• Enteteroulemaloute 5
  • 29 Avril 2017
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Titre Turquie.jpg7 Avril, la veille du départ : un marathon pour se mettre en forme. C’est toujours comme ça, on croit être prêts et il reste des milliers de choses à faire : les cartons à scotcher, le billet d’avion à acheter, dégeler le congel, un petit café avec les voisins (Cathy, t’es déjà sur roulmaloute, ispisse d’accro....), donner à boire au cactus, la banque, coup de balai (pour que les squatteurs éventuels trouvent une maison décente), la poste, un petit thé à Marongy avec toute la tribu, dernières factures, la sympathique soirée d’au revoir organisée par les copains (merci les zamis, mais c’est la derre des derres, faut vraiment qu’on se mette au vert….)

8 Avril. Couchés tard, levés tôt, et pas besoin de réveil, bizarre !

Une belle sœur radieuse (FranFran) qui nous jette à l’aéroport, et à 9h 30, le verdict tombe : 80kg de bagages, pile poil, c’était bien la peine de peser les slips pour embarquer les plus légers….Pourquoi sommes nous si lourds ? Bruno aurait il planqué quelques saucissons ? C’est ainsi qu'il y a quelques années, tout fier, il avait déballé une grande rosette au milieu des steppes de Mongolie….

Certes, on pourrait se passer d’ordi, mais ce serait vous priver de comptes-rendus désopilants, se passer d’appareils photo, mais ce serait vous priver de superbes images, de caméra….mais vous n’auriez plus cela (petit délire tourné en Amérique du Sud, au cours de notre "Arica Ushuaia en velo, 2008/2009") :

Bref, vous êtes les seuls et uniques responsables, c’est à cause de vous que l’on va en baver.

9 Avril : Nous pensions nous en sortir avec le vocabulaire de base pour survivre en parcourant la Turquie en vélo, tuvalet, kebab, tchai (thé), techecur edelrem (merci), mais cela s’avère plus compliqué : nous entrons dans un café, le poêle à bois ronronne, des dizaines de mecs sont attablés, mais pas moyen d’avoir un café. Ici, tu fumes la chicha, tu joues aux dés, aux cartes….mais tu ne bois pas de café. Plus loin, on apprend que un café, c’est deux, on répète un, le serveur répète deux, et ce plusieurs fois, un sketche…et finalement, on comprend que un café = deux livres, et puisque deux livres c’est un euro, voici la brillante démonstration que un = un.

Ankara est une ville calme, saviez vous que son nom vient d'angora, car elle était spécialisée dans la production de laine douce de petites chèvres. Nous n'y traînerons pas plus d'une journée, puis nous filerons en Cappadoce.
Ankara est un lieu de passage pour les touristes qui viennent se recueillir au mausolée d’Atatürk : construction imposante avec un musée qui retrace l’histoire du "père des turcs".

La guerre d’indépendance et la victoire sur les Grecs en 1922 font de Mustapha Kemal (Atatürk)un héros national. Le sultanat et l’empire sont rapidement abolis et la république Turque proclamée lors du traité de Lausanne en 1923.

Atatürk s’est attaché à changer en profondeur la société turque : interdiction de la polygamie et du port du voile dans les administrations, mariage civil, abandon de l’alphabet arabe pour l’alphabet latin, etc.

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Ataturc à cheval

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Enfants agitant le drapeau Turc devant le mausolée d'Atatürk

10 Avril. Départ pour la Cappadoce, d’abord en taxi jusqu’à la gare des bus, puis bus tout confort.

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Heureusement, il n’y a qu’une dizaine de km à parcourir !

11 Avril. Une première soirée extra avec Ruby et Mıke, un couple de motards d’Alberta, partis pour un long périple à travers l’Asie centrale. Leur emploi du temps : travail, 1 an, puis voyage, 1 an, et on recommence. Cette foıs, ıls font court, seulement 6 moıs. Elle est pas belle la vie ? Leur site : www.unusvita.com

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La Cappadoce se visite en vélo, scooter, cheval, ou à pied. Pour nous ce sera à pied et sous la pluıe.

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Ce sont des paysages de cheminées, dômes, colonnes, pics en tuf, formés par l'érosion. Nous marchons dans la vallée sauvage d'Ihlara, offrant des formes et des concrétions différentes. La paroı est parfoıs trouée, ce sont les troglodytes, ancienne maison ou église. En fait la Cappadoce est un ancien berceau de chrétiens, qui se sont camouflés dans la roche pour fuir l'invasion musulmane au VIIIe siècle. C'est ainsi qu'il existe ici plus de 1000 églises grottes, ainsi que de vraies villes souterraines !

