• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Les mêmes couleurs que le drapeau Iranien, mais les bandes sont inversées.

Où c'est ? Le Tadjikistan est une des contrées les plus reculées du monde du fait de sa situation géographique au cœur de l'Asie Centrale (coincé entre la Chine, l'Afghanistan, L'Ouzbékistan et le Kirghizstan) et de son altitude (50% de son territoire est situé au dessus de 3.000 m). Le Pamir tadjik était une région totalement interdite aux étrangers jusqu'à ces dernières années notamment à cause du conflit sino soviétique.

C'est parti pour la visite duTadjikistan.

3 Juillet. Nous remontons la vallée de la rivière Zarafchon et passons notre première nuit au Tadjikistan dans la petite ville de Penjinkent, dans une très agréable guest house. Notre hôte Niozkoul nous dit que ce qui nous est arrivé à la douane est monnaie courante et nombreux sont ceux qui se sont fait dépouiller en passant cette frontière, à commencer par lui, par un douanier qui dans la vie est un copain !

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Des tricheurs!

4, 5, 6, 7 Juillet. Nous quittons la route qui doit nous mener à Dushanbe pour nous engager dans la vallée qui conduit à une série de lacs.

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L'âne est ici le compagnon des petits et des grands.

Nous approchons des monts Fan. Les montagnes se redressent et la vallée devient de plus en plus étroite. La route, où alternent bitume défoncé et gros galets, se fraye un passage entre la rivière et les montagnes aux pentes abruptes. En levant la tête, on peut apercevoir, jouant à cache-cache avec les nuages, des sommets culminant à plus de 5000 mètres. Ici chaque parcelle de terre plus ou moins plate est cultivée et de petits villages s'éparpillent sur ces zones de verdure. Puis, les villages se font de plus en plus rares et les lacs de plus en plus nombreux puisque nous en longerons 7. Mais il fait très très chaud et la route devient bien raide. Un 4X4 propose de nous charger, mais cela ne nous porte pas chance : quand nous arrivons sur le lieu où nous allons poser la tente, nous découvrons avec horreur que nous avons perdu une sacoche, tombée de la voiture à cause de la route défoncée. Nous voilà donc allégés, mais sans vêtements chauds et de pluie, indispensables pour la suite de notre périple. Aie Aie, Aie, le Tadjikistan en vélo s'annonce mal....

Le lendemain, reprenons la piste déserte et bien caillouteuse. Nous sommes parfois accompagnés par des gamins rigolant sur leurs ânes, quel bonheur ! C’est à pied que nous découvrons le 7ème lac, non pas que nous ayons perdu aussi les vélos, mais la piste est tellement raide que l’on passe plus de temps à pied que sur nos montures.

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Zohira, sa mère et sa fille, chez qui on a passé une nuit.

Après une nuit dans une « homestay » des plus sympas, nous redescendons en plaine non sans nous enquérir de notre sacoche le long du chemin. Mais personne ne l’a vue…peut être une voiture l’a-t-elle ramassée…, cela ne nous amuse pas trop, mais chemin faisant, on croise un camion qui vient de crâmer complètement avec tout son chargement, alors on se console en se disant qu’il a perdu plus que nous…..De plus, nos amis qui vont arriver de France vont nous arranger le coup en nous apportant du matos. Merci J.Mi, Patrick et Christine ! Et puis, à cause de cette histoire, nous avons fait des connaissances : Abdellakrim l’adorable instit qui nous a invités à manger chez lui, et plus tard les gars du studio télé de Penjinkent. En effet, nous sommes revenus ä Penjinkent et notre hôte nous a conseillé de faire passer une annonce à la télé locale. Ma foi, nous n’y croyons pas trop, mais pourquoi pas. En tout cas, ce n’est pas TF1, locaux pouraves et bottes obligatoires pour entrer dans les toilettes.

Bonne ambiance à la guest house, 2 bonnes soirées avec Ian le montagnard qui va grimper un 7000m, Pascal qui travaille ici, et des Tchèques qui font du trekking. Eh oui, le tadjikisan se prête à d'autres activités que le vélo.

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Avec Ian

Du 8 au 14 Juillet.

Comme nous ne sommes pas trop pressés, nous faisons tours et détours pour visiter 2 vallées très agréables et surtout assez fraîches. On nous a prévenus qu’il fait une chaleur infernale à Dushambe, alors profitons.

Nous faisons de belles rencontres. Les Tajiks sont bien sympas et hospitaliers. Ils sont d'origine persane et parlent le farsi, comme en Iran ou en Afghanistan. Ils se distinguent donc de leurs voisins ouzbeks, Turkmènes ou Kirghizes, qui sont d'origine turco-mongole et parlent des langues d'origine turque. Normalement la langue de communication avec les étrangers est le russe (langue parlée par une grande majorité de la population). Nous ne parlons pas le russe, mais en mélangeant un peu de charabia par ci par là, on finit par se comprendre à peu près.

