• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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1er Juillet. 2 et 3 Juillet. Fête nationale, et 100ème anniversaire de l’ouverture du parc du Mont Robson. Nous nous trouvons maintenant au pied des Rocheuses, nous longeons l’imposant et majestueux Mont Robson (plus haut sommet des Rocheuses)…que nous ne verrons qu’en photo, tant il est pris dans les nuages. Entre Mai et septembre, on a parait il 86% de chance d’en voir le sommet dans la journée. Nous sommes dans les 14 %. Qu’en sera-t-il pour la météo, la probabilité d’averses est de 40% pour aujourd’hui, et 60% pour demain.

Marathon for hope (marathon de l’espoir). Une des aires de repos est un mémorial dédié à Terry Fox, un jeune canadien qui a essayé de traverser la canada en courant, pour sa lutte contre le cancer. Atteint d’un cancer des os, Terry courrait 42 km par jour, avec une jambe artificielle. Rendu à mi chemin, après avoir parcouru plus de 5000km, sa maladie a eu raison de sa course et de sa vie. C’était en 1980, Terry avait 22 ans. Grâce à sa ténacité et à son courage, son esprit continue de vivre, à travers les événements qui ont lieu ici chaque année pour sa cause.

Nous roulons sur un shoulder (littéralement une épaule), c’est à dire une voie d’ arrêt d urgence, donc sur laquelle il n y a en principe pas de véhicule motorisé. C'est un peu notre voie à nous. Sur la chaussée centrale, la circulation est relativement intense, et les gens roulent vite, avec leur 4 X 4, leur pick up, moto ou leur camping car. Entre Prince George et Tête jaune cache, on a eu d’immenses camions de bois qui roulent comme des malades, mais qui s’écartent largement en nous dépassant. Après le col de Yellowhead (tête jaune, en référence aux Indiens), c’est l’entrée en Alberta, et il faut avancer sa montre d’une heure. Nous venons de franchir la continental divide, la ligne de partage des eaux. D’un côté, les eaux coulent vers le Pacifique, et de l’autre vers l’Atlantique

Jasper, la ville du coin, une grande rue touristique et beaucoup de monde. C’est l’occasion de voir enfin la tête de ceux qui nous dépassent à longueur de journée. Beaucoup nous font des compliments pour les vélos, mais personne ne veut essayer.

Avec un petit rayon de soleil, même timide, les paysages semblent sortis tout droit d’une carte postale. Mais il faut avouer que nous ne sommes pas gâtés, nous roulons souvent sous la pluie, il ne fait pas chaud, parfois pas plus de 7 °C.

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Nous sommes contents de trouver de temps à autre une auberge de jeunesse, pour être un peu au sec et surtout pour faire sécher nos affaires. C’est le cas ce soir, nous venons de nous faire rincer copieusement sur plus de 40 km, alors une place en dortoir, oui, on prend.

4 Juillet. Aujourd’hui commencent les choses sérieuses, il nous faut jouer du braquet. C’est tout à gauche comme on dit dans le jargon cycliste, c’est-à-dire développement mini. Dans la dernière partie du col, la pente est raide, le compteur indique entre 8 et 10 % sur certaines sections. On ne veut plus qu’il indique les km, il a été positionné sur l’horloge, c’est moins démoralisant. Sur la route, il n’y a jamais d’indication de déclivité pour les montées, tout le monde s’en fout car ils circulent tous à bord d’engins aux énormes moteurs. Par contre, les descentes sont bien signalées, les véhicules sont invités à bien contrôler leurs freins (Brake check). Donc nous montons, les cuisses en feu. S’il y a dans la vie des moments qui passent trop vite, il y en a aussi qui sont trop longs. Finalement ça va, moyennant quelques pauses, ça passe. Peu avant le col, qui culmine quand même à quelques 2000m, un vent de folie nous attaque de côté. La vue sur les glaciers Columbia icefield est vraiment exceptionnelle, c’est vrai qu’aujourd’hui, sans pluie, tout prend une autre allure.

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C’est hyper touristique ici, le filon est largement exploité. Balades en tout genre, et même en bus sur le glacier.

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autoportrait au sommet du 1er col à 200m, sumwapta pass

Voilà maintenant la descente, panoramique. Bien calés dans notre chaise longue, nous nous laissons glisser, contemplation des cimes enneigées et des glaciers étincelants, ça nous change des courses à faire pour remplir le frigo, c’est bien aussi d’avoir un frigo plein, mais ce n’est pas la même sensation.

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5,6 Juillet. Même pas la peine de prendre des routes secondaires pour débusquer parois verticales, sommets enneigés, rivières turquoise et lacs émeraude, tout nous est servi depuis la route principale, appelée la plus belle route au monde. Vrai ou pas, peu importe, mais c’est vrai que des glaciers, des lacs…sur plus de 250km, on ne s’en lasse pas. Approche le Bow pass, un col moins raide que le précédent, pas facile, mais vraiment pas insurmontable. Pente régulière, très douce sur des dizaines de km, puis cela se redresse, sans dépasser 8%, avalé sans problème particulier, mais comme d‘habitude avec les cuisses qui chauffent méchamment . Et puis, c’est la descente, la longue descente. 