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Et puis la Cappadoce est réputée pour son vin, rouge et blanc. Des plants de vigne un peu partout, et beaucoup d'arbres fruitiers (pommes, abricots, noix...)

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Devinette 1. A quoi servent ces trous, percés dans les falaises de Cappadoce ?

PS : nous ne savons pas quand nous sortirons les vélos. Ils sont montés, maıs ıl pleut et ıl faıt un froıd de canard !!! En revanche, l’auberge est bonne !!!

13 Avril.

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Fin prêts, ne pas oublier de se couvrir, la neige n'est pas loin.

Nous démarrons sur les chapeaux de roue.....bof, on peut rêver....En fait, on se traîne, chargés comme des bourricots.

On se casse les pattes dans les montées, le vélo électrique, c'est peut être pas si con !!

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mais comme on a bien pédalé, on a droit à un kebab à midi !

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Petit collage "maison". Avez vous repéré Bruno ?

14, 15 Avril. Un petit détour par Urgup (haut lieu du tourisme en Cappadoce), et hop, un monastère de plus, et quelques cheminées de fées supplémentaires.

Le passage de notre 1er col n‘est pas facile, surtout quand on a 2 bouts de bois en guise de jambes et une enclume à la place du cul. On s’enfonce dans la Turquie profonde, la région est bien agricole, les indigènes sont sympas, ils se baladent en tracteur et commencent à planter les patates. (En fait, ce sont les femmes qui plantent, ben oui, les hommes conduisent déjà le tracteur, peuvent pas tout faire ...). Par contre ils ont des saloperies de chiens, d’énormes kangals, de la taille d’un gros veau. Ils sont même parfois en meute. Pour l’instant, ils nous ont foutu la paix, pourvu que cela dure.

Le muezzin nous casse les zoreilles dès potron-minet, mais l'islam a l'air plutôt modéré dans le coin, les femmes ont le droit de porter des pantalons et n'ont qu'un foulard sur la tête, rien sur les yeux, comme ça elles voient si les patates sont bien plantées. 

Réponse devinette 1 : sur la photo, on voit des pigeonniers troglodytiques. Certains de ces pigeonniers sont encore utilisés aujourd'hui, c'est pourquoi les peintures sont parfois assez récentes. Les paysans utilisent les fientes des pigeons comme engrais naturel.

16, 17, 18 Avril.

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Nous quittons la Cappadoce en longeant le mont Ergée, un beau volcan au sud de Kayseri, une grande ville que nous évitons en prenant des routes de traverse.

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Nous avons maintenant pris notre petit rythme de croisière, 3 préoccupations majeures : pédaler, manger, dormir, avec une petite prédilection pour la 2ème. De plus, nous n’avons pas encore goûté aux joies du camping, c’est hôtel tous les soirs, et nous y trouvons quelques avantages. A l’étape, nous rencontrons plein de monde, entre autres une collègue de boulot et un brave Turc en vacances ici, mais qui habite près de chez nous.

Dans les discussions reviennent inévitablement Sarkozy, qui n’a pas trop la cote ici non plus…..« on préfère voir sa femme toute nue que lui tout habillé …». On nous parle aussi des inévitables Zidane et Delon, et l’autre soir, un gars nous dit adorer Mirila Matéo. Très étonné que l’on ne connaisse pas….on a réagi après moult descriptions…il s’agit de Mireille Mathieu…oups, elle sévit donc encore ? En dormant à l’hôtel, nous faisons fonctionner le petit commerce et au besoin donnons quelques notions d’hygiène. Par exemple quand l’auréole sur les draps ne laisse pas de doute sur le nombre important de personnes ayant séjourné, on demande gentiment si un mouton a dormi là…et arrivent des draps propres. Il faut dire que l’on ne tape pas forcément dans les gîtes étoilés. La vérité, concernant le non campıng c’est que la météo est encore trop capricieuse. Aujourd’hui un fort vent de face nous a bien entamés et on vient juste d’échapper à un gros orage de grêle, alors au besoin…on dormirait même avec les moutons.