La 1ère vallée nous conduit au bord du lac Iskander Kul, enchâssé par de moyennes montagnes. Nous n’avons pas le droit de faire du camping sauvage car le président a sa datcha pas loin. Nous campons dans un ex camp de vacances des soviet. Joël et Françoise, sympathiques savoyards, vivent dangereusement : ils dorment dans un bungalow, délabré et gris. Les sanitaires tiennent du cauchemar. Les repas se prennent dans un bout de baraquement gris. En fait, tout est gris dans ce campement, ìl y a bien quelques toiles cirées fleuries et bien collantes dans le pseudo restau, mais l’ensemble est gris, même les gens qui y mangent sont gris, c’est-à-dire saouls. C’est clair, ici, on préfère la vodka et la bière au thé. Ils s’en donnent les gaillards.

Nous avons fait une petite promenade en montagne en vélo, mais sans bagages, c’était agréable. Alors que nous traversions un petit hameau, nous avons été invités à manger chez une dame aux joues rouges et au sourire en or (dans ce pays, c‘est très fashion d‘avoir un râtelier doré). A la fin du repas en Asie Centrale, il y a un très beau geste qui fait glisser les paumes des mains le long des oreilles et des joues. Elles se rejoignent écartées paumes vers le ciel en signe d'offrande avec une prière de remerciement à Allah accompagnée de quelques vœux. Le repas est alors considéré comme fini, on peut quitter la table. Ou plutôt le sol. Parce qu'on mange à même le sol sur de beaux tapis ou tissus. La brave dame nous a dit que son vœu était que notre voyage se passe bien jusqu’à Kathmandou. Nous sommes donc repartis bien tranquilles et gavés du miel de ses ruches, en plus, nous serons protégés des maux de gorge.

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Sur la route d'Islander Kul.

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Puis, nous avons accédé à la 2ème vallée en Lada Niva.

La piste est juste atroce, mais elle passe dans de très beaux paysages. Elle mène à des lacs aux eaux turquoises, les lacs Allaudin. En fait la montée n’a pas été si simple. D’abord embarqués dans un 4x4 Musso, nous avons été accompagnés par un chant de rossignol sur quelques km. Puis le chant s’est transformé en un cri strident et ininterrompu. Nous sommes donc redescendus en plaine et avons fait ausculter le Musso chez le garagiste. Après avoir démonté roues, plaquettes et étriers de freins, il a décrété que nous pouvions repartir. Mais le rossignol était toujours là, et comme il s’est remis à hurler, nous sommes redescendus à nouveau dans la vallée, et cette fois, c’est le garagiste qui nous a embarqués dans sa Lada. Nous avons fait une montée terrible, quasi 1000m de dénivelé pied au plancher, sur une piste pentue et pleine d’ornières.

C'est tellement facile en Lada, qu'on s’est demandé combien valaient nos vélos à l’argus….

En route, nous avons acheté un seau d’abricots délicieux, ce qui nous a permis de régaler pas mal de gamins en montagne.

Nous avons aussi visité des familles en alpage, et avons assisté à la fabrication du fromage.

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Nous avons posé la tente dans un camp d’alpinistes russes, les hommes tout en muscles, et les femmes gonflées à la testostérone. Le lendemain, avons fait la balade classique aux lacs Allaudin, superbe, malgré les petites averses. Nous l'avons faite à pied, laissant les vélos au repos...

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En redescendant des lacs Allaudin.

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De joyeuses faucheuses.

15 Juillet, Une haute chaine de montagne nous sépare encore de la capitale tadjike. Pour rejoindre Dushambe, la nouvelle route passe par un tunnel creusé sous la montagne, à quelques 2700m : 6 km d'une route défoncée avec d'énormes flaques boueuses et un éclairage plus que précaire. Terrifiant ! L'air est sature de gaz d'échappement et par endroit, l'obscurité est totale. Plutôt que de goûter à cet enfer, nous choisissons l'ancienne route, qui gravit un col à 3372 mètres d'altitude. Mais quel col, peut être un des plus difficiles de notre carrière. En effet, du fait de la nouvelle route, l’ancienne n’est plus entretenue, ce n’est qu’une piste infâme et ravinée, et très pentue. Alors, comment cela se monte, une piste comme celle-ci ?

En soufflant, en pestant contre l'absurdité du monde, en poussant . La recette, je vous la donne, mais ne l'ébruitez pas : quand la vitesse descend en dessous de 4.5 km/h, tu descends et tu pousses. ça ne vaut pas le coup de rester en selle, les jambes font mal, tu risques de tomber et ne vas guère plus vite qu'à pied. En dessous de 3.5 km/h le compteur est sympa et il ne marque plus rien pour ne pas te faire honte. Alors on rentre dans la zone fatigante et très laborieuse du « comptage des pas ». En général, tu comptes 50 pas et tu te votes un temps de repos. Regard abstrait et vide. Je te dis pas les pensées qui passent dans la tête. Parfois, c’est un repère du relief qui fixe le lieu de la prochaine « pause-reprise de souffle ». Le bloc là-bas ou le tournant du lacet qui ouvrira les perspectives d’un nouvel horizon. Peut-être le col ? La fin des souffrances, le retour à des vitesses décentes ? Qui sait ? Plaise à Dieu.

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En arrivant au sommet, à 3372m, ça y est, nous l'avons vaincu le col d'Anzob, le gars de la météo nous attend avec le thé. Délicate attention, nous sommes sur les genoux. Il nous propose aussi de dormir à la maison. Il faut savoir accepter quand la providence se met sur ton chemin, surtout qu'il nous a garanti que sa femme fait très bien la cuisine..

