe de 3 femmes qui manoeuvrent la houe en plein cagnard. La houe est tractée par un bourricot. Pas question de prendre son temps pour faire les photos de ces travailleuses, je les fais discrètement, en roulant et sans mettre l'oeil à l'objectif, je vise au pif.

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Le point d’orgue de cette randonnée plutôt minérale est le passage par le chaos rocheux de Tafraoute, ensemble de grès rouge rutilant sous le soleil. Dans les environs, un artiste belge (Jean Verame) a peint en 1984 de gigantesques blocs de granite. Depuis lors, ce lieu coloré attire de plus en plus les touristes venant de tous les coins de planète. C'est dans ce lieu qu'ont été réalisés certains films et le clip "Awa-Awa" du célèbre chanteur camerounais WES.

Normalement, de Tafraoute, le col du Kerdous se grimpe tranquillement, laissant apparaitre ci et là de petits villages sur les coteaux. Nous ne tenons pas compte des avertissements concernant des travaux, ne prenons pas la déviation et le payons cher. Nous devons pousser à plusieurs reprises dans le gravier, mais en haut, sommes récompensés par le spectacle naturellement grandiose… « Là où la parole reste sans écho, où les mots s’envolent sur les ailes du silence » (J. Higelin ).

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La descente est un régal, il n'y a qu'à laisser glisser nos deux vieux corps fourbus vers Aglou plage. Nous faisons l'impasse sur la ville de Tiznit, pressés de voir l 'océan. Pas question de s'y baigner, les vagues sont énormes et la brise plus que fraiche.

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Aglou, c'est le nom d'un petit village, avec une jolie plage, mais malgré le soleil, impossible de faire bronzette, c'est emmitouflés que nous observons les déferlantes se briser sur les rochers, alors pour le bain, vous avez compris, l'océan est juste à température pour mettre le vin blanc au frais.

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Des touristes, surtout marocains se promènent, certains font un tour de dromadaire, nous sommes invités à prendre le thé par une bande de jeunes venus passer le week end. Ils ont équipé la petite moto d'une remorque, ils ont tout ce qu'il faut ...A défaut de vin blanc, vas y pour le thé.

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L'étape suivante se fait à Mirleft, un village qui était le point de chute des hippies à l'époque. Il y a toujours une ambiance un peu particulière à Mirleft.

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Chez Brahim, le roi de la sardine grillée.

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Nous ne pouvons pas passer à El gzyra sans nous arrêter, c'est trop beau El gzyra, alors même si c'est seulement à une vingtaine de km de Mirleft, et bien, non seulement nous nous y arrêtons, mais nous y restons 2 nuits, c'est magnifique et l'ambiance excellente chez Abdoul.

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Après Sidi Ifni, nous avons 2 solutions pour rejoindre Tan Tan : la simple, qui consiste à prendre la route principale, la complexe qui passe par la plage blanche.

La Plage blanche est connue depuis Saint-Exupéry. Depuis les airs, cette longue étendue de sable blanc est utilisée comme repère par les pilotes de l'aéropostale sur leur route vers Nouadhibou et Dakar. Se poser dans cette zone était un cauchemar. Pas d'eau à l'horizon, et des tribus souvent hostiles..Nous choisissons de passer par la plage blanche, mais en voiture, car nous avons des doutes sur notre capacité à rouler sur le sable sur une longue distance (environ 40 km de sable). En effet, on ne peut rouler qu'à marée basse et il n' y a pas d'échappatoire, d'un côté c'est l'océan, de l'autre des falaises et des dunes, vaut mieux ne pas se louper. Nous roulons donc jusqu'à la fin du goudron, et à Foum assaka, un lieu dit plus qu'un patelin véritable, on se met en quête d'une voiture. Grâce à Ali qui téléphone à Mbark qui appelle Hassan qui possède un 4 X 4, on essaye de conclure le marché. Mais Hassan est dur en affaires et n'a pas envie de se faire chier à rouler toute la journée pour « chouia felouz », il délègue auprès de Bachir qui est moins gourmand. La piste est difficile effectivement, et quand nous arrivons à la plage blanche, force est de constater que l'on ne passera pas, le sable est trop mou, c'est le moment des grandes marées et les vagues qui déferlent remontent trop loin, il faut donc prendre une longue piste de cailloux qui contourne la plage blanche. Nous sommes un peu déçus car de la plage blanche n'avons vu que le point de départ mais dans le fond, cela nous donnera l'occasion de revenir.

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Avant de passer au prochain chapitre, nous allons vous présenter rapidement quelques personnes que nous avons eu énormément de plaisir à rencontrer ces derniers jours. Ces moments délicieux qui, bien qu' éphémères, magnifient le voyage.

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Eux, ce sont Edwige et Stéphane, des français adorables qui vivent à Mirleft depuis 6ans.

Petit coup de pub : Stéphane tient l'hôtel Atlas, c'est là qu'il faut vous arrêter si vous passez par là.

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Eux, Angus et Bridget, nos kangourous préférés. Ils voyagent en camion depuis un bout de temps, vont revendre le camion pour aller faire un stage de poterie en Inde, avant de monter une petite affaire en Australie, genre restau bio, parce que l' Australie c'est leur pays et il est facile d'y gagner pas mal d'argent !!

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Ici, nous sommes avec Ernst devant l'hôtel Atlas ( recoup de pub, Stéphane, va falloir envoyer la monnaie !), et Ernst, il est tout à la fois, scientifique, littéraire, passionné et passionnant Son épouse l'a accompagné un moment, puis est rentrée en Belgique, du coup, il continue l'aventure marocaine en solitaire, au volant de son 4 X 4 par les pistes les plus coriaces qui soient. Il a ainsi fait de fort belles rencontres. Ernst est aussi un très bon photographe, je me permets d'insérer une des photos qu'il a faites devant l'hôtel Atlas.

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