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Notre hôtel "palace"

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Mesut, vendeur de kebab

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19 Avril. Ami voyageur, si tu n’aimes pas le çai (thé), ne viens pas en Turquie.

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L'épicier Memmeht et ses ouvriers

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Une belle brochette

C’est incroyable, nous sommes invités à tout moment pour le thé. Aujourd’hui, ça a commencé de bon matin chez l’épicier, puis le long de la route, les cantonniers nous ont fait partager le contenu de leur thermos. Un peu plus loin, Memmeht, directeur d’une usine d’aliments pour animaux nous hèle : gel, gel, (viens, viens), et c’est reparti. Alors que nous traversons un patelin, Ali paie sa tournée, avec les gâteaux, et quelques mètres plus loin, Sali la sienne…

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Ali et sa bande

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Avec Sali

Entre temps, on en a refusé plusieurs, car si on les écoutait, on boirait du thé toute la journée ! Alors pourquoi nous invite t on comme ça ? Pour parler, pour demander d’où tu viens, où tu vas, pourquoi t’es pas en voiture…. mais jamais on ne te demande combien tu gagnes, ni combien coûte ton vélo, questions qui nous ont mis souvent mal à l’aise dans d’autres pays. En Inde par exemple, où non seulement les gens sont plus envahissants et indiscrets, mais quand on t’offre le thé, c’est souvent avec l’idée d’essayer de te fourguer un tapis, un bijou….En Turquie, les gens sont vraiment gentils et généreux. Les gosses sont très sympa aussi et pas chiants, ils rigolent en s’essayant à baragouiner 3 mots d’anglais, regardent le vélo, mais ne touchent pas, t’es pas obligé de faire la police autour de tes sacoches. Le çai et les gens, voilà pourquoi la Turquie nous séduit. En vélo, la Turquie, c'est çok Guzel !!!!

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Et pendant qu'on boit le thé, les jeunes font du vélo !

En Turquie, certains mots nous sont familiers, mais pour retenir le nom des villages, c'est déjà plus difficile.

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20 Avril : une mini journée de vélo, car après le vent...la pluie....mais que de belles couleurs.

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21 Avril

La pluie n'ayant pas cessé, nous sommes montés en bus dans la montagne, dans une petite pension. Ce fut une fort bonne idée, car la pente de la route est absolument infernale (plus de 15%), nous y aurions laissé des plumes à grimper avec notre chargement. La pension Cisme se trouve à 8 km du site du Nemrut Dagi.

22, 23 Avril. Lorsque nous annonçons à Mustafa, notre taulier, que nous allons monter au Nemrut Dagi à pied, il insiste pour nous arranger le coup avec son pote qui nous monte en tracteur, à 15 minutes de marche du sommet, bien joué Mustafa!

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bourricot pour monter les touristes au sommet.

Alors, qu'est ce que le Nemrut Dagi ? Au sommet d’une montagne, à 2 150 m d’altitude, Antiochos Ier, roi mégalomane de l’époque préromaine fit tailler deux plates-formes dans la roche pour y installer des statues colossales (hautes de près de 8 mètres) de lui-même et de sa "famille " divine, puis empiler des pierres concassées sur 50m de hauteur pour réaliser un tumulus artificiel. Le tombeau du roi et de 3 femmes de sa famille se dissimulent peut être sous ces tonnes de rochers. Pour des raisons inconnues (séisme ? actes de vandales?) la plupart des statues ont été décapitées, leurs têtes gisant au sol offrant un aspect surnaturel à l'endroit.

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Inscription d'antiochos : Moi, tout au long de ma vie j'ai considéré que la dévotion aux dieux constitue le bien le plus sûr et la source de joie la plus grande pour les hommes; cette conviction m'a permis de connaître un très grand bonheur et de mener une existence heureuse. Lire la suite...

Cet endroit sublime est évidemment très fréquenté, mais surtout en été. Aujourd'hui est un jour un peu particulier, car c'est le jour d'ouverture de la saison touristique. Il y a donc des journalistes, des personnalités, la télé, des groupes de scolaires....et nous. Comme d'hab, il nous faut poser pour quelques photos, pas facile d'être star !

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Ce qui est assez rigolo, c'est que les groupes de jeunes n'en ont que pour nous, bavardage, questions habituelles, photos, et personne ne se préoccupe trop du site extraordinaire dans lequel ils sont entrain d'évoluer. On dirait que l'on a volé la vedette à Antiochos, visez un peu !!!! Ou alors, ça fait 15 fois qu'ils viennent là et ils en ont ras la patate d'Antiochos !