Mais les choses ne sont jamais aussi simples : ce qu'il n'a pas dit, c'est qu'ils ont 6 gosses.....et que la baraque est infestée de rongeurs !!! On a couché les marmots à coté de nous, ils n'ont pas été chiants, sauf les 2 plus grands qui nous ont bercés avec le coran.

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Le petit a mal aux dents, sa mère lui règle son problème avec une épingle à nourrice !

Le plus dur, ce fut les rongeurs : mulots et rats ont fait la sarabande toute la nuit, n'avions qu'une crainte, qu'ils rentrent dans nos duvets, mais il y avait déja les puces !!!! Des souvenirs qui marquent....

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La famille au complet

Mais il y a une justice : le lendemain, nous nous sommes laissés glisser sur 90 km, une descente giga. Le Tadjikistan en vélo n'est donc pas que souffrance !

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Quand nous sommes arrivés à l'hotel sovietique de Dushambe, et que nous avons pris possession de notre chambre sinistre, nous avons regretté notre précédent logis ! 

Dushambe. Pas très envie de photographier cette ville, bâtie à la soviétique, c'est à dire pas terrible..., un immense boulevard bordé d’arbres qui apportent un peu d’ombre. Le centre ville est repéré grâce à la grande statue d'Ismaël Somoni, héros local du 12ème siècle. Elle remplace celle de Lenine, déplacée dans les années 90. 

Du 18 au 23 Juillet.

Alors, quoi de neuf ?

Quand Bruno joue au coiffeur !

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Avant... Après..........

Comment passe t’on de 2 à 7 ?

Tout d’abord, après 2 rendez vous manqués les précédentes années pour cause d’accidents nous concernant, enfin les retrouvailles : Patrick et Christine arrivent pour pédaler avec nous.

Les aventures de Christine et Patrick pour nous rejoindre : Patrick débute ses vacances avec un lumbago, incident qui a failli être lourd de conséquences… après avoir visité Samarcande nous renonçons à pousser jusqu a Boukhara, trop de route pour le mal de dos et pensons rejoindre plus tôt les amis à Duchambe. On se pointe tout fiers à la frontière, on sort de l’Ouzbekistan et on se présente à la frontiere Tadjik. Hum, gros problème : nous sommes le 16 juillet et le visa Tadjik n’est bon qu’à partir du 18... On ne peut ni retourner en Ouzbekistan ni rentrer au Tadjikistan, Les douaniers ne rigolent pas du tout et nous voilà coincés pour 2 jours dans le no man’s land avec 2 litres d’eau et 4 bananes par 36 degrés à l’ombre… et puis miracle au milieu de notre sieste se pointe un petit bonhomme souriant et rondouillard qui s’avêre être Niozkoul chez qui on devait loger 2 jours plus tard…il nous arrange le coup avec les douaniers moyennant un bon bakchich de 150 dollars et la promesse de rester sous la surveillance de Niozkoul jusqu’au 18...

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Nous quittons rapidement et sans regret l’hôtel Vascht, un hôtel "sovietic style" pour d’autre horizons plus prometteurs. Après un départ tardif, nous voici sur la route M41 : c’ est une des principale route du pays, elle constitue la principale voie d'accès à la région du Pamir et à la Chine. Dans sa première partie, elle n’est pas hyper intéressante, et pas mal passante, avec une harmada de bagnoles qui ne se gênent pas pour nous balancer de la poussière. Ensuite, nous circulons le long de la rivière Abikhingaw aux eaux boueuses, avec une série d’up and down.

Quelques aperçus de notre petite bande, en action, en vélo au Tadjikistan, ou à côté du vélo parfois :

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Cette équipe n'est pas des nôtres :

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un peu de fraîcheur

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Intéressant pour les géologues

A l’ombre d’un arbre, nous retrouvons complètement par hasard Rob, que nous avons connu en Iran et qui se rend en Corée, coup, l’équipe a un membre de plus. 2 jours plus tard, nous croisons Rose et Martin, qui arrivent du Japon et passons un grand moment à nous abreuver à l’ombre dans une Chaikhana (maison de thé). Nous ne roulerons pas avec eux puisqu’ils vont dans l’autre sens, par contre, Rob est accroché à nous comme la misère sur le pauvre monde. Il est bien gentil, mais a oublié sa savonnette en Angleterre.

 

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Nous voilà donc à 7, le temps de quelques thés.

Rose et Martin nous ont fouttu la trouille en nous décrivant leur passage sur un pont cassé, mais finalement, c'était facile :

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Qu’avons-nous vu de spécial ? Un petit village, avec une mosquée démesurée pour nourrir les âmes et une minuscule épicerie quasi vide pour nourrir les ventres. Des hébergements divers et variés. Un jour, c’est l’établissement de vacances soviet délabré avec patates bouillies pour ne pas dire soupe à la grimace et le lendemain, une hôte attentive nous régale avec des pâtes maison.

