Pour aller à Mekele depuis Lalibela, il y a plusieurs options : revenir sur nos pas pour reprendre l’axe principal à Weldeya, ou alors partir plein nord par une piste via Sekota. Nous prenons la seconde option. Si les premiers km sont agréables, nous regrettons vite notre choix, car sur une centaine de kil., la piste est complètement défoncée par les engins de chantier. Les chinois sont en train de transformer la piste en route. Nous passons une nuit à Bilbala, un village d’une grande pauvreté, les gosses sont pour la plupart en haillons. Alors que nous prenons un thé au bar, le serveur ne cesse de battre des bras pour tenter d’éloigner les mouches importunes. Elles sont partout, tourbillonnent avec nervosité et s’acharnent sur sa petite fille. Il n’y a pas de guest house ici (qui aurait l’idée de séjourner dans pareil bled), mais 2 jeunes fort sympathiques nous dégotent un lit.
Malgré notre appréhension, il n’est pas habité par les puces, en revanche, en pleine nuit, ce sont les souris qui s’intéressent au contenu de nos sacoches. Leur butin est maigre : un mouchoir en papier. Le lendemain, nous reprenons notre chemin de croix. Au bout de quelques kil. à transpirer sang et eau, nous nous engouffrons dans le bus quotidien qui nous mène à Sekota, puis dans un second qui nous dépose sur le goudron après un long parcours sur une piste très accidentée dans un paysage de toute beauté. Partout, des cultures, quand la pente est trop forte, ce sont des terrasses, avec le jaune des boules de paille qui illumine la campagne.
A Korem, nous retrouvons le plaisir de la bicyclette. Après la piste cassante, le goudron nous semble aussi doux qu’un tapis de laine. Le moral revient, et dédaignons le parcours de la plaine, pour prendre la route des cols. Nous sommes donc embarqués sur une route splendide, nous passons un premier col, à plus de 3000m, puis un second, presqu’à la même altitude et nous laissons finalement glisser dans un long et grisant toboggan de virages en épingle. Un délice.
Vues du premier col (col raya), 3100m environ
Montée et descente du second col (col d'Ambalage)
La pente est un peu exagérée sur le panneau !
Une magnifique journée au milieu des champs d’orge, pas un brin de mendicité. Fini les give moni, mais une multitude de hello, where are yo go, et même des « i love you » ! Fini les accélérations pour échapper à des gosses quémandeurs qui se jettent sur nous sur comme des mouches sur un pot de miel, que des gamins adorables qui tentent de placer quelques mots d’anglais, que des encouragements et des « good morning » criés par les laboureurs ayant, à notre vue, arrêté leur attelage de buffles au milieu du champ, ou un geste des moissonneurs qui coupent les céréales à la main.
Encore une journée et c’est l’arrivée à Mekele, capitale du Tigré, une ville super agréable, avec douche chaude, des petits bars et restaus de partout. Et en prime on trouve à nouveau de délicieux jus de fruits et avocats, ou alors une bière bien fraîche, bref, de quoi se refaire une santé.
Ah, j’allais oublier le Geza Gerlaze, où la viande est si bonne et où on se rend le soir, avec musique traditionnelle dans un décor typiquement africain.
Elle n’est pas belle la vie ?