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On s'est mis là pour donner une échelle.

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24, 25, 26 Avril.

En descendant de la montagne, nous rencontrons dans un village des hommes aux moustaches soignées, vêtus de shalvar (larges pantalons traditionnels arabes) et coiffés de foulards ou de petits calots, Ça y est, nous sommes chez les Kurdes, au « Kurdistan » turc ! Pour nous, rien n’a changé, on boit toujours du thé à en pisser des tonneaux, dans les restaus, il y a au moins un plat qui arrive gratos, ou le dessert, ou les deux…pas moyen de perdre du poids. 4 moustachus nous ont barré la route pour nous faire profiter de leur piquenique à l’ombre d’un arbre. Au moment de la séparation, ils ont timidement demandé à prendre une photo à côté de la blonde….les blondes sont très prisées, même celles qui ont quelques heures de vol. Quand même, il ne fait pas bon être du sexe féminin par ici, une gamine d’une quinzaine d’années vient de se faire enterrer vivante par son père dans le jardin familial car elle regardait les hommes….Elle les regardait, ne les avait même pas touchés la pauvre.

Nous avons fait une nuit de camping, sur un plateau rocailleux très chouette, avec des troupeaux de moutons et des « semi » nomades. Et nous sommes arrivés ainsi à Diyarbakir.

Diyarbakir est considérée par les Kurdes comme leur capitale en Turquie, et même si la situation entre Turcs et Kurdes est moins tendue, il y a toujours sporadiquement des événements dans le coin,

C’est une ville à l'atmosphère incomparable. Cerclée par de hauts remparts de basalte, (le plus long rempart au monde après la muraille de Chine), elle est toute à la fois rude, mystérieuse et envoutante.

Personne ne sait combien il y a d’habitants aujourd’hui à Diyarbakir : la ville implose littéralement sous la pression de l’afflux de centaines de milliers de nouveaux habitants, des paysans chassés de leurs villages par l’armée pendant les quinze ans de guerre contre le PKK. Un million? Un million et demi? Deux millions ?

Il suffit de faire quelques pas dans les ruelles étroites qui s’enfoncent dans la vieille ville pour réaliser à quel point cette ville est un immense taudis où les familles s’entassent dans de vieilles maisons insalubres, sans eau et sans égouts, les enfants, non scolarisés pour la plupart, étant condamnés à errer. Mais au lieu de pleurer sur la misère du monde, comme nous n’arriverons peut être pas à résoudre le vaste problème de la pauvreté tout de suite…nous préférons vous montrer Diyarbakir vue par nous en photos. Nous avons vraiment aimé cet endroit, la visite des mosquées et la balade sur les remparts furent des moments inoubliables.

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Devinette 2 . Qu'est ce que c'est ?

aub.

27, 28, 29, 30 Avril. Dırection plein Nord maintenant. Nous roulons vers Trabzon, située au bord de la mer noire. Pourquoi ce changement subit de direction ? Pour aller tenter notre chance auprès de l Ambassade d'Iran. Entre 2 averses il fait beau et par conséquent le moral est au beau fixe !

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juste avant l'orage

Une question que l’on pose souvent est : rampa ?   (la montée est raide ?), et on espère la réponse « yok » (non), mais hélas c’est souvent « evet » (oui) qui nous est servi !

En effet, les montagnes d’Anatolie nous réservent quelques surprises, alors on avance lentement, parfois même très très lentement, mais on avance sûrement, à petits coups de pédales, qu'ils nous fassent progresser d'un mètre -au taquet sur le petit plateau-, ou de plusieurs centaines de mètres -dans les grandes descentes-. Bien sûr, la fatigue parfois se fait sentir, mais toujours momentanément, et la satisfaction de cette vie de nomades à bicyclettes a toujours le dessus.

On aime bien aussi demander « yamur » (il va pleuvoir ?). Là, la réponse est quasi toujours « inch Allah ! » et quand l’orage nous tombe dessus, on se dit qu’Allah aurait pu ménager ces pauvres touristes. En fait jusqu’à maintenant on a eu du bol, Allah ou ses prophètes avaient mis un abri au bord de la route.