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Voici en photos le lieu où nous avons dormi au pied du col Khaburabot

La douche

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La cuisine (exterieur)

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La cuisine (interieur) 

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Le lave vaisselle

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Les toilettes, biplace, mais avec séparation "homme-femme" :

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Du 24 au 28 Juillet. Le col de Khaburabot 3258m se grimpe facile, pente constante et route correcte. Mais bien sûr, la descente c’est encore mieux, on se régale sur 2000m de dénivelé. Cette descente nous mène dans la vallée de la rivière Panj. La vallée est souvent étroite et extrêmement encaissée, hérissée de pics acérés

De l'autre coté de la Panj, se dressent de jolis petits villages, bâtis de terre ou de pierres. Ils sont bien différents de leurs homologues tadjiks. De l’autre côté de la rivière, aucune route ne relie ces petits villages. Une simple piste, parfois taillée à même la falaise, permet aux villageois de se déplacer. Nous y avons vu de petites mobylettes grimper avec peine, de nombreux ânes bien chargés, et un âne qui semblait transporter une mariée. Des enfants se baignant avec délice dans la rivière, des familles faisant les moissons à la faucille, des porteurs, remplaçant les jeeps et camions que l‘on croise du côté Tadjik. Heureusement que nous avons ces quelques distractions pour nous faire oublier la chaleur et le soleil qui darde ses rayons sur nos pauvres créatures. De ce côté de la rivière Panj, c’est ….l’Afghanistan.

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La rivière Panj qui coule, tantôt paisiblement, tantôt avec furie, n'est autre que le haut Amu Darya qui alimente la mer d’Aral (enfin…ce qu’il en reste…) et marque la frontière administrative entre le Tadjikistan et l'Afghanistan. Nous allons la longer sur des centaines de km.

Parfois nous choisissons les arrêts, pour le thé, la pastèque…. Lors d’un piquenique, Abdullah nous a apporté le thé et les abricots. Nous avons aussi des arrêts forcés…pour réparer les multiples crevaisons. En une semaine, Patrick est le grand gagnant, avec….7, Rob fait figure d‘amateur avec seulement 2. Par contre, Rob le bat pour égoutter les pâtes. Pour éviter qu’elles ne lui échappent (sic !)…il ne les égoutte pas…, il les met à cuire avec patates et carottes et boit le bouillon. Malin ce Rob ! Dommage qu'il ait oublié sa savonnette en Angleterre (bis repetita !)

Nous avons roulé plusieurs jours dans des gorges fascinantes, les yeux rivés sur la ligne afghane. subjugués par ces kilomètres de sentiers sur lesquels nous apercevons des marcheurs, des caravanes d'ânes au galop, et dont les braiements résonnent le long des parois rocheuses avant de redescendre emportés par le cours d'eau. Parfois le côté Afghan ne dispose que de peu d'espace du fait de ses abruptes falaises de montagnes plongeant dans la Panj. C’est dans ces falaises que nous avons vu un sentier vertigineux, le seul qui relie les villages entre eux, un chemin sculpté au burin à même la roche, étroit, irrégulier, et que seul la foi semble faire encore tenir.

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28, 29 Juillet. Nous nous séparons de Rob à Khorog : il veut rester là au moins 2 jours, pas nous. Après 9 jours dans la pampa, nous attendions beaucoup de Khorog. Le guide indique qu’elle abriterait une grande université financée par l’Aga Khan et sa population est décrite comme l’une des plus brillantes et les mieux éduquées de toutes les villes d’Asie centrale. Mais pour nous, Khorog, nous apparait comme une ville sans âme En plus, il pleut toute la journée…Nous passons une partie de la matinée à la recherche d’une chambre à air (Patrick est un gros consommateur…), et une partie de l’après midi sur un ordinateur poussif. Au moment de quitter l’auberge, Christine s’aperçoit de la disparition d’une pochette contenant entre autres une grosse somme d’argent. Nous ameutons tout le monde et…. la pochette finit par réapparaître. Manifestement la fille de la maison avait fait main basse dessus. Nous avons déjà eu le même scénario quelques jours plus tôt avec une lampe. Situations fort peu agréables…. Nous partons sous la pluie et nous goûtons en fin de journée au délice d’un petit bain aux sources d’eau chaude de Garm Chashmsa. Les hommes révèlent à Bruno et Patrick les vertus de cette eau avec plus de précision : elle est recommandée avant tout pour les maladies de peau. Nos 2 compères regardent autour d‘eux. C'est un catalogue de problèmes dermatologiques : des dépigmentations, des champignons, des taches noires, blanches ou rouges. Ils sortent de l'eau, ne voulant pas prendre le risque de choper un psoriasis géant, fut il Tadjik !

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Belle barbe en tout cas....., cette eau doit aussi être bonne pour les poils.

En quittant Khorog, nous sommes entrés dans le corridor de Wakham, frontière naturelle entre le massif du Pamir au nord et celui de l'Hindu Kuch au sud, la vallée de Wakhan apparait comme un étroit corridor, un axe de vie taillé au cœur de sommets déchiquetés. Cette vallée reculée constitue aussi l'un des itinéraires les plus anciens de la route de la soie. Quelques forts en ruines attestent encore du passage des caravanes de marchands. Marco Polo lui-même a traversé cette vallée en 1274.

30 Juillet. L’étape d’aujourd’hui est avalée rapidement, il ne fait pas trop chaud et la route est assez roulante. Nous mangeons la soupe de midi dans un petit boui boui troglodyte avec un décor « blanche neige » sur les murs….surréaliste… Nous arrivons à Irkashtim, petit bourg relié à l’Afghanistan par un pont sérieusement gardé.