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Après quelques jolies vues, nous arrivons au village de lake Louise. Mais pour voir le fameux lac, dont la photo est mondialement connue, (celui dans lequel se jetait le glacier il y a une trentaine d’années, il a bien reculé ce pauvre glacier…) il faut se retaper une belle montée sur 5 km.

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Cela vaut la peine, car à partir de là, on peut faire de jolies promenades. Nous sommes montés à pied, jusqu’à un autre lac, le lac Agnès, chouette lac glaciaire.

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lacagnes

Les Rocheuses en photo, c'est beau...mais sur place, c'est vraiment exceptionnel. 

Au camping, genre Guantanamo, encerclé de fils électrifiés, nous avons partagé un emplacement avec d’autres cyclistes et passé une belle soirée à rigoler. Tous font la traversée Ouest Est du canada. Le plus jeune a 18 ans, le plus âgé a 74 ans.

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Mais la rencontre la plus inattendue est celle-ci : alors que nous garons nos bolides devant un magasin de Lake Louise, on se fait accoster par Joël. Il est cycliste lui aussi, mais son parcours est exceptionnel, un bien bel exemple de courage. Cliquez là. 

Le profil de la route que nous venons de parcourir :

depart de prince georges au lac louise

7, 8 Juillet. Nous quittons maintenant cette route mythique des Rocheuses canadiennes pour nous enfoncer dans le parc de Kootenay. C’est facile aujourd‘hui, juste faire tourner ses jambes, un petit col, le Vermillion pass, pas méchant. Puis un léger vent de face, mais sur le plat, l’attelage a du jus, et nous filons bon train. Nous faisons étape au bout de 70 km, nous pourrions aller bien plus loin, mais nous veillons à ne pas faire de trop longues distances pour ne pas nous ruiner. Nous faisons aussi attention à notre alimentation, alors le soir, c’est toujours le mélange de soupe et de pâtes. Après une nuit en camping sauvage, un autre petit col, mais cette fois, le vent est assez fort, il fait vraiment froid et ce sont 2 cyclistes gelés qui déboulent dans la piscine ¨d’eau de source à 39 degrés de Radium hot springs. Le pied. Quel plaisir de réchauffer ses vieux os……

Guilty or not guilty ? (coupable ou non coupable ?) Après ce bain béni, nous nous mettons en quête d’un gîte, et tombons sur Shannon. Elle nous a repérés sur la route et nous dit que nos engins lui plaisent. Elle nous propose une nuit dans son motel, à prix canon. Shannon nous propose aussi ses services (pas à la DSK…) pour nous monter quand on veut aux bains chauds, en voiture. Évidemment, on s’engouffre dans la brèche. Au matin, elle arrive avec un lot de rasoirs en plastique « pour la route ». Mais qu’est-ce qu’elle insinue ? Bruno aurait il déjà un look de vagabond… Du coup, on reste un jour entier ici. Alors, guilty or not guilty de ne pas reprendre la route par la froidure, à vous de décider, mais quoi qu'il en soit, à nous de nous vautrer une nuit de plus dans le king size bed (le méga lit de 2m de large…) !

10, 11, 12 juillet. Let’s go to the border (en direction de la frontière canada-usa).

DSC00176Nous avons donc quitté la haute route des Rocheuses canadiennes, et d’un coup, c’est l’été. Il est vrai que nous avons perdu pas mal de hauteur et le temps semble s’être mis au beau, nous quittons enfin la veste. La route n’est pas moche, mais pas exaltante non plus, forêts, rivières, lacs, on doit être un peu blasés. Et puis, cette route est trop passante à notre goût, avec beaucoup de camionneurs. Dans certains lieux, en particulier en Amérique du sud, ils nous donnent une distraction, disons un sujet d’étude. Grâce à eux, la route devient un terrain extrêmement intéressant sur lequel on ne s'ennuie pas. En effet, c’est comme un laboratoire d'analyses d'urines. Les camionneurs pissent dans des bouteilles en plastique qu’ils balancent par la fenêtre, encombrant les bas-côtés et suscitant chez le cycliste de base, les réflexions suivantes : bonne ou mauvaise diurèse, urines troubles, urines foncées, doit boire davantage etc...Cela occupe et fait oublier la pente ...Et bien ici, que dalle, les camionneurs ne pissent pas dans des bouteilles. Mais nous faisons d’autre trouvailles : depuis notre départ, 4 chaussures, toujours du pied gauche…y a-t-il un unijambiste qui parcourt la même route que nous ??? Et puis, des lunettes, 4 paires aussi. Et aujourd’hui, des carcasses de pneus éclatés, à gogo sur la route. 

Deux jours de suite, nous apprécions beaucoup le rayon de soleil sur la tente le matin, les km qui défilent sans trop forcer et on se dit qu’aux US, plutôt que de repartir dans les montagnes du glacier national park, on va continuer à tâter de la route facile et filer au plus vite vers la prochaine grande attraction : le parc du Yellowstone. Le troisième jour, c’est encore une tente mouillée qu’il faut plier, il a fait un orage terrible dans la nuit. Nous nous étions posés sur la pelouse d’une maison, la femme, s’est montrée extrêmement méfiante au départ, mais une fois le contact établi, elle a été absolument ravie de nous avoir et ne nous laissait plus partir. ça l'a quand même un peu défrisée de nous voir cuisiner notre fameux mélange sur sa pelouse.

La carte de notre parcours au Canada se trouve : ici (notre circuit en vélo est en couleur orange)