Une autre question typique, que l‘on nous pose sans arrêt : « Türkiye güzel ? » Et la réponse à donner : « Türkiye çok güzel ! » Ici, tout est « çok güzel ! », toujours très bon, très joli, très beau ! Les Turcs sont toujours heureux de voir un étranger débarquer dans leur village quelque peu hors des sentiers touristiques, c’est « çok güzel ! ». C’est parti pour une tournée, et impossible de payer la nôtre. Pour l'instant, c'est à la Turquie que l'on donne la palme de l'hospitalité.

C'est vrai qu'ici, c'est vraiment « çok güzel » !

1er Mai. Fête du travail...alors, pas de travail aujourd'hui, on reste peinards....courrier, restau, un peu de lessive, et boire du thé !

2 Mai. Il nous en est arrivée une bien bonne. Fainéants, nous avions repéré une petite route qui permettait d’éviter un col à 1910 m. Jolie petite route en effet, hyper tranquille, aucune circulation et personne à l’horizon pour payer le çai.

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Très vite, la pente s’est redressée, nous obligeant à tirer la langue. Comme cela a duré sur des km, on a fini par prendre de l’altitude, ......jusqu’à 2020m !

Et ça recommence demain, car Trabzon se trouve bien au niveau de la mer, mais il nous faut d’abord franchir une chaîne de montagnes. Avec un peu de chance, il pleuvra et on prendra le bus !

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3 Mai. Pas de pluie, donc pas de bus, ce sera à la force des mollets. A la sortie de la ville, un arrêt dans un petit marché aux bestiaux.

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Puis, 900 m de dénivelé plus haut, les 2 escargots suant sang et eau se font héler par une équipe de la D.D.E : « Cay, rampa yok, tunnel », ce qui donne, après une traduction approximative : « venez boire du thé avec nous, ça nous distraira, on n’a rien à foutre, vous avez fini de souffrir, grâce au tunnel vous évitez de passer par le col, donc vous n’avez qu’à vous laisser glisser jusqu’à la mer, Allah est grand »

ampoules20(2)Après quelques bonnes rasades de thé chez ces braves et un joli paquet de biscuits poutsé en un rien de temps, une pensée démoniaque jaillit dans nos cerveaux ragaillardis : le tunnel nous épargne le col, mais il nous en prive aussi !!!

C’est ainsi qu’une heure plus tard, par 5 °C, explosés mais heureux, nous avons garé nos bolides à 2010m, au col Zigarta, et là, nous avons pensé exactement comme vous : " il faut quand même avoir un grain, ou p'têtre deux !!! "

Donc, après avoir gravi ce joli col non obligatoire, nous sommes quasi jetés 1500 m plus bas sur une trentaine de km dans une vallée encaissée, aux parois vertigineuses, et nous avons crevé de froid. Mais alors, quelle descente…avec parfois un surplomb qui apparaît dans cette immense faille recréant un nouveau paysage, des maisons et des mosquées s'y accrochent, merveilleux spectacle.

 

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Nous aurions pu continuer jusqu’à la mer, mais nous nous sommes arrêtés avant, dans le camping de Yase et Hassan, à pied d’oeuvre pour aller visiter le monastère de Sumela. Yase nous a installés dans une petite cabane, c’était génial. Ces 2 jeunes sont hyper sympas, Yase nous a fait griller des truites, car elle en a un élevage, et Hassan, très public relation, aime bien poser pour les photos.

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4 Mai. Nous sommes partis, en vélo, mais sans les bagages, à l’assaut de ce fameux monastère situé dans un parc national d'une sauvage beauté. Abandonné depuis 1923 par les moines grecs qui demeuraient ici depuis l'époque byzantine, il est en restauration.

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5 et 6 Mai. Et maintenant, nous voici à Trabzon, pour tenter d'obtenir le visa Iranien.

II raton en Iran ?

Nous voici à Trabzon, au bord de la mer noire. Le motif de ce joli détour : le visa Iranien.

Pourquoi venir chercher un visa dans le fin fond de la Turquie, alors que ce n'est vraiment pas sur la route de kathmandou ?

Et bien parce qu'en France c'est très compliqué.

visairanD'abord il faut aller à l’ambassade d’Iran à Paris pour faire un relevé d'empreintes (principe de réciprocité, merci Sarko... ), obtenir une lettre d'invitation, avoir une adresse sur place chez qui séjourner ainsi qu'une personne garante de vos dépenses... Une fois déposé votre dossier rempli, agrémenté de la coquette somme de 60 euros et de quelques photos d'identité, il ne vous reste plus qu'à attendre trois semaines sans garantie de résultat. Si c’est non, vous pouvez vous asseoir sur vos 60 euros !