Pour la première fois, dans la chambre, le portrait de l’Aga Khan veille sur nous.

L'Aga Khan: Les peuples du Pamir sont en grande majorité ismaéliens. Cette religion, introduite dans la region au XIe siècle, est une branche minoritaire de l'Islam chiite qui n'utilise pas les mosquées, mais des salles de réunion dénommées "janoat khane". Chaque village est dirigé par un "khalifa", chef religieux qui dirige les prières et dispense ses conseils, assiste par un "rais", le chef de la communauté. Le chef spirituel des Ismaéliens est l'Aga Khan. Karin Aga Khan IV, est né en 1936 en Suisse et est considéré par les Pamiris comme un véritable dieu vivant en sa qualité de 49ème Imam - il est un descendant direct du prophète Mahomet, par le biais de son cousin et gendre Ali (1er Imam) et de sa fille Fatima. Dans quasi toutes les maisons le portrait de l'Aga Khan est présent, et cet homme est vraiment important pour les Pamiris. En effet, l'Aga Khan est loin d'être une divinité abstraite car son intervention pendant la guerre civile qui secoua le pays au lendemain de son indépendance, dans les années 90, a permis d'éloigner la famine qui menaçait la région, grâce à une aide humanitaire.
Il subventionne aussi nombre d’écoles. Nous avions déjà vu les mêmes faits dans le Nord du Pakistan.

Quelques mots de la maison pamirie traditionnelle : elle s'organise autour d'une vaste pièce centrale dotée de 5 piliers et de parties surélevées bordant les quatre côtés d'une fosse centrale. La cuisine est parfois insérée dans un angle, ou peut se trouver dans une pièce attenante. Il y a aussi souvent une autre pièce réservée aux invités. La pièce centrale comporte peu de fenêtres (souvent une seule), afin de s'isoler au mieux des rigueurs de l'hiver, et la lumière provient d'une lucarne insérée au centre du toit plat. L'ameublement se compose de tapis et de matelas, ( on installe chaque soir matelas et couvertures sur le sol), d'une ou deux armoires et bien souvent d'une télé ! Les murs sont décorés de photos de la famille, nombreuse, avec souvent plusieurs enfants exilés en Russie.

31 juillet. Par chance, c’est jour de marché Tadjiko Afghan. Ce marché a lieu dans le no man’s land entre Tadjikistan et Afghanistan. Il nous faut laisser notre passeport à la douane Tadjike, et le récupérer au retour du marché. Une haie d’honneur de bidasses armés de Kalatchnikov surveille étroitement les lieux. Ils nous demandent de ne pas faire de photos, mais une fois sur la place du marché, on fait ce que l’on veut, les Afghans sont hyper fiers de se faire tirer le portrait.

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Comme nous arrivons de bonne heure, nous assistons à l’arrivée et l’installation des vendeurs et contemplons la frise qui s'anime. Le plus spectaculaire, c’est l’arrivée des marchands Afghans, plusieurs tapis ou un gros ballot sur le dos, ou courant en poussant une charrette ou une brouette pour avoir une bonne place. En une demi heure, tout l’espace est occupé, d’un côté les Afghans, de l’autre les Tadjiks. Impossible de voir la burka d’une Afghane, il n’y a aucune femme de ce côté. De ce côté, on vend des chaussures d’occasion, des savons, diverses babioles. Le banc du Khôl a un franc succès. Côté Tadjik, plutôt des fruits, des biscuits et des bonbons.

On a vite fait le tour de ce marché mais c'est pas grave, on le refait, deux fois, j‘aurais pu le refaire 10 fois. Les marchandises n'ont aucune importance. Ce sont les gens desquels les yeux ont souvent du mal à se détacher. Ils sont beaux. Ils paraissent grands, ennoblis par toutes les histoires vécues que je leur prête.

En laissant notre regard flotter dans le ciel bleu, nous pouvons observer le mouvement des gros nuages blancs. Eux ne connaissent pas de frontières.

Après cette visite au marché, nous entamons notre travail de pédalage un peu tard, mais par chance, l’après midi, Eole est bien disposé, et nous ressentons ses bienfaits sur nos dorsaux musclés, ouaf ouaf….. Pour un peu que l’on tourne un peu nos jambes, nous avançons sans effort.

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1er Août

Comme les jours précédents, lors de notre remontée de la vallée de Wakhan, nous devons être vigilants pour conduire nos vélos car la piste est souvent assez mauvaise et pierreuse, mais nous profitons au maximum des fabuleux paysages qui nous entourent. Côté afghan, les sommets de l'Hindu Kuch, marquant la frontière pakistanaise, s'élèvent au-dessus de la barre des 7000m.

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Dans le fond de la vallée, de nombreux cours d'eau alimentant la Panj sont autant de sources de vie autour desquelles sont installés de petits villages où l'irrigation permet de cultiver les rares terres arables et d'élever quelques vaches, moutons et chèvres. Nous avons assisté à la toilette des moutons dans la rivière. Les bergères nous ont expliqué qu’elles les lavaient avant de les tondre. Ils n’avaient pas l’air ravis de passer chez le coiffeur. A midi, on nous a proposé l’ombre d’un abricotier pour une pause bien méritée. Encore quelques heures à se faire taler les fesses sur la piste, et c’est Langar, à 2800m d'altitude, qui est le dernier village de la vallée. Nous nous posons dans une guest house. Il existe de petites structures de tourisme mises en place par des ONG notamment ACTED et META mais elles reçoivent peu de visiteurs en réalité. (isolement, prix de l’essence, et cette année les problèmes au Kirghistan ont peut être ralenti le tourisme en Asie centrale.)

Les Versolatto connaissent une nuit agitée par quelques troubles gastriques, sans doute dus à une boîte de corned beef peu adaptée à des organismes délicats… .

2 Août. Du coup, les Verso font l’étape du jour en voiture, emportant avec eux les bagages de Patrick et Christine qui s’élancent dans la montée et commencent la journée par l’ascencion de 6 épingles à cheveux.

La lada qui nous emmène tombe en rade au bout de quelques km, sa biellette de direction déboitée. Le chauffeur tente d’abord de la remettre, sans succès, puis disparaît. Ne le voyant pas revenir, on inspecte les alentours…et…oh surprise, on le voit entrain de grimper en tong au sommet d’un poteau électrique pour couper un mètre de fil…..Il y a bien longtemps que le courant ne circule plus sur cette ligne, elle fonctionnait au temps des soviets, mais depuis…niet.

Après un rafistolage maison, nous voilà repartis et la Lada bricolée au fil de cuivre nous dépose à 36 km du départ, au campement convenu du bord de la rivière, où nous sommes rejoints par Raphael, sympathique cycliste Helvète.

3 Août. Piste fatigante avec gravier jusqu’au chek point de Khargush camp où nous devons attendre le factotum parti à la pêche…et qui revient avec de belles prises, 3 poissons d’au moins 8 cm…Nous continuons la montée pour nous poser à 3900m d’altitude, près de la rivière juste après une ferme. Bovins et ovins se délectent de l'herbe gorgée de chlorophylle, sous la surveillance attentive des bergers. Au Tadjikistan, ces derniers sont souvent de jeunes enfants qui, nous voyant arriver, nous saluent d'un "As salam" avec la main sur le cœur.

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Très vite, nous avons la visite d’une bande de gosses aux lèvres gercées et au visage caramélisé par le soleil trop violent à ces altitudes. Nous leur passons une commande. Quelques minutes plus tard, les voici de retour, sur leur âne, avec la livraison : 3 litres de yaourth délicieux…pour un peu moins d’un euro. Patrick le dégueule quelques heures plus tard, mélangé aux nouilles à la tomate, quel gâchis !

4 Août. Beaucoup de poussage dans la première partie, puis piste acceptable. Passons le col Khargush à 4344 m presque sans nous en apercevoir. Les sommets enneigés nous surveillent du coin de l’œil. La descente est chaotique, avec tantôt du sable, tantôt de la caillasse.

Comme nous n’en avons pas assez de nous faire secouer les tripes, nous faisons une variante et rempilons pour 16 km de mauvaise piste.

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Nous arrivons au milieu de nulle part, à Boulunkul, un village du far-west qui semble livré a lui-même, où des enfants s'amusent avec des chiens errants, dans la poussière et les carcasses de voitures.

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Nous sommes grandement récompensés, la population est hyper chaleureuse, la guest house bien acceuillante et la bouffe bien bonne, poisson frit et patates au menu. La douche se trouve à 8 km…..nous nous y rendons en voiture. Dans un abri de pierre dominant un somptueux lac, une source chaude coule dans une baignoire dans laquelle on peut se prélasser avec délice.

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toilettes...

 

5 Aout. Nous entreprenons cette piste qui coupe à travers lacs et désert, un non-raccourci qui vaut le détour. Le vent et le soleil dans le dos, nous glissons en silence dans cette solitude.

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Un silence lunaire qui ne sera même pas troublé par les gargouillis d'un geyser crachotant, car celui-ci refuse de se réveiller aujourd’hui.….. De superbes paysages et un final en se dandinant sur nos montures, les roues cognant à gauche et à droite sur de gros galets. 

Arrivée à Alichur, une ville de passage qui semblerait éteinte s'il n'y avait pas ces gaillards entassés devant la Chaikhana, ou discutant le long de ces maisons rangées dans la pure tradition soviétique. Nous profitons de la chaikhana pour manger l’inévitable soupe, et même si le mouton sacrifié ne doit pas être tout jeune, nous le dévorons sans crier gare. Tout ce qui rentre fait ventre, on attaque aussi les poissons frits. Le tout dans un décor de mer turquoise, de palmiers, de grenouilles dans les marécages…..quand on se lance dans la déco au Tadjikistan, le résultat est généralement délirant.

Après cette pause salvatrice, nous repartons sur le goudron cette fois, jusqu’à un campement et passons la nuit dans la yourte douillette d‘une famille qui passe l‘été ici, en alpage. Récupération active avec une promenade aux alentours, dans les lumières fantastiques du crépuscule, au milieu des prairies salées dans lesquelles broutent les yaks, singuliers bestiaux, formidables souverains des toits du monde, timides et ombrageux à la fois. Nous sommes maintenant dans « le Tadjikistan des Kirghizes », yourtes accueillantes, produits laitiers à gogo, fromage, kéfir (yaourt), beurre de yack, double crème, si notre médecin préféré lit ces lignes, il va nous tuer, c’est sûr. Le sympathique Anamela fait tout ce qu’il peut pour entretenir la conversation, mais ses efforts sont quasi réduits à néant du fait de nos maigres compétences en Tadjik et Kirghize. Quel dommage !