Nous avons donc choısı de le demander en Turquıe et c'est maintenant que l'on va vérifier si les infos glanées sur 'voyage forum .com' sont fiables.

Nous ne vous cachons pas que nous avons un peu de stress, en cas d'échec, il faudra sortir le plan B, auquel nous n’avons pas vraiment réfléchi……. Et puis, on l'avoue, on a vraiment envie d'y aller, de voir par nous mêmes.

Cela n'est peut être pas le cas de notre entourage, famille, amis, qui directement ou à mots couverts nous considèrent comme des aventuriers genre Indiana Jones partant affronter les dragons de l’Enfer !!!!!

Alors, direction l'ambassade, et quand on a la réponse...., on la donnera !

Inch’Allah, c'est le mektoub !

tic tac, tic tac, suspens----

ALOOOOORS.......Comment ça s'est passé ? tic tac...tic tac.... Car c'est un tournant décisif qui va décider de notre future route....

Nous nous sommes pointés à 10h du mat, l'ambassade est vraiment bien placée, en plein centre ville, nous avons pu y aller à pied. Une charmante jeune femme nous a reçus, et nous annoncé tout de suite que cette ambassade ne délivrait plus de visa pour l'Iran.

Notre sang s'est glacé, mais la coquine a souri sous cape (si on peut dire....), et on a compris qu'elle jouait avec nos nerfs. 2 formulaires à remplir, aller déposer 60 euros à la banque. revenir à 15h, et voilà, pas plus compliqué que cela ! Quand on pense à tous les voyageurs qui ont galéré avec cela....en fait pour ces visas, il est impératif de savoir où on peut les obtenir facilement, et pour cela, les forums de voyageurs sur internet sont d'une aide précieuse

Le sésame in the pocket..., on ne résiste pas à l'envie de vous le montrer, ainsi que notre prochaine tenue. En fait, c'est seulement pour Annick qu'il y a beaucoup de changement.

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L'ancienne TREBIZONDE de l'empire byzantin a gardé sa vocation commerciale. Des magasins et des marchés partout, une population très mélangée, avec pas mal d’immigrés des pays Baltes.

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La mer noire est en fait bleue, et si Marseille a battu Rennes, Trabzon a battu Istanbul, ce qui nous a valu klaxons et pétards toute la nuit….A part ça, cette ville portuaire n’est pas très belle, mais assez sympa, ce n’est pas déplaisant d’y séjourner une paire de jours. Il y a pas mal de Natacha qui rôdent dans les rues, des filles des pays de l'est, des putes quoi....

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Trabzon, c'est aussi le règne de la noisette, toutes les collines, tous les terrains, les moindres recoins sont occupés par les noisetiers et font la renommée de la région, y a pas que les Natacha.

Réponse devinette 2 : Ce sont des peaux d'aubergines séchées

7 Mai. Pour fêter notre visa Iranien, nous avons eu le choix : thé ou ayran (lait fermenté), pas tellement de quoi se mettre la tête à l’envers ! Alors, on a fait thé + ayran, vivons fous !

Nous devons maintenant repartir vers l’est de la Turquie, avec un long trajet en bus pour gagner du temps.

C’est dans l’obscurité totale qu’il nous dépose dans une petite ville. Le temps de décharger les vélos, il y a 3, 10, 20, 50, 100 mecs autour de nous, quasi tout le patelin….on n’y voit que dalle, pas très à l’aise vos 2 gaillards, mais on installe nos sacoches sur les vélos sans être importunés le moins du monde. Un des gars nous prend sous son aile et nous conduit dans un pseudo hôtel.

8 Mai. Nous faisons un tour sur le marché, hyper sympa…et accueillant. Nous avons eu de bonnes discussions en Anglais avec plusieurs enseignants, bu quelques tournées, comme d’hab, en un peu plus chaleureux encore. Pas beaucoup de femmes dans les rues, c’est toujours comme cela, sauf dans les villes commerçantes. Un peu plus tard, nous lisons dans notre guide de voyage qu’il faut absolument éviter cet endroit pour des raisons de sécurité….C'est clair que la Turquie est un pays très dangereux, tu risques à tout moment de tomber dans une embuscade pour boire du thé, bouffer des gâteaux, ou les deux, ou juste pour discuter. On vous le dit, la Turquie en vélo, c'est le top.