Le Tadjikistan compte une large population kyrgyze, installée principalement dans le haut plateau du Pamir, y trouvant des pâturages pour leurs troupeaux, des moutons et de gros yaks essentiellement. Une grande partie d'entre eux vivent de façon semi nomade, l'été en yourte, en altitude et l'hiver à la ville.

C'est à Alichur que nous découvrons nos premiers Kyrgyzes : impossible de les confondre avec les Tadjiks en raison de leurs traits mongoloïdes très marqués et, chez les hommes, leur chapeau blanc et noir en feutre si caractéristique !

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photo de Christine

6 Août. Des espaces immenses, des rivières. Une lumière vive, des couleurs brutes, on roule sans ne plus savoir très bien où on est, on se laisse aller dans une sublime descente asphaltée, après avoir franchi le col Nelzatash à 4130m. Mais l’arrivée dans la surprenante bourgade de Mourbag n’est pas donnée. Il ne reste que 4 km après l’enregistrement au check point, mais quels km ! Un vent puissant nous souffle dans les naseaux, un peu comme s’il voulait nous interdire l’accès à la guest house d’Iris qui nous a été chaudement recommandée pour la qualité de son accueil et de sa bouffe !!! Nous ne pensons qu’à manger ? Oui, en fait, c’est un peu cela, faut voir ce que l’on avale….et chez Iris, nous ne sommes pas déçus : salade de tomates et poivrons farcis, un véritable festin. C’est la fête, car à part les produits laitiers, nous ne tournons pratiquement qu’aux boites de sardines. Pourquoi ? Et bien, parceque dans les épiceries, on ne trouve que cela pardi !. Nous sommes loin de notre société de consommatuion à tout crin, la mondialisation n’a pas encore atteint les « magazin ». Dans ces boutiques, il y a fort peu de choses, on va à l’essentiel, sucre, riz, papier WC, biscuits, thé, huile, et heureusement pour nous, les sardines….

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Le vent tempétueux n’ayant pas eu raison de nous, nous sommes arrivés chez Iris avec les premières gouttes de l’orage. Nous y avons pris une douche à la casserole dans une pièce chauffée genre sauna, le pied ! Le soir, d’autres convives Kirghizes nous ont fait un superbe petit récital. Du coup, nous sommes restés 2 nuits et avons profité du marché. Cela se passe dans de vieux wagons désaffectés, une boutique vend la même chose que sa voisine, à quelque chose près. Nous les avons toutes traquées, histoire de ramasser quelques boîtes de sardines pour partir à l’assaut du plus haut col de notre virée. Tout à coup, le marché a été sinistré, car un torrent d’eau boueuse a déboulé en plein milieu, les pauvres vendeurs ont sorti de vieux bouts de pelle pour essayer de détourner la coulée, sans succès évidemment. Il faut dire qu’une pelle sans manche n’est pas très efficace. Peu d’esprit d’initiative et peu de moyens, on a vraiment l’impression que les tadjik sont dans la merde et qu’ils y resteront encore longtemps.

8 Août. Il a plu pas mal pendant la nuit, nous en faisons les frais en démarrant, car il nous faut traverser de grandes étendues de boue. Il parait que les bains de boue sont bons pour la santé, en tout cas ceux-ci n’arrangent pas nos vélos. La journée se passe sans problème, Zephir est encore bien disposé, l’étape est rondement menée. Nous avons un topo nous indiquant le dernier point d’eau, nous avons prévu d’y camper, mais nibe, la rivière est à sec, il nous faut donc rebrousser chemin pour nous installer au bord du dernier ruisseau rencontré. Nous installons notre campement dans les ocres de la terre sur un ciel noir d’orage imminent. En face de nous, les barbelés "avancés" de la frontière avec la Chine que l'on suivra sur plus de 200 km. Frontière déportée de plusieurs dizaines de km par rapport à la ligne des crêtes. Imposée récemment par les chinois pour éviter les infiltrations islamistes sur leur territoire., ou construite par les soviétiques du temps du conflit larvé avec la Chine pour éviter les fuites de leurs ressortissants de l'autre coté du « rideau de fer », peu d’explications claires à ce sujet, mais la 2ème hypothèse est la plus probable. Cette clôture était d’ailleurs électrifiée dans le bon vieux temps.

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9 Aout. 13h, nous arrivons au point culminant de notre partie Tajik : le col Ak-Baital, 4655 mètres. Nous imaginons que la lune a des paysages comparables. Le sol est gris foncé, comme des cendres. La montée a été douce. Le haut plateau du Pamir étant déjà très haut, les montagnes que l'on voit, semblent modestes, même si elles dépassent les 5000 mètres.