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Puis, nous prenons la route pour Dogubayazit, cela fait 3 jours que nous n’avons pas pédalé. La reprise est gentille, un fort vent arrière nous pousse. Malheureusement, le mont Ararat est un peu pris dans une espèce de brume. C’est là que se serait échouée l’arche de Noé:

"Dans le centre de l'Arménie se dresse une montagne excessivement large et haute sur laquelle, dit-on, se serait échouée l'Arche de Noé" (Marco Polo, Les Voyages de Marco Polo).
Culminant à 5165 metres d'altitude, le Mont Ararat est le plus haut sommet de Turquie. Selon la légende biblique c'est sur le sommet de ce volcan que l'Arche de Noé se serait échouée apres le déluge.
Dans le livre de La Genèse, l'histoire de l'arche de Noé commence lorsque Dieu observe la méchanceté et la perversité des hommes, et décide de faire tomber un déluge sur la terre pour y détruire toute vie, « depuis l'homme jusqu'aux bestiaux, aux bestioles et aux oiseaux du ciel ». Un homme, Noé, trouve toutefois grâce aux yeux de Dieu. Il est choisi pour survivre et perpétuer sa lignée. Dieu, pour cette raison, dit à Noé de construire une arche et d'emmener avec lui sa femme, ses fils ainsi que leurs épouses, sans oublier des spécimens de toutes les espèces animales existantes. Une fois l'arche terminée, Noé monta à bord avec toute sa famille et les animaux, et la pluie tomba ensuite sans discontinuer sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits. Les eaux finirent par couvrir même les plus hautes montagnes. Toutes les créatures vivantes s'éteignirent, et seuls Noé et les siens purent survivre. Finalement, au bout d'environ 220 jours de navigation, l'arche vint s'échouer sur les monts d'Ararat.

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La visite du palais Ishak_Pacha occupe bien la fin de la journée.

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9 Mai. Quelle journée ! Nous avons essuyé de grosses averses et 2 attaques de chiens.

La 1ère : un énorme chien attaché s’est mis à aboyer méchamment à notre passage. On ne sait pas pourquoi mais le passage de vélos a un effet excıtant sur cette espèce honnıe des cyclistes. Poils dressés, babines retroussées et plein de dents dehors, ıl casse sa chaıne et nous fonce dessus. Nous hurlons, montrons les dents, il se calme, nous aussi.

La 2ème attaque est plus sérıeuse : cette fois, ce sont 3 molosses complètement tarés. Bruno est contraint de sortir san arme de l’extrême, la bombe au poivre spéciale ours (que nous avions achetée en Alaska), qui projette un nuage à 10 m. Un nuage de fou, genre Tchernobyl, le volcan Islandais peut se rhabiller ! On en a pris quelques embruns, c’est pas triste, tu te mets à tousser et cracher comme un tubard, sans parler des yeux qui piquent. Mais les clebs, qui ont pris quand même 90% du nuage, au lieu de se barrer en criant Kaye Kaye, sont devenus fous furieux. On a eu grand peine à s’en défaire, on les a eus à grands coups de cailloux dans la gueule.

moralıté : un bon chien est un chien mort. Quand on arrive en Chine, on se fait un immmmense plaisir : on bouffe du clébard. Et qu’un mec de la SPA ne vienne pas nous faire chier parcequ’il subira le même sort !

Puis, alors que nous nous prenons des seaux d’eau sur la tête, une voiture a pitié, fait demi tour et propose de nous embarquer. La chaleur de l’habitacle nous fait grand bien, et c’est comme cela que dans la journée, nous faisons une grande étape de 180 km, mais seulement 40 en vélo ! Et même pas honte, non seulement il pleut, mais il fait un froid de chien (sic) car nous sommes entre 1500 et 2500m d’altitude.

La voiture nous lâche à la périphérie de Van, ville relativement importante, mais trouver le centre et un hôtel chauffé n’est pas un problème.

Tiens, pour changer, on va parler un peu des chats : savez-vous quelles sont les particularités du chat de Van ? Devinette n°3

10, 11, 12, 13 Mai : entre Van et la frontière Iranienne (Essendere-Sero)

Une partie pas facile, avec des hauts cols et beaucoup de vent. Une belle route, assez sauvage, et quelques belles rencontres.