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Les 3 derniers km, en mauvais goudron, puis en piste ne sont pas donnés, avec une pente à 10% de moyenne. Il faut faire un peu de pousse pousse pour grimper et la descente en grande partie sur tôle ondulée ne nous laisse que peu de répit. Heureusement, nous avions pris une bonne collation dans la ferme du pied du col, car après il n’y avait absolument rien. Dans cette ferme, les hommes faisaient un « shirdak » , tapis de feutre, que les femmes fabriquent en aspergeant de la laine de mouton avec de l’eau bouillante.

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Puis le vent s’est levé, et comme si nous n’en avions pas assez, nous nous sommes trempés jusqu’aux cuisses pour passer un gué, le pont ayant été détruit par le dernier orage. Patrick a du faire le deuil de ses sandales, emportées par un courant assez fort. Avec tous ces contretemps, auquel il faut rajouter quelques crevaisons, nous ne sommes pas allés jusqu’au village prévu et nous sommes retrouvés un peu courts en nourriture pour le repas du soir. La providence mettant toujours quelqu’un sur notre chemin, ce sont 2 Zurichois en minibus qui nous ont donné un paquet de spaghettis et un paquet de biscuits. Un grand merci à ces jeunes, partis pour plus d’un an, en direction de l’Afrique du Sud en faisant un crochet par l ‘Âsie (www. no horizon.com) Coup de bol que cette rencontre, car dans la journée, n’avons vu que 2 véhicules, et c’est comme cela depuis une semaine, incroyable, nous avons la piste pour nous seuls. Ah non, il y a aussi les marmottes, mais on les voit plutôt caracoler sur les talus. Elles sont assez craintives et détalent rapidement. Sans doute ont-elles peur de nous servir de repas.

Notre campement sous les sommets enneigés de Chine ferait bonne figure dans le catalogue d'une marque outdoor : Vaude, Northface, qui prend ?

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L’eau de la rivière est très boueuse, cela fait l’occasion de sortir le filtre en céramique. Les hommes s’acquittent de cette tâche, les femmes sont en cuisine pour mitonner les « Barilla de Zurich ».

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10 Aout. Nous sommes au dessus du lac de Karakul, gigantesque lac bleu turquoise créé par la chute d'une météorite. Turquoise, en effet, alors que Karakul veut dire lac noir. Mystère....

Paysage lunaire avec des vallées immenses, les montagnes enneigées au loin. Personne ! On est perdu au milieu de nulle part.

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Au village, au bord du lac, une centaine de maisons, cela ne respire pas l’abondance dans le coin.Les maisons sont des cubes blancs dont les portes sont peintes de la même couleur que celle du lac. On se croirait presque sur une île grecque.

Nous nous tapons des raviolis au mouton, récupérons de l’ eau du puits, et de l’ essence pour le réchaud. Cette dernière est siphonnée d‘un camion.

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Nous partons pour le col Kizil Art qui culmine à plus de 4000 m, l'idiot, doublons 3 cyclistes Hollandais (pas trop dur. Ils sont arrêtés sur le bas côté…..), et au cours de la descente, on se prend un put…. de vent de face. Le combat étant trop inégal, nous abdiquons en nous réfugiant un long moment à l’abri d’un pont.

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Nous reprenons la route sans grande conviction et nous arrêtons juste avant que l’orage ne nous tombe sur la tête. Il fait un froid de canard, et bien emmitouflés, planqués dans un tuyau tels les clodos, nous faisons un festin de semoule, salée, puis sucrée en dessert. Qui n’en veut ?

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11 Août. Il ne nous reste qu’1 km pour la frontières Tadjik où nous accomplissons les formalités de sortie en 3 temps, dans des wagons. On emmerde visiblement le douanier, occupé à un jeu sur l’ordi, mais son compère paie le thé, toujours ça de pris. Nous sommes maintenant dans le no man's land entre le Tadjikistan et le Khirghizistan plus que 2 km pour arriver au col, où Christine a le bon goût de nous faire sa 2eme crevaison de la journée en face du pic Lenine, nous laissant le temps de le contempler à souhait.

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Le Tadjikistan à vélo restera pour nous un souvenir fort, nous avons été surpris par le total isolement que nous y avons connu. Ce pays semble à l'abandon, peu d'électricité, sauf par groupes électrogènes, les routes sont plutôt déplorables, les ponts souvent cassés, il y a peu à voir, peu à manger… Mais il reste un vrai domaine béni pour les cyclistes, le vélo permettant réellement d'apprécier la grandeur des paysages, à condition d'être bien aguerris aux mauvaises pistes et à la vie "à la dure", bref, faut aimer en baver...(un peu...). Un point positif est que nous avons eu très peu de circulation sur cette route, la Pamir Highway. Il ne faudrait pas se méprendre : Highway ne signifie pas dans ce cas autoroute mais simplement qu'elle parcourt de hautes altitudes ! Elle est principalement empruntée par quelques camions chinois, mais dans l’ensemble, elle est quasi déserte, surtout après Mourgab.

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Messieurs, contents d'avoir vu votre beau pays, mais contents de le quitter....un peu trop roots à notre goût...On repassera peut être quand vous aurez l'eau courante, internet avec la wifi bien sûr...., et surtout....des chiottes un peu moins craignos ! De Penjikent à la frontière Kirghise, (avec les petites escapades dans les vallées des monts Fan), nous avons pédalé 1958 km pour 19700 m de dénivelé.

Notre parcours à vélo au Tadjikistan est en rouge.

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