Nous venons de franchir un col. En bas de la descente, 2 jeunes Kurdes nous offrent le thé, et s’amusent comme des fous en essayant nos vélos. Ils sont débordants de chaleur et de curiosité. Ils ne veulent plus nous laisser partir, nous proposent de dormir là (nous refusons, il est à peine midi, nous voulons rouler encore un peu) l’un d’eux sort sa cithare… des moments inoubliables. Mais que font-ils dans la vie ? Il n’y a pas de vrai travail par ici, nous disent ils, alors ils se débrouillent comment ils peuvent, en vendant de l’essence de contrebande venant d’Iran. (en Iran, le litre d’essence vaut 0,07Euros, contre 1,5 Euros minimum en Turquie)

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Mehmet tient une lokanta (petit restau), dans laquelle nous prenons notre repas. Nous lui demandons s’il connait un coin au sec pour la nuit, il a plu et c’est trempé partout, pas bien motivant pour planter la tente. Il nous propose immédiatement de dormir chez lui. 

Dans le Coran, inviter le voyageur, c`est ramener Dieu à la maison. Mais la spontanéité de Mehmet semble loin de ces calculs mesquins et nous vivons pleinement cette rencontre éphémère, au delà des mots que nous n`avons pas en commun et bien inutiles dans ces moments là. Mehmet a 29 ans, il est kurde, bien sympa, semble ouvert. Il nous installe dans la pièce de réception, c’est bien douillet, des tapis, des couvertures, des coussins, puis revient nous présenter ses enfants et revient plus tard avec le thé. Mais nous ne verrons pas sa femme….

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Mehmet est en rouge.

Il est midi, nous nous faisons arrêter par 2 gars des telecom qui nous proposent un pic nic dans l’herbe. Irfan est Turc, Fadel est Kurde. Quand nous étions plus à l’ouest et que nous mentionnions que nous allions au « Kurdistan » les Turcs nous disaient le plus souvent : « attention, c’est dangereux là bas, ce sont des sauvages, il y a le PKK…. » bref, il y a souvent un peu d’animosité entre eux. Irfan et Fadel, c’est le contre exemple. Ils s’adorent, manifestement. Mais autant Fadel est réservé, autant Irfan est bavard et moqueur ! En quelques minutes, nous savons tout de la vie privée de son pote, surtout qu’il a 2 femmes et 11 gosses. Une femme Kurde laide et grosse, une femme Iranienne belle et jeune, qu’il dort entre les 2, comme un pacha ! Nous apprenons ainsi que les Kurdes ont droit à 3 femmes.

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Nous passons près d’un hameau, cela ne sent pas la richesse par là. Un groupe nous hèle, et c’est l’interruption de tous les travaux de la ferme pour venir discuter avec les cyclistes. Une femme court à la source prendre l’eau, sa fille part dans la maison préparer la théière, un homme installe la seule chaise en plastique à l’ombre d’un arbre pendant qu’un autre va chercher des plots pour compléter l’ensemble de jardin. Et c’est parti. Nous répondons maintenant aux questions sans erreur, non pas que l’on comprenne vraiment le Turc, mais elles arrivent toujours dans le même ordre : d’où viens tu, où vas-tu , quel est ton nom….pourquoi tu ne voyages pas en « araba » (voiture ou engin à moteur…).

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13 Mai. Et maintenant que nous sommes parfaitement à l’aise en Turquie, nous allons entrer dans l’inconnu, en Iran. D’ailleurs, un petit vent nous pousse en avant ce matin, comme pour nous donner du courage.

Une magnifique descente dans une vallée verdoyante. En une heure nous prenons de plein fouet l'avancée du printemps, avec fleurs et feuilles. Les fermières rentrent de la traite en alpage, Murat monte le col avec son vieux vélo, qui l’a pourtant amené d’istambul jusqu’ici, en faisant un crochet par l’Iran !

Un dernier thé en territoire turc, changement de costume pour Annick et formalités douanières de sortie. Nous ne savons pas comment nous débarrasser de la bombe anti ours, nous n’osons pas la passer en Iran. Nous la filons à un douanier turc qui est tout content. Préférons ne pas connaitre l'usage qu'il en aura. En tout cas, bonne chance avec les chiens !

Réponse devinette 3 : le chat de Van est un excellent nageur, et il a généralement les yeux vairon.

en conclusion : nous avons adoré la Turquie en vélo, même si parfois c'était un peu dur !